Hausses d’impôts : les Français privés de resto mais aussi de plateau télé

Photo Jean Baptiste Giraud
Par Jean-Baptiste Giraud Publié le 30 octobre 2012 à 4h59

Panem et circenses, c'est définitivement démodé ! Quand le petit manuel du parfait empereur romain lui recommandait d'offrir largement des jeux et de pourvoir aux besoins alimentaires de la population de Rome pour préserver la paix des esprits, le gouvernement socialiste, à la recherche du moindre euro à gratter lors de l'examen du projet de loi de finances 2013, fait tout le contraire.

La restauration d'abord. D'accord, rien ne vous oblige à sortir dîner au restaurant le soir, ni à déjeuner au bistrot du coin à midi. Mais demain, vous en aurez encore moins envie. Le rapport du député PS Thomas Thévenoud, qui était chargé d'évaluer l'impact de la baisse de la TVA sur la restauration, conclu sans équivoque sur l'iniquité de la mesure décidée par Nicolas Sarkozy en 2007. Le coût annuel de la mesure, estimé à 3 milliards d'euros, n'a pas produit les effets espérés affirme Thévenoud.

L'emploi ? Sur les 20 000 places que la profession devait créer en plus chaque année selon les accords, seuls 6500 par an sont au rendez-vous. La baisse des prix sur les cartes des restaurateurs ? Sur les 860 millions d'euros d'économies que les consommateurs auraient dû réaliser, seuls 590 millions l'ont été réellement jusqu'à la fin de l'année derniere, 400 millions depuis le début de l'année. Rappelons que tout cela a été décidé en 2007, et qu'entre temps, une crise, la pire que le monde a connu depis 1929, s'est abattu sur la restauration comme sur bien d'autres professions. Qu'à cela ne tienne, Thévenoud recommande, soit, de faire passer la TVA à 11 ou 12 %, ce qui pose un problème, puisque les règles européennes interdisent la création de plus de deux taux réduits de TVA par rapport au taux normal. La solution pourrait consister à remonter tout le monde à 12%. On imagine le drame.

Solution 2, la plus radicale : revenir à 19,6 %. Les restaurateurs, qui enregistrent déjà une baisse de leur activité de 3% depuis le début de l'année, mais surtout ont fait un très mauvais mois de septembre (-10 à 30% parfois), suivi par un mois d'octobre tout aussi morose, avertissent le gouvernement : c'est 20 000 défaillances d'entreprises et 100 000 licenciements à la clef. Déjà, le gouvernement envisage de créer un mécanisme de compensation pour les entreprises les plus fragiles, en fonction de leur taille ou du respect de certains engagements, notamment en matières d'approvisionnement. Comment ? En créant des subventions réservées à certains, faussant une fois de plus dans un secteur de l'économie la libre concurrence. Pas sur que Bruxelles appréciera.

Reste la solution de ne plus sortir le soir, et de se faire un plateau télé. Patratras ! la redevance de 125 euros en 2012, qui devait déjà passer à 129 euros, pourrait prendre encore 2% supplémentaire et grimper à 131 euros, soit une hausse de 6 % de la redevance, alors que l'inflation tourne autour de 2 %. Et rien ne sert d'écrire à votre inspecteur des impôts pour lui dire que vous ne regardez pas France 2, France 3, France 4 ou France O. La redevance télé, qui finance le service public, est le seul abonnement à des chaînes de télé que vous ne pouvez arrêter, même si vous ne le consommez pas !

Photo Jean Baptiste Giraud

Jean-Baptiste Giraud est le fondateur et directeur de la rédaction d'Economie Matin.  Jean-Baptiste Giraud a commencé sa carrière comme journaliste reporter à Radio France, puis a passé neuf ans à BFM comme reporter, matinalier, chroniqueur et intervieweur. En parallèle, il était également journaliste pour TF1, où il réalisait des reportages et des programmes courts diffusés en prime-time.  En 2004, il fonde Economie Matin, qui devient le premier hebdomadaire économique français. Celui-ci atteint une diffusion de 600.000 exemplaires (OJD) en juin 2006. Un fonds economique espagnol prendra le contrôle de l'hebdomadaire en 2007. Après avoir créé dans la foulée plusieurs entreprises (Versailles Events, Versailles+, Les Editions Digitales), Jean-Baptiste Giraud a participé en 2010/2011 au lancement du pure player Atlantico, dont il est resté rédacteur en chef pendant un an. En 2012, soliicité par un investisseur pour créer un pure-player économique,  il décide de relancer EconomieMatin sur Internet  avec les investisseurs historiques du premier tour de Economie Matin, version papier.  Éditorialiste économique sur Sud Radio de 2016 à 2018, Il a également présenté le « Mag de l’Eco » sur RTL de 2016 à 2019, et « Questions au saut du lit » toujours sur RTL, jusqu’en septembre 2021.  Jean-Baptiste Giraud est également l'auteur de nombreux ouvrages, dont « Dernière crise avant l’Apocalypse », paru chez Ring en 2021, mais aussi de "Combien ça coute, combien ça rapporte" (Eyrolles), "Les grands esprits ont toujours tort", "Pourquoi les rayures ont-elles des zèbres", "Pourquoi les bois ont-ils des cerfs", "Histoires bêtes" (Editions du Moment) ou encore du " Guide des bécébranchés" (L'Archipel).

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