Europe de la dépense et de la défense

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Par Gilles Sengès Modifié le 13 septembre 2012 à 5h32

L’actuelle crise financière internationale a réussi là où des décennies de discussions avaient échoué ! BAE Systems, le champion britannique de la Défense, envisage aujourd’hui de fusionner avec le groupe aéronautique franco-allemand EADS (Airbus, Eurocopter etc.) pour créer un champion européen dont le poids dépasserait celui de l’américain Boeing. La Grande-Bretagne n’a pas abandonné d’un seul coup de baguette magique son traditionnel euroscepticisme et ce spectaculaire revirement tient surtout aux menaces qui pèsent un peu partout dans le monde sur les budgets militaires alors que les gouvernements sont tentés de geler voire de réduire drastiquement leurs dépenses en matière de Défense pour réduire les déficits.

Avec un pragmatisme tout britannique, BAE Systems dont l’essentiel des activités relèvent de l’armement a donc repris langue avec EADS qui, à l’inverse, cherche depuis des années à rééquilibrer son portefeuille en grande partie consacré à l’aéronautique civile. Les deux parties se connaissent bien. Avant de nouer des alliances aux Etats-Unis, BAE Systems a un temps discuté rapprochement, par le passé, avec Deutsche Aerospace (marié depuis à Aérospatiale pour créer EADS) son partenaire au sein d’Eurofighter qui produit des avions de chasse. Les Britanniques ont aussi un passé commun avec les Français dans le domaine des missiles sans parler de l’aventure Airbus dans lequel ce qui s’appelait alors British Aerospace détenait 20% des parts avant de sortir du tour de table de l’avionneur européen en 2006.

Quelle que soit l’issue des discussions entre EADS et BAE Systems -le dossier s’annonce des plus complexes tant il touche des domaines sensibles, notamment le nucléaire militaire- cette opération va en appeler d’autres en Europe, en retard en matière de restructurations par rapport aux Etats-Unis. A l’heure des restrictions budgétaires, motoristes, missiliers et équipementiers du « vieux continent » ne pourront sans doute pas faire l’économie de nouer des rapprochements.

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Ancien rédacteur en chef des Échos, Gilles Sengès a été correspondant en Grande-Bretagne, aux États-Unis et en Espagne.

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