Les Français approuvent largement le gel des loyers

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Par Frédéric Latrobe Modifié le 7 juin 2012 à 19h02

Coup au but pour le gouvernement socialiste : avec des loyers qui peuvent représenter parfois plus de 40 % du revenu disponible en moyenne, contre seulement 21 % voici 10 ans, la mesure annoncée de gel des loyers à la relocation enregistre un large soutien des Français, près des 3/4 (73 %), toutes tendances politiques confondues, d'après le sondage LCI-Tilder réalisé cette semaine.

Même les électeurs de Nicolas Sarkozy approuvent la mesure à 55 %. Mais c'est chez les électeurs de Francois Hollande (92 %) et de Jean-Luc Melanchon (88 %) que la décision est la plus populaire. En terme d'âge, la mesure est aussi largement approuvée, à 76 % par les 18-24 ans et encore à 66 % par les plus de 65 ans.

Le sondage révèle en revanche que 57 % des Français sont persuadés que le gouvernement sera obligé de réduire le nombre de fonctionnaires, pour tenir ses engagements en matière de déficit.

Sur ces deux points révélés par ce sondage, l'analyse de Frédéric Latrobe, de Tilder :

Deux enseignements à tirer des résultats à la première question sur le gel des loyers à la relocation. Tout d’abord, le gouvernement va devoir gérer en communication un sujet extrêmement clivant, lui qui s’est fixé comme objectif de ne pas diviser les Français. Dans le détail des votes du 2nd tour de la présidentielle, on retrouve de façon caricaturale le clivage entre la France des propriétaires voulue en son temps par Nicolas Sarkozy et celle des locataires défendue aujourd’hui par François Hollande. Par ailleurs, cette annonce prématurée de Cécile Duflot, puisqu’elle n’entrera en vigueur qu’à la rentrée, est un vrai message politique lancé à quelques jours des législatives à l’électorat de gauche sur une mesure qu’ils plébiscitent. La communication électorale du gouvernement et sa stratégie de signaux forts à ses partisans résonnent visiblement dans l’opinion: résultats dans les urnes ce week-end.

Concernant l’engagement sur le nombre de fonctionnaires, les résultats sont une plus mauvaise nouvelle pour le gouvernement. L’équipe de François Hollande et de Jean-Marc Ayrault a jusque-là réussi ses effets d’annonce sur des mesures symboliques promises pendant la campagne. Mais le climat a changé cette semaine, comme on l’a vu avec le rapport de l’Inspection Générale des Finances et le débat qui a suivi sur l’augmentation des impôts : le gouvernement entre maintenant dans le dur des enjeux macro-économiques. C’est le débat croissance contre réduction des déficits. La communication va en être impactée : elle ne sera plus du domaine du symbole et de l’image dans une visée de court terme mais elle va devoir mettre en musique des sujets économiques, comptables et de long terme. Comme lors de la présidentielle avec la proposition de 60 000 postes dans l’Education nationale, la question du nombre de fonctionnaires est au cœur de ces enjeux. C’est donc une séquence de crédibilité en matière de gestion qui s’ouvre pour le gouvernement et les Français, visiblement, ont un doute.

Fiche technique :

Étude réalisée auprès d’un échantillon de 1036 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. L’échantillon a été constitué selon la méthode des quotas, au regard des critères de sexe, d’âge, de catégorie socioprofessionnelle, de catégorie d’agglomération et de région de résidence. Mode d’interrogation : L’échantillon a été interrogé en ligne sur système Cawi (Computer Assisted Web Interview). Dates de terrain : les interviews ont été réalisées du 6 au 7 juin 2012.

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Ancien chef du service politique à BFM Radio, Frédéric Latrobe est aujourd'hui directeur associé chez Tilder, un des leaders du conseil en communication pour les Directions Générales des grandes entreprises.

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