Industrie du numérique : relocalisation d’urgence !

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Par Jean-Noël de Galzain Publié le 17 mai 2020 à 8h50
Tva Sociale Revolution Numerique France
3%La taxe GAFA prévoit de taxer 3% du chiffre d'affaires que les géants du numérique réalisent en France.

La Crise COVID que nous traversons actuellement a permis de mettre en lumière une solidarité avec nos soignants et les professions de santé, ainsi qu'une discipline dans la mise en œuvre d'un confinement généralisé, au nom du principe de précaution, en dépit des conséquences économiques. Ainsi les principes de solidarité et de précaution ont-ils guidé nos choix politiques, et par conséquent, le comportement des français.

Grâce au numérique et son allié consubstantiel qu'est la cybersécurité, l'essentiel de nos entreprises a pu continuer à travailler et le télétravail est devenu une norme de fait, alors que nous n'y étions pas préparés. Le numérique, pour survivre à cette crise, est apparue comme une denrée de première nécessité. Que ce soit pour vaincre l’isolement ou pour éviter l’effondrement de notre économie.

Avec le confinement, nous avons découvert de nouvelles habitudes telles que le télétravail ou la visio-conférence - occasionnant au passage des économies de déplacement substantielles pouvant réduire nos empreintes carbones.

Nous avons aussi découvert notre ultra-dépendance aux outils étrangers. C’est le cas pour les applications des GAFAMS. Et qu’en serait-il si l’on en venait par exemple à confier une application de traçabilité numérique à une société émanant du renseignement américain pour exploiter des données de santé des patients de l’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris ? Nos données les plus personnelles !

Il faut se rendre à l’évidence nous sommes complètement dépendants d'applications et d'outils que nous ne contrôlons pas, et il faut réduire cette dépendance !

Relocaliser pour réduire notre dépendance

Nous consommons essentiellement des produits numériques importés, sans réelle prise en compte des implications qu'ils peuvent avoir en matière de respect de la protection des données ou de contrôle numérique. Qu’adviendrait-il en cas de crise majeure ? Qu’adviendrait-il en cas de décision unilatérale d’un pays de restreindre l’accès aux ressources numériques ? Quelle garantie aurions-nous des outils que nous utilisons et de leur disponibilité ? A l’image des masques destinés à la région des Hauts de France volés sur le Tarmac sur décision du président Américain... Qu’en serait-il d’éventuelles restrictions en matière de ressources numériques ? Et que pourrions-nous y faire ?
A l’heure où nous parlons des relocalisations dans les secteurs de la santé ou de l’industrie automobile, s’il y a bien un secteur stratégique, créateur d’emplois et primordial où nous devons investir, c’est l’industrie du numérique !

Oui le numérique s’invente ET se fabrique. Nous avons beaucoup investi dans la recherche et le développement, les brevets, les startups. Maintenant nous devons investir dans l’adoption massive de nos innovations. « Faire grandir ce qui est né en France » comme le dit Claude Revel, ancienne déléguée à l’Intelligence Economique.

Nous avons besoins d’applications, de système de visioconférence, d’outils collaboratif, d’hébergement de données, de télétravail, de télémédecine etc. Pour la plupart nous les avons déjà fabriquées mais faute d’investissements elles sont restées au garage…

Aujourd’hui c’est une opportunité historique de passer du garage à l’échelon industriel. Pour faire ces choix, il n’est pas question de nationalisme français ou même européen. Il s’agit de consacrer l’effort d’investissement de reconstruction des français aux enjeux de résilience et de continuité d’activité en toutes circonstances. Il s’agit de privilégier des solutions qui nous permettent de gagner notre autonomie et notre indépendance numérique lorsque nous nous équipons (Etat, collectivités locales, établissements de santé). C’est le moment de concevoir enfin une alternative européenne concurrente aux produits étrangers qui aujourd’hui ont un monopole mondial.

Doit-on aussi rappeler que la plupart de ces systèmes numériques gratuits aujourd'hui reposent sur notre « nous » numérique et la collecte de nos données personnelles, et qu'ils vivent du commerce qu'ils en font. Que nos données deviennent en fait les leurs. Que ces applications nous rendent dépendants d'intelligences artificielles qui guident nos choix, tout en nous rendant dépendants sur le plan social et économique. Qu’Internet est omniprésent aujourd’hui et qu’il n'est rien d'autre qu'une extension du monde réel, avec la nécessité d'y appliquer les mêmes droits et libertés fondamentales, avec les mêmes précautions.

Au nom du principe de précaution numérique, nous devons au minimum aujourd'hui et chaque fois que cela est possible choisir nos solutions, réduire notre dépendance à l’extérieur, et rétablir peu à peu un équilibre en matière d’autonomie numérique.

A l’heure de la reconstruction, nous allons tous accélérer notre transformation numérique. Nous équiper, et investir massivement dans des logiciels et des services nouveaux. Nous ne devons pas passer à côté, mais profiter de ces investissements pour acheter local et investir dans nos innovations, dans la construction d’usines numériques nouvelles avec les milliers d’emplois qui vont avec ! Nous devons nous assurer de leur maîtrise et de leur fonctionnement, de la protection de nos données et de notre indépendance dans le numérique. Ces critères de choix sont nouveaux et doivent s’appliquer immédiatement dans nos décisions. Voilà de merveilleux défis pour faire avancer notre société librement et durablement.

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Jean-Noël de Galzain, CIO de WALLIX Group, leader européen de la Cybersécurité des accès. La société est cotée sur Euronext/Alternext depuis Juin 2015 (ALLIX). Impliqué dans l'écosystème de l'Innovation et de l'investissement, il est également vice- président du Pôle de compétitivité Systematic, Président du Groupement HEXATRUST qui regroupe les champions FrenchTech de la cybersécurité, Secrétaire national du réseau thématique #Security #Privacy de la FrenchTech, Trésorier & Administrateur du Fonds Revital Emploi et membre du Conseil d'Ecole de Telecom ParisTech. Il est diplômé en mathématiques et en économie.

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