Mali : peut-être est-ce ça, l' »exception française »

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Par Philippe David Publié le 16 janvier 2013 à 21h28

La crise malienne est désormais devenue purement et simplement une guerre. Il n’est en effet plus question de « frappes chirurgicales », terme oh combien politiquement correct, ou de bombardements massifs assénées depuis les airs puisque nos troupes au sol sont depuis quelques heures au contact de l’ennemi. L’ennemi semble d’ailleurs être plus et mieux armé que ce que pensaient les autorités françaises, ce qui signifie que le risque d’avoir des pertes et que le conflit dure, voir s’enlise, est désormais une possibilité.

Il y a dix ans exactement, l’Europe était coupée en deux au sujet de l’engagement ou non aux côtés des USA pour la guerre en Irak, une guerre qui, rappelons le, était motivée par l’existence des fameuses « armes de destruction massive » qui n’existaient que dans les mensonges des faucons de l’administration Bush.

En tête de la coalition s’opposant à cette guerre se trouvait le couple franco-allemand auquel s’était joint une puissance européenne de poids bien que non membre de l’Union Européenne : La Russie. Pour être totalement objectif et courtois, il faut rendre hommage à nos amis belges qui étaient, lors de cette épreuve, à nos côtés. Du côté des pro guerre se trouvait.. .le reste de l’Europe avec en tête, bien entendu, le Royaume-Uni soutenu par Berlusconi, Aznar, Durao Barroso et l’ensemble des ex pays de l’est. Inutile de dire qu’à cette occasion la France, qui avait raison tant politiquement que moralement, était bien seule. Il n’y avait en effet aucune arme de destruction massive en Irak ; le régime irakien, bien qu’indéfendable, n’entrenaît aucun lien avec Al Qaïda et cette guerre n’a pas franchement arrangé la stabilité dans la région, c’est le moins qu’on puisse dire.

Dix ans après, le théâtre du conflit n’est plus en Irak mais au Mali et cette fois-ci la France n’est pas à la tête d’une coalition anti-guerre, bien au contraire puisque c’est elle et elle seule qui a décidé d’intervenir. Comme il y a dix ans, la France a raison puisque le Mali était en train de devenir un sanctuaire du terrorisme qui risquait de déstabiliser le Sahel ainsi que l’ensemble de la région comme le montrent les évènements d’hier en Algérie. Comme il y a dix ans la France est seule puisque les pays européens, pourtant très va t’en guerre pour suivre les néo-conservateurs américains dans une guerre aussi injuste qu’inique, la soutiennent du bout des lèvres, on pourrait dire à minima, dans une guerre aussi juste que justifiée.

Peut-être est-ce ça l’ « exception française » qui fait que notre pays est si original sur l’échiquier politique mondial et qui fait que nous pouvons être fiers de ce qu’il a été et de ce qu’il est. Pour ce qui est de l’Europe, la guerre au Mali montre que deux citations s’appliquent parfaitement à elle. La première est une citation de Staline qui, détournée, serait : « l’Europe ? Combien de divisions ». La seconde serait de Kissinger qui disait il y a maintenant plus de quarante ans : « l’Europe ? Quel numéro de téléphone ? ».

L’Europe est morte. Vive la France !

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Philippe David, 46 ans, est cadre dirigeant à l'international, auteur de plusieurs livres politiques dont le dernier, « De la rupture aux impostures », est sorti en 2012 aux éditions du Banc d'Arguin. Il est également chroniqueur sur Sud Radio.

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