Fusion EADS-BAE Systems : Londres pose ses conditions in extremis

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Par Jean-Baptiste Giraud Publié le 8 octobre 2012 à 5h14

Méthode anglaise : à quelques heures de la date du 10 octobre, date limite pour les négocations sur le rapprochement entre les groupes franco-allemand et anglais d'aéronautique et de défense, le ministre de la Défense britannique a posé ses conditions. interviewé par la BBC, la radio d'Etat, comme si tout était calculé, il a déclaré qu' "il est nécessaire de réduire [la participation au capital des Etats français et allemand] en dessous du niveau leur permettant de contrôler ou d'orienter la manière dont agit l'entreprise”, en l'occurence la future entreprise qui naîtrait de la fusion des deux groupes.

L'Allemagne n'est pas actionnaire directement d'EADS, mais devrait racheter les parts de Daimler, qui l'est, et souhaite logiquement sortir, n'ayant plus d'intérêt industriel à participer au nouveau groupe. Tout cumulé, l'Allemagne pourrait se trouver à la tête de 14% du capital de la nouvelle entité. La France, elle, après dilution lors de la fusion, détiendrait une participation de 9 %. Ces seuils sont trop faibles en théorie pour pouvoir activement faire pression sur la stratégie de l'entreprise, mais dans les faits, ces participations seraient assorties de la détention d'actions à droits spéciaux, permettant par exemple de s'opposer à certaines mesures, ou d'imposer à droit de veto lors de certaines décisions. On imagine que tout ce qui pourrait avoir trait à des créations ou fermetures d'usines, par exemple, serait dans le périmètre de ces privilèges d'actionnaires...

En face, les britanniques, après avoir exprimé le souhait que les Etats sortent du capital, notamment pour ne pas créer d'histoire avec les américains qui pourraient écarter le futur groupe de ses appels d'offres pour cette raison (ce qui n'a pas empêché EADS jusqu'ici de participer à bien des compétitions outre-atrlantique), souhaitent limiter la participation de la France et l'Allemagne à 9 %, grand maximum. Et demandent des engagements sur ce point. Pour l'Allemagne, c'est en théorie facile, puisqu'elle n'est pas actionnaire d'EADS. Il lui suffirait de ne racheter qu'une partie des parts de Daimler. Pour la France aussi, puisqu'elle détiendrait 9% du nouveau groupe, justement. Mais si le groupe Lagardère, qui détient 7,5% du capital d'EADS voulait sortir, avec cette règle imposée par Londres, Paris ne pourrait pas se porter acquéreur...

Il reste 48 heures à la France, l'Allemagne, la Grande Bretagne, EADS, BAE, Daimler, etc pour s'entendre.

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Jean-Baptiste Giraud est le fondateur et directeur de la rédaction d'Economie Matin.  Jean-Baptiste Giraud a commencé sa carrière comme journaliste reporter à Radio France, puis a passé neuf ans à BFM comme reporter, matinalier, chroniqueur et intervieweur. En parallèle, il était également journaliste pour TF1, où il réalisait des reportages et des programmes courts diffusés en prime-time.  En 2004, il fonde Economie Matin, qui devient le premier hebdomadaire économique français. Celui-ci atteint une diffusion de 600.000 exemplaires (OJD) en juin 2006. Un fonds economique espagnol prendra le contrôle de l'hebdomadaire en 2007. Après avoir créé dans la foulée plusieurs entreprises (Versailles Events, Versailles+, Les Editions Digitales), Jean-Baptiste Giraud a participé en 2010/2011 au lancement du pure player Atlantico, dont il est resté rédacteur en chef pendant un an. En 2012, soliicité par un investisseur pour créer un pure-player économique,  il décide de relancer EconomieMatin sur Internet  avec les investisseurs historiques du premier tour de Economie Matin, version papier.  Éditorialiste économique sur Sud Radio de 2016 à 2018, Il a également présenté le « Mag de l’Eco » sur RTL de 2016 à 2019, et « Questions au saut du lit » toujours sur RTL, jusqu’en septembre 2021.  Jean-Baptiste Giraud est également l'auteur de nombreux ouvrages, dont « Dernière crise avant l’Apocalypse », paru chez Ring en 2021, mais aussi de "Combien ça coute, combien ça rapporte" (Eyrolles), "Les grands esprits ont toujours tort", "Pourquoi les rayures ont-elles des zèbres", "Pourquoi les bois ont-ils des cerfs", "Histoires bêtes" (Editions du Moment) ou encore du " Guide des bécébranchés" (L'Archipel).

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