Guerre commerciale UE-Chine : touche pas à mon pinard

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Par Charles Sannat Modifié le 6 juin 2013 à 9h33

Halalalala mes chers zamis contrariens, que je suis contrarié aujourd'hui ! Il se passe des choses très graves, vous devez le savoir et en être informés.

Non, je ne parle pas du mariage pour tous et du projet de loi de la directive européenne sur la GPA.
Non, je ne pense pas à la société Monsanto dont le travail remarquable est un prôôgrès immense pour l'humanité toute entière (si je dis ce que je pense je risque un procès en diffamation).

Non, je ne parle non plus du projet d'accord transatlantique négocié dans votre dos par l'Europe et qui sera sans doute une avancée immense pour tous les peuples (ce sera pour vot'bien ma pauv'dame).

Non, je vous parle d'un véritable sujet, un sujet digne de mobiliser les foules, digne de faire chanter le chant des partisans à la France entière : « Montez de la mine, descendez des collines camaradeuuu ! ».

Oui, mes chers et braves camarades contrariens, c'est la guerre, l'ennemi sino-vinicole est à nos portes et menace nos terroirs, ressortez de la paille les grenades, la mitraille... et le drapeau tricolore du pépé de la naphtaline.

Voilà l'origine de mon courroux :
La Chine lance une enquête sur les importations de vins en provenance de l'UE.

« BEIJING, 5 juin (Xinhua) – La Chine a décidé d'ouvrir une enquête antidumping et antisubventions sur les vins importés de l'Union européenne (UE), a annoncé mercredi le ministère chinois du Commerce.

Les producteurs chinois de vin ont déposé l'année dernière une pétition au ministère, appelant à des enquêtes sur le dumping des vins de l'UE ayant reçu des subventions gouvernementales injustes et portant atteinte à l'industrie vinicole chinoise, selon le ministère.

Le ministère a indiqué que la Chine avait toujours fait preuve de prudence quant à l'utilisation de recours commerciaux. Il a cependant remarqué que les importations de vins en provenance de l'UE avaient connu une croissance extrêmement rapide ces dernières années et s'est engagé à mener une enquête stricte, conformément aux lois. »

Nos « zamis » chinois attaquent ce qui fait l'identité de l'Europe du sud en général et de la France en particulier. Si l'Allemagne buvait du vin, cela se saurait. Ils sont peut-être forts en industrie, mais côté art de vivre ils sont à côté de la plaque. Espèce de bande de buveurs de bière vendus à l'ennemi et prêts pour quelques Mercedes et BMW vendues supplémentaires à pactiser avec la Chine.

Reprenons le film des événements qui nous mènent à la guerre du vin !
Tout d'abord, je tiens à signaler qu'il n'y a aucun rapport entre une bouteille de pinard et un panneau solaire, mais selon la loi de l'effet papillon, bien connue de tous ceux qui ont une once de kulture générale, un battement d'aile de papillon solaire à Bruxelles entraîne une interdiction des ventes de bon rouge français à Pékin...

Étape 1 : L'Europe qui dépose plein de brevets et subventionne une nouvelle industrie, le solaire, se fait piquer la technologie par ses grands zamis chinois via des procédés totalement douteux comme à chaque fois.

Étape 2 : Les Chinois, qui sont tout sauf des imbéciles, copient cette technologie. Des immenses entreprises (appartenant plus ou moins indirectement à l'État chinois) se mettent à produire des milliards de panneaux solaires pas cher et innondent le monde entier passant de 0 % à 80 % de parts de marché mondiale en... 2 ans ! Oui c'est court en effet.

Étape 3 : L'industrie solaire européenne est laminée en 24 mois. Les États arrêtent de subventionner le solaire puisque ce n'est que du « made in china » payé par vos impôts... Résultat : toute la filière s'effondre. Du vendeur au poseur de panneau.

Étape 4 : L'Europe, qui a toujours 3 batailles de retard, se réveille et se dit : « Tiens, on va mettre des droits de douane. »
Les Chinois gueulent comme des putois.
L'Allemagne prend peur et se dit : « Zut alors... qui va acheter mes BMW et mes merco... ? »

Étape 5 : L'Europe dit : « Rien à foutre de l'avis de l'Allemagne, je taxe quand même. » L'Allemagne dit : « Non pô çaaaa... » La France dit..., et moi je rajoute pour une fois : « Bravo l'Europe qui vient de retrouver le sens du mot protectionnisme qui signifie protéger. »

Les Chinois disent : « Attention... On va taxer votre pinard. »

Et franchement, de vous à moi, ça c'est dégueulasse, c'est comme si nous nous taxions je ne sais pas moi... voilà, le riz cantonnais. Il y a des trucs comme ça que l'on ne peut pas faire. Par exemple, quand on fait la guerre, on est censé s'entre-tuer sur le champ de bataille, mais pas d'utiliser la bombe atomique. Ça ne se fait pas (enfin en théorie, un jour un crétin aura bien la bonne idée d'essayer à nouveau).

Attaquons les Chinois à notre tour de façon symbolique !
De façon symbolique et... humoristique. Je propose donc de taxer le riz cantonais. Des droits de douane de 10 000 % seraient appliqués sur toute importation de riz cantonais (non) surgelé et livré par voie maritime.
Je sais, ça n'existe pas, mais encore une fois je parle d'une mesure forte et symbolique.

Ils s'attaquent à un monument français. Le pinard. Les Chinois ont aussi un monument de la cuisine mondiale... le riz cantonais.

Installons l'équilibre de la terreur culinaire !
N'ayons pas peur des mots. Refusons le riz cantonnais. Ça leur fera les pieds. Non mais.

Tiens, d'ailleurs, cette histoire d'éventuels droits de douane sur le vin européen d'Europe du Sud, je rappelle que l'Europe du Sud n'a plus que des olives sous formes fraîches, en conserve ou encore en huile à exporter dans le monde ainsi que... quelques pinards. Pour le reste, c'est la merde, ce sont les Zallemands qui s'occupent de fabriquer tout le reste haut de gamme, les Chinois étant censés s'occuper de toutes les chinoiseries que l'on achètent en grande distribution.

Bref, je disais, ce qui est cocasse avec ces histoires de mondialisation, c'est que c'est tout le temps un remake de l'arroseur arrosé.

Ils vont s'autotaxer...
Eh oui, on se plaint, on gémit, on pâlit... depuis quelques années, puisque nos zamis chinois rachètent des vignobles bordelais et autres à qui mieux mieux.

Résultat ? Nous avons revendu à prix d'or à nos copains chinois des vignobles dont la production destinée à être vendue en Chine, à des Chinois, par des Chinois, va subir des droits de douane chinois. Et là, franchement, je me marre.

Je propose une stratégie digne de l'art de la guerre (livre chinois) !
Notre objectif c'est quoi ? Emmerder les Zallemands (qui n'ont jamais été nos zamis contrairement à ce qu'on vous raconte). Ne pas se faire avoir par les Chinois, sauver notre industrie « pinardcole », piquer le pognon des autres, être les plus riches pour être les boss en Europe (vous pensez peut-être que dit comme ça ce n'est pas sérieux, et pourtant c'est vrai...).

Pour réussir à atteindre tous ces objectifs que faut-il faire ?
Dire aux Allemands que les Chinois – qui essaient de nous diviser entre buveurs de bière au nord de l'Europe et buveur de vin au sud de l'Europe – n'ont rien à craindre. Que c'est l'Europe du Sud qui assume ce choix de droit de douane. Comme on n'a pas d'industrie, on ne risque pas grand-chose.

Faire en sorte que les Chinois imposent bien le vin européen et français.

Laissez les vignobles achetés par les Chinois se casser la gueule.

Demander à Ségolène Royal de racheter à vil prix toutes ces exploitations de vins à ces Chinois en déroute.

Demander aux commerçants marseillais de la French Connection d'organiser les filières de marché noir vers la Chine de notre vin qui sera donc vendu beaucoup plus cher augmentant ainsi les marges.
En même temps, négocier quelques mois après avec les Chinois, l'annulation de ces droits de douane (comme ça nos vignobles reprennent de la valeur) contre tous les secrets industriels allemands que la DCRI sera allée piquer à l'aide de nos milliers de jeunes ingénieurs et commerciaux en stage en Allemagne tous les ans.

Les Chinois accepteront sans problème en étant très heureux. 2 ans après l'industrie allemande s'effondre puisque copiée parfaitement par la puissance de production chinoise.

Une fois le modèle allemand rétamé (en les ayant un peu aidé, il est vrai, mais enfin comme ils font pareil, faut pas se gêner non plus) et comme au royaume des aveugles les borgnes sont rois, la France redevient le patron en Europe. Tout ça en partant d'une bouteille de pinard taxée.

Bon, d'accord, c'est à affiner un peu comme stratégie mais vous avez compris la logique.

Sinon, je vous laisse, ce soir on commande chinois.... Et 4 riz cantonnais, 4, j'adore le riz cantonnais... avec un petit bordeaux, c'est fort agréable.

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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