Et si demain les seniors tiraient la croissance ?

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Par Jean-Pierre Wiedmer Modifié le 19 septembre 2012 à 4h20

Certains choisiront de voir la France comme un pays de vieux, laissé exsangue par la facture des retraites, mais d’autres – dont je suis - y verront au contraire l’occasion de saisir de nouvelles opportunités, et de penser autrement la création des richesses.

Alors que les seniors constituent l'une des tranches d’âge les plus déconsidérées de notre pays, il est temps de changer notre regard sur ceux qui représentent d'ores et déjà un formidable potentiel - inexploité - pour participer au dynamisme de notre économie.

Premier exemple de ce potentiel : la participation sociale de nos seniors et le bénéfice qu’en tirent toutes les générations. Face à des besoins sociaux en croissance, le nombre important des seniors engagés dans un projet bénévole est une garantie pour le maintien du lien entre les générations.

C’est aussi un renfort non négligeable pour les structures publiques, dont les bénévoles assument ainsi une partie de la mission sociale. L’implication de cette génération dans le tissu associatif fait bien partie des opportunités liées au vieillissement de notre population, et c’est ce que nous avons souhaité promouvoir à travers le Prix HSBC Talents 7.0.

Ce phénomène a par ailleurs des implications économiques importantes. Les études mondiales que mène HSBC sur la retraite, "Future of Retirement – L’Avenir des Retraites", ont ainsi montré que si les 908 millions d’heures de bénévolat effectuées par les seniors en France étaient monétarisées, cela représenterait 7,5 milliards d’euros par an (d’autres études l’évaluent même de 1 % à près de 2 % du PIB).

Avec l’allongement de notre espérance de vie en bonne santé, on assiste à l’émergence de toute une population de "jeunes seniors", qui sont désireux de continuer à jouer un rôle social, mais aussi économique. La France de 2050 devra certainement adapter le temps de vie professionnelle à la nouvelle donne démographique, et cesser ainsi d’exclure prématurément les seniors du marché du travail.

La multiplication des structures qui organisent le retour à l’emploi de jeunes retraités, dans des missions de conseil par exemple, ou le nombre des auto-entrepreneurs âgés de 50 ans et plus -1 sur 3-, sont un signe évident du potentiel que peut incarner cette génération pour l’économie ou pour l’innovation ! Aux Etats-Unis, le cabinet Yourencore emploie ainsi des consultants quinquas ou sexagénaires pour des missions liées à l’innovation, prouvant ainsi que cette dernière n’est pas l’apanage des jeunes !

Les seniors sont aussi une "génération pivot" qui, parce qu’ils disposent d’un revenu et d’un patrimoine souvent supérieur, apportent un soutien financier considérable à leurs familles. L’INSEE a ainsi estimé que 12 % des revenus des 60-75 ans sont consacrés à une aide financière destinée à leurs enfants ou leurs parents. Ce soutien encourage l’accession à la propriété ou la création d’entreprises pour les plus jeunes, mais vient aussi soulager la prise en charge financière d’un parent âgé dépendant.

Détenteurs d’une part importante du patrimoine financier français, les seniors contribuent aussi de façon significative au dynamisme économique par le biais de leur épargne, et de leur consommation. Des secteurs comme le tourisme, l’immobilier ou les nouvelles technologies ont bien saisi les enjeux et le potentiel de développement portés par cette génération.

Les seniors devraient être reconnus pour leur apport non négligeable dans le dynamisme socio-économique français. Nous avons tout à gagner à mieux intégrer nos aînés et à reconnaître leur contribution. Faire des seniors une partie intégrante de notre avenir est la première étape de cette reconnaissance.

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Président de HSBC Assurances, Jean-Pierre Wiedmer est Directeur des Assurances pour la France et l’Europe Continentale. Il est membre du Comité de direction de HSBC France. En 1984, il a débuté sa carrière chez Péchiney avant d’intégrer le Groupe UAP en 1986 d’abord à la Banque Worms puis à la Direction du financement et des participations de l’UAP. En 1994, Jean-Pierre WIEDMER a rejoint le Crédit lyonnais en tant que Directeur de la Gestion actif-passif avant de prendre la responsabilité de l’UAF (Union des assurances fédérales) comme Président-Directeur Général en 2000. En 2005, il a rejoint HSBC France en tant que Directeur des activités Assurances de HSBC France. Jean-Pierre Wiedmer, est un ancien élève de l’école Polytechnique, de l’École Nationale de la Statistique et de l’Administration Economique et de l'Institut des Actuaires Français.  

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