La Bataille de l’eau (extrait)

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Par Loïc Darcel Publié le 4 juin 2018 à 5h01
Prix Eau Hausse
@shutter - © Economie Matin

À l’époque, j’avais été passionné par le livre d’un autre voyant : Harry Dent, brillant économiste américain, venait de publier Le Grand Boom de 1994. Il y anticipait ce que personne n’imaginait alors : l’effondrement durable de l’économie japonaise et le rebond des marchés occidentaux, avec un indice Dow Jones qui pourrait dépasser dix mille points. Son ouvrage était génial, la plupart de ses prévisions se sont vérifiées depuis : le Japon a traversé une longue période de dépression, le boom a bien eu lieu aux États-Unis et en Europe, et nous sortons avec peine de la grande crise qu’il avait annoncée à partir de la fin des années 2000.

Sa théorie était fondée sur le cycle de consommation : pour lui, un Américain atteint son pic de dépenses à l’aube de la cinquantaine. Il avait mis en évidence une forte corrélation entre les courbes d’évolution des naissances et, quarante-neuf ans plus tard, celles des indices boursiers américains. Sur cette base, il prévoyait que la génération des baby-boomers, nés après la Seconde Guerre mondiale, allait commencer à atteindre son optimum quarante-neuf ans après 1945, à partir de 1994. Il s’ensuivrait une explosion de l’investissement des ménages dans la pierre, entraînant une période de croissance sans précédent.

Parmi les secteurs qui, selon lui, allaient se développer le plus rapidement, figurait celui de l’assainissement. Mes deux mages, Madame Irma et Harry Dent, étaient d’accord : l’acquisition d’une PME dans le secteur du traitement de l’eau était la pépite qui pouvait me mettre sur le bon filon.

[…]

La gestion publique est politiquement souhaitée par un certain nombre de collectivités. Mais elle n’est pas simple à organiser pour des agglomérations de taille moyenne : les petites communes rurales peuvent confier diverses tâches, dont la gestion de l’eau, à un même agent municipal. À l’autre bout de l’échelle, les très grandes métropoles n’ont aucun mal à embaucher des cadres et des ingénieurs pour gérer elles-mêmes.

En revanche, les collectivités moyennes cumulent toutes les difficultés : confrontées à des problèmes complexes, elles peinent à recruter des responsables en nombre suffisant pour les résoudre.

Si elles ne géraient pas en régie, les collectivités devaient donc opter pour la concession ou l’affermage. Et dans ce cas, sans échappatoire, confier leur eau à un grand groupe. Très peu de PME existaient sur le marché. Ce partage entre trois grandes entreprises a conduit à des abus, sanctionnés par les tribunaux. Sans même parler de tels excès, le manque de transparence des majors, la perte de proximité due au développement des plateformes téléphoniques, la réduction de la qualité de service induite par la recherche permanente d’économies, la condescendance de certains de leurs directeurs peut irriter les élus. Qui font grise mine mais acceptent leur sort, faute d’alternative crédible. Une société filiale à la fois d’un grand établissement financier public et d’une PME spécialisée dans l’eau avait tout son sens.

Ceci est un extrait du livre « La Bataille de l'eau » écrit par Loïc Darcel paru aux Éditions du Cherche Midi (ISBN-10 : 2749158532, ISBN-13 : 978-2749158532). Prix : 18 euros.

Reproduit ici grâce à l'aimable autorisation de l'auteur et des Éditions du Cherche Midi.

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Loïc Darcel est PDG d'Aqualter, première entreprise de gestion de l'eau indépendante des majors. Après un parcours allant des Beaux Arts à L'ENA, Loïc Darcel donne de l'air au monde de l'eau.

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