Drogue et prostitution doperont le PIB de l’Italie

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 23 mai 2014 à 18h41

L'Italie va mettre à jour son calcul du PIB selon les nouvelles normes internationales. En l'occurrence, le calcul de l'économie souterraine sera désormais prise en compte dans la richesse du pays, une aubaine pour l'Italie encore fortement aux mains de la mafia. Mais il n'y a rien d'étonnant, de nombreux pays européens l'ont déjà fait.

La drogue en Italie : une part importante du PIB

Les activités illégales en Italie sont nombreuses, la mafia étant encore très présente dans le pays. Mondialement, le chiffre d'affaires de la seule N'drangheta, la mafia calabraise qui est actuellement la plus puissante dans le pays, est estimé à 53 milliards d'euros par an. En comparaison, Google ne fait un chiffre d'affaires mondial « que » de 43 milliards d'euros.

Prendre en compte donc une partie des revenus de l'économie souterraine va donc booster le PIB du pays, surtout que la vente de drogue pèse pour quasiment la moitié de ce chiffre d'affaires mondial (24,2 milliards d'euros). La prostitution, elle, reste relativement peu importante n'apportant que 370 millions d'euros par an.

Mais l'Istat, l'équivalent italien de l'Insee, estime que l'ensemble de l'économie souterraine en Italie, toutes mafias et autres activités confondues, pourrait être équivalente à 10,9% du PIB, soit un total d'environ 147 milliards d'euros par an.

Or, en septembre 2014, tous les pays européens seront obligés d'intégrer l'économie souterraine dans le calcul de leur PIB ; ils ont voté cette réforme en 2012. Eurostat prévoit que cela va booster le taux de croissance du PIB italien, qui pourrait atteindre de fait 2,4%, bien au-dessus des 1,3% prévus par le nouveau gouvernement de Matteo Renzi.

La France n'a pas encore intégré les activités illégales dans son calcul

C'était le 15 mai 2014, un jeudi : la France avait vu son PIB grimper grâce à l'Insee et ses nouvelles règles de calcul. Des règles de calcul qui ne sont autres que les nouvelles règles qui devraient devenir obligatoires en septembre en conformité avec la demande de l'Union Européenne.

Le PIB français a grossi d'environ 50 milliards d'euros d'un coup mais les activités illégales n'ont pas encore été intégrées au calcul. Dommage, car il faut dire que comme la France est le premier consommateur de cannabis en Europe, les revenus de l'économie souterraine seraient bien importants.

Au total, tous pays confondus, le PIB européen devrait être boosté de 0,5% en prenant en compte l'activité souterraine, selon le think tank « Open Europe ».

Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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