On ne dit pas augmentation d’impôts mais réforme fiscale (2/2)

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Par Charles Sannat Modifié le 13 septembre 2012 à 11h08

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Ensuite, le ministre nous explique que les plus "pauvres" ont intérêt à cette mesure. C'est donc juste. C'est pour les pauvres. Comme vous êtes des gentils (comme ma femme, toujours pleine de bons sentiments à l'égard de son prochain), vous ne pouvez pas être contre une mesure destinée à faire du bien aux pauvres gentils pauvres.

Sauf que, sauf que, nos amis pauvres, aussi gentils soient-ils, ont rarement des "revenus du capital" ! C'est même pour ça qu'ils sont pauvres. Les revenus du capital, les vrais, les gros, les massifs, c'est plutôt pour les gens comme Bernard Arnaud. Bon mais comme dit ma femme (qui aime bien son nouveau gouvernement) imaginons qu'on trouve un pauvre qui reçoive des revenus du capital ? Il serait avantagé lui hein ?
Donc c'est bien ! Oui, oui chérie, si tu trouves un vrai pauvre qui bénéficie de revenus importants du capital, tu auras sans doute trouvé un faux riche, mais sans doute plus un vrai pauvre...

Mais imaginons quand même (c'est ma femme qui commande à la maison et qui paye les impôts alors je ne peux pas trop me fâcher avec elle). Notre pauvre qui aujourd'hui touche des revenus du capital et qui ne paye pas d'impôt a le choix entre les deux formules d'impôts. Il peut choisir ce qui est le plus avantageux, soit le prélèvement forfaitaire libératoire, soit l'impôt sur le revenu. Donc ce qui est sûr, c'est que le vrai pauvre n'a rien a y gagner.

Le faux riche par contre, celui qui gagne plus de 26 420 euros par an, lui, il va devoir payer 30 % sur ses revenus du capital. 26 420 euros par an, divisé par douze mois, on obtient 2 201 euros par mois, soit deux Smic par mois. Voilà le vrai seuil pour être fiscalement considéré comme riche aujourd'hui. Gagner moins pour payer moins.

Mais alors qu'est ce que tu vas conseiller à tous ces riches qui gagnent plus de 2 smics par mois ? Eh bien, tu sais, travailler plus pour gagner plus, c'était pas évident. Maintenant ils n'ont qu'à gagner moins pour payer moins, et ça devrait être plus facile. Et puis, tu sais, il ne faut pas s'inquiéter pour les riches, avec plus de 2000 euros par mois, ils sont à l'abri du besoin pour le restant de leurs jours.

Ils ne risquent pas de perdre leur emploi tu penses. A ces niveaux-là ! Et puis tu sais, quand tu gagnes deux Smics, tu bénéficies de parachutes dorés de toutes sortes et de pleins "de stocks d'options" ! Non, c'est une excellente mesure. J'ai peur d'une chose, c'est qu'elle ne rapporte pas assez cette réforme. Tu sais, les riches, avec la crise, ils ont tellement perdu qu'il ne doit plus rester beaucoup de gains à taxer...

Mais chéri si tout le monde gagne moins, et que les riches sont de moins en moins riches et les pauvres toujours aussi pauvres, cela veut dire que collectivement, on aura moins ? Voilà, ma chérie, c'est exactement ce que je voulais te faire comprendre depuis quelques jours !

Au fait, tu as payé la taxe d'habitation ? Ne t'inquiètes pas mon amour, on est prélevé ! Ah... si on est prélevé, c'est comme si on participait à une réforme fiscale, pour bénéficier aux plus fragiles d'entres nous. Ce n'est pas comme si on payait des impôts...

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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