Impact économique et social de la filière « Sport » en France

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Par Thomas Delteil Publié le 5 octobre 2014 à 2h30

Dans le cadre de la Semaine « Sentez-Vous Sport » organisée par le Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF), cet article vous propose une réflexion sur l'impact économique et social de la filière « Sport » en France.

Aujourd'hui le sport occupe une place non négligeable en France, alors que 28,5 millions de Français déclarent pratiquer une activité sportive au moins une fois par mois. Pourtant les impacts économiques et sociaux de la filière « Sport » sont encore mal appréhendés dans leurs différentes composantes.

A la demande du Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF), nous avons tenté d'en chiffrer plusieurs éléments essentiels.

Analyse d'impact économique

Trois dimensions semblent essentielles à considérer pour appréhender l'impact direct et indirect du poids économique du sport en France.
l'ensemble des dépenses réalisées par l'ensemble des acteurs privés et publics ;
• le nombre d'emplois salariés directs concernés ;
• les contributions sociales et fiscales perçues sur la filière ;

Ainsi, en 2013, la dépense sportive française annuelle s'élève à 35 milliard d'euros, ce qui représente environ 1,8% du PIB.
Dans l'ensemble, la dépense sportive des acteurs privés s'élève à 19,7 milliards d'euros, soit 56% de la dépense sportive nationale totale et environ 1% du PIB de la France. Les ménages y contribuent à hauteur de 90%.
La dépense sportive publique est estimée quant à elle à 15,2 milliards en 2013, soit 44% de la dépense sportive totale, dont les deux-tiers sont portées par les collectivités locales, majoritairement au niveau des communes.

Au niveau de l'emploi, la filière « Sport » mobilise près de 350 000 salariés pour un volume de travail d'environ 275 000 ETP à fin 2013

La fonction publique concentre 115 000 ETP, soit environ 40% du volume de travail total. Elle comprend à la fois des employés de la fonction publique territoriale (FPT), pour 70.000 et de la fonction publique d'Etat (FPE), pour 65.000, dont 45.000 enseignants.
Le secteur privé mobilise de son côté 160 000 ETP, principalement au sein du mouvement sportif (105.000) et chez les distributeurs spécialisés (45.000) .

Près de 7 à 8 milliards d'euros de recettes indirectes sont générées par le sport

La TVA générée par l'ensemble des consommations de sport se situe entre 3,5 et 4 milliards d'euros.
Le poids du reste de la fiscalité directe et indirecte est beaucoup plus limité, avec moins de 500M€ toutes taxes confondues.
Le deuxième levier principal de contribution du sport aux finances publiques est celui des charges sociales payées sur les salaires des emplois du secteur évaluées entre 3,5 et 4 milliards d'euros en 2013.

Valorisation économique du bénévolat

Le sport est le premier domaine d'engagement bénévole en France, avec près d'un tiers des bénévoles . Il concentre entre 4 et 7 millions de participations bénévoles par an, pour un volume de travail autour de 300 000 ETP.
D'un point de vue économique, nous valorisons cet engagement entre 7,5 milliards et 11 milliards d'euros (SMIC ou salaire moyen du secteur), ce qui constitue une économie annuelle d'autant pour les associations sportives.

Impact sur le bien-être et les dépenses de santé

Les études sur le sport et la santé faites depuis plusieurs années par des chercheurs français ou étrangers se rejoignent sur le fait qu'une pratique sportive régulière et appropriée a des effets positifs mesurables sur la santé des individus. Ils peuvent notamment être évalués en termes d'économies potentielles sur les dépenses de santé, conduisant rapidement à des chiffrages importants tant les bénéfices sont tangibles et s'appliquent à des proportions larges de la population, que ce soient en matière de prévention de la sédentarité, de traitements médicamenteux, d'arrêt maladie ou même d'amélioration de la productivité.

Prévention de la sédentarité et éducation

Aujourd'hui, environ 30 millions de Français n'ont pas une activité sportive suffisante. Parmi eux près de 6 millions sont même considérés comme totalement sédentaires .
Il est pourtant largement convenu qu'une pratique régulière et appropriée du sport a des effets positifs sur la santé : une étude prospective, publiée en 2007, portant sur 250 000 sujets montre qu'une pratique d'APS d'intensité modérée s'accompagne d'une réduction du risque de mortalité de l'ordre de 30 % .
La consolidation des différentes études sur le sujet nous permet d'estimer que chaque personne pratiquant une activité physique et sportive, de manière régulière et appropriée, permettrait une économie directe sur les dépenses de santé comprise entre 65 et 250€ par an.

Réduction des dépenses de santé

De façon plus spécifique, certaines pathologies sont très sensibles à la pratique sportive, comme la dépression, l'obésité ou le diabète de type 2 : elle permet alors de réduire de façon non négligeable les dépenses de santé nécessaires à leur traitement et d'en limiter les risques de complication ou de rechute .
En combinant les effets sur la prévention et sur les dépenses de soins, nous estimons que le développement de la pratique sportive permettrait de réaliser jusqu'à 5 milliards d'euros d'économies à moyen/long terme sur les coûts de traitement des maladies chroniques.
La prescription du sport en plus de médicaments par les médecins et le remboursement par la Sécurité Sociale est d'ailleurs une idée qui fait son chemin, sous l'impulsion de l'Inserm et de l'Académie national de Médecine. Le principe est testé depuis plus d'un an à Strasbourg dans le cadre du programme « Sport sur ordonnance » à destination des patients atteints de maladies chroniques.

Amélioration de la productivité et baisse de l'absentéisme

L'absentéisme représente un coût important pour la collectivité, de 16 milliards d'euros en 2012 : 9 milliards d'euros pour la sécurité sociale et 7 milliards d'euros pour le privé .
Une expérience en Australie de mise en place d'un kit d'activité en entreprise a permis de le faire baisser de plus de 30% les arrêts maladie, soit une économie potentielle de 4,8 milliards d'euros par an en France par extrapolation .
Une étude néerlandaise a même mis en évidence qu'en 2 ans une entreprise pouvait rentabiliser les investissements faits : ainsi, la mise en place d'un programme de développement de la pratique sportive en entreprise d'un coût de 430€ par personne et par an a permis après 2 ans, un gain sur les congés maladie de 635€ par an, soit de plus de 200 euros d'économie annuelle par personne concernée .
Le sport permet notamment de lutter contre les Troubles Musculo-Squelettiques (TMS) responsables de 10,4 millions de journées de travail perdues en 2011, pour un coût supérieur à 1 milliards d'euros pour la Sécurité Sociale (première cause de maladie professionnelle) ou encore sur le stress qui serait responsable de 50% de l'absentéisme .
Le développement de la pratique sportive aurait également un effet direct sur la productivité des salariés de l'entreprise de 30% à 50% selon les études. D'où un enjeu crucial autour du sport en entreprise, bon pour la santé des employés, mais également pour les finances des organismes publics et privés en charge des dépenses maladies et pour les entreprises qui pourraient améliorer la productivité et voir diminuer l'absentéisme de leurs employés en favorisant une pratique sportive plus assidue.

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Manager au sein de l'équipe Stratégie, Télécom et Média au sein de Kurt Salmon et ancien de la Chaire Européenne de Marketing Sportif de l'ESSEC, Thomas Delteil fait partie de l'équipe pluridisciplinaire constituée par le cabinet pour apporter des réponses spécifiques à tous types d'acteurs de la filière sportive en leur faisant bénéficier de l'expertise acquise sur des secteurs connexes comme les médias, le secteur public ou la distribution. Récemment il a conduit pour le compte du CNOSF une étude démontrant le poids économique et social du sport pour diffusion auprès de ses interlocuteurs publics et privés

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