Gilets jaunes : rénover la politique

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Par Edouard du Parc Modifié le 14 décembre 2018 à 10h52
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Une nouvelle fois samedi 8 décembre a été noir à Bordeaux, tout comme dans le reste de la France, alors que ce temps est traditionnellement réservé à la préparation de la fête de Noël. Je déplore les violences à l’égard des personnes et les dégradations de mobiliers urbains. Faut-il rappeler que celui-ci est fort onéreux et profite directement à tous les habitants par leurs aspects pratiques mais aussi esthétiques ?

Je remercie les forces de l’ordre d’avoir protégées nos institutions, même si chaque Français aimerait bien, au fond de lui-même, que certaines choses bougent.

Il semble que le malaise actuel ne provienne pas des institutions elles-mêmes, mais plutôt de leurs pratiques.

C'est le cas lorsque le président de la République Sarkozy et le Parlement prennent l’initiative d’approuver la Constitution européenne en 2012 alors qu’elle avait été rejetée en 2005 par référendum. Egalement, lorsque le conseil économique, social et environnemental (cese) rejette la pétition des 700 000 signataires lors du projet de Loi sur le mariage pour tous. Aussi lorsque le conseil consultatif national d’éthique (ccne) rend un avis contraire à la consultation populaire sur le sujet de la PMA, dernièrement. Dans certains cas, des décisions politiques sont rendues par des institutions « indépendantes » et dans d’autres, l’expression populaire est tout bonnement évincée. On comprend que la confiance du citoyen à l'égard des institutions s’effrite…

Les différents candidats aux élections ne traitent pas des vrais enjeux et n’affichent pas clairement leurs intentions lors des campagnes électorales. A Bordeaux, par exemple, le projet de réalisation de la Quinzaine de l’égalité n’a pas été exposé, ni débattu pendant la campagne électorale des municipales en 2014. Le vote des citoyens n’est donc pas exercé librement, parce qu’ils ne sont pas mis en mesure de l’utiliser avec discernement par les candidats et les partis politiques.

Les citoyens, eux-mêmes, sont complices parce qu’ils préfèrent fermer les yeux et profiter de leurs avantages, plutôt que de les remettre en cause. Ainsi en va-t-il des familles à l’occasion de la baisse des allocations familiales, les étudiants avec la baisse des allocations logements, les retraités avec la baisse de leur pension, les riches avec la diminution des réductions d’impôts et leurs augmentations, les patients avec la diminution des remboursements de prestations de santé, les entreprises, les chômeurs, les salariés avec les 35h, les paysans… bref, chacun a à perdre un peu de quelque chose par temps de disette. Dans ces conditions, le risque de mécontentement généralisé peut être grand !

Les annonces du président de la République, paraissent décalées au regard de l’enjeu des événements. En outre, il adopte une attitude identique à celle de ses prédécesseurs. Celle qui n’est plus supportable : la fourberie qui méprise et la technicité qui ignore le coeur. Alors qu’au contraire, les Français ont besoin d’être entendus, d’être mis face à leurs responsabilités et d’être canalisés, par un destin commun, afin qu'ils acceptent les efforts à réaliser et oublient une partie de leurs avantages acquis, devenus inadaptés à ce monde. Ils attendent, enfin, une voie qui leur offre une perspective.

Il n’est pas sûr que le mouvement des Gilets Jaunes réponde à cette aspiration profonde, bien qu’il traduise des difficultés économiques et sociales graves qui ne sont pas reconnus par le politique.

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Conseiller Municipal de Bordeaux

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