La globalisation de l’impact investing

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Par Mathieu Nègre Publié le 13 janvier 2020 à 6h08
Investissement Responsable Odd
@shutter - © Economie Matin
46%Les pays à revenu élevé représentent 46% des émissions de CO2 mondiales

L’impact investing permet de profiter des tendances de croissance séculaires, tout en générant un «dividende» sociétal, non financier. Avec sa récente extension aux marchés émergents, il offre aux investisseurs des opportunités encore plus vastes d’avoir un impact réel face aux grands enjeux mondiaux.

Selon le Global Impact Investing Network (GIIN), plus d’USD 500 milliards d’actifs sont aujourd’hui gérés au travers de mandats en impact investing. Le volume s’est considérablement accru ces dernières années et, bien que la proportion des actions cotées soit minime, ces dernières représentent une partie significative de la croissance. Cette tendance reflète la demande grandissante pour des investissements qui génèrent de la valeur au sens large, et pas uniquement sur le plan financier.

L’impact investing centré sur les actions cotées permet aux investisseurs d’identifier des sociétés qui affichent des perspectives de croissance supérieures ainsi qu’un fort engagement vis-à-vis des principaux enjeux planétaires. Ces entreprises s’emploient à tirer parti des tendances de croissance séculaires, tout en générant un «dividende» sociétal, non financier.

Les problématiques couvertes par les objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies sont vastes et complexes, ce qui nécessite une réponse holistique et cohérente. La publication d’informations de la part des entreprises sur ces sujets reste limitée, et ce défaut de communication est généralement assimilé à une absence d’action positive. C’est pourquoi une approche d’investissement efficiente en matière d’impact investing requiert une connaissance approfondie des initiatives menées par les entreprises envers leurs clients, et pour la société dans son ensemble.

Par ailleurs, les investisseurs orientés impact investing doivent accepter qu’il est complexe d’évaluer l’impact, et que des différences existent sur ce point entre pays à revenu élevé et pays à revenu faible. A titre d’exemple, au sein des marchés développés, la neutralité carbone peut être considérée comme un seuil minimal pour investir dans un projet qui n’est pas directement centré sur les questions climatiques. Autrement dit, dans les pays à revenu élevé, des objectifs d’impact multiples peuvent être ciblés de manière simultanée pour offrir aux investisseurs un «dividende» sociétal.

En revanche, s’agissant des marchés émergents, l’évaluation de l’impact implique davantage de flexibilité. Les entreprises ayant pour but de faire reculer la pauvreté et de dynamiser la croissance économique dans certains pays émergents (par exemple dans l’Inde rurale, en Indonésie ou en Afrique du Sud) peuvent être moins à même de viser simultanément une réduction de leurs émissions carbone. Les exigences nécessaires pour obtenir un «dividende» sociétal apparaissent donc moindres dans les marchés émergents, mais ceci se justifie étant donné que les pays à revenu élevé représentent 46% des émissions de CO2 mondiales, alors qu’ils ne pèsent que 16% de la population.

Ainsi, les marchés émergents constituent un terrain fertile pour les investisseurs qui souhaitent que leurs portefeuilles puissent activement contribuer à la résolution des grands enjeux actuels. Par rapport au reste du monde, ces pays affichent un potentiel d’amélioration beaucoup plus élevé pour atteindre les ODD des Nations Unies. De plus, l’engagement auprès des entreprises (engagement actionnarial) est un pilier essentiel de l’investissement d’impact, et ceci permet de nouer un dialogue constructif avec des sociétés établies dans des marchés émergents de plus petite taille.

Les normes de gouvernance sont très différentes d’une entreprise à l’autre, et les sociétés ne seront bien sûr pas toutes disposées à s’impliquer. Toutefois, l’impact investing offre aux investisseurs de réelles opportunités pour faire bouger les lignes dans des régions où les standards réglementaires sont généralement plus bas, mais où il existe bien souvent une plus grande volonté de changement.

A la lumière de tous ces éléments, les investisseurs d’impact devraient devenir de plus en plus actifs sur les marchés émergents comme sur les marchés développés dans les années à venir.

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Responsable des actions des marchés émergents chez UBP

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