La fin de l’assouplissement monétaire sera peu passionnante

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Par Michael C. Buchanan Publié le 26 octobre 2017 à 5h00
Quantitative Easing Europe Chiffres Argent
2 000 milliards ?Le quantitative easing de la Zone Euro représente plus de 2 000 milliards d'euros.

L’incertitude crée des opportunités dans le domaine du haut rendement, de la dette émergente en devise locale et des prêts bancaires structurés.

La plupart des observateurs font état de la réussite des mesures de la Réserve Fédérale américaine, de la Banque du Japon et de la Banque centrale européenne dans le contexte actuel de spreads serrés et de faibles rendements.

Les banques centrales vont progressivement mettre fin à leur politique de soutien monétaire. Dans ce contexte, ceux qui estiment que la situation actuelle repose principalement sur ces mesures d’assouplissement risquent de s’inquiéter inutilement, craignant que la réduction du bilan de la Fed et des autres banques centrales ne réduise les opportunités d’investissement.

Deux facteurs doivent être pris en considération. D’une part, la croissance économique actuelle est lente, régulière, et associée à une faible inflation ce qui crée un environnement idéal pour les investisseurs obligataires et a engendré une baisse des rendements souverains. Par ailleurs, les entreprises sont en bonne santé et les taux de défaut sont faibles ce qui explique pourquoi les spreads sont plus resserrés qu’à l’ordinaire. Alors que les banques centrales commencent à changer de cap, les investisseurs devraient se focaliser sur ces deux tendances fortes que nous observons sur les marchés.

La présidente de la Fed, Janet Yellen, a déclaré que la réduction du bilan de la banque centrale américaine serait aussi peu spectaculaire « qu’une couche de peinture qui sèche ». Ce processus sera en effet à l’exact opposé des mesures agressives et hardies prises par la Fed au démarrage de sa politique d’assouplissement. Le désengagement sera délicat et nécessitera une surveillance attentive des réactions du marché.

Les rendements sont faibles et les spreads resserrés : il est possible que le meilleur soit derrière nous sur le marché obligataire. Cela dit, il existe encore de belles opportunités sur certains segments spécifiques du marché- notamment les obligations à haut rendement, la dette émergente en devise locale, ainsi que les prêts bancaires et structurés.

Des opportunités d’investissement sur le haut rendement

Les émissions de sociétés notées CCC ont baissé tandis que les émissions de sociétés notées BB ont considérablement augmenté. Ces dernières composent désormais la plus grande partie du marché du crédit à haut rendement.

Une partie de l’augmentation du nombre d’émissions BB provient de sociétés que l’on appelle les « anges déchus » (souvent d’ex-émetteurs Investment Grade rétrogradés dans la catégorie inférieure), dans des secteurs comme l’énergie, la métallurgie et l’industrie minière. Il existe des opportunités intéressantes, pas forcément dans ces secteurs eux-mêmes, mais sur ces crédits BB qui vont très probablement réintégrer la catégorie Investment Grade.

Sur une période d’un an à 18 mois, nous nous attendons à ce que de nombreuses entreprises notées BB intègrent la catégorie Investment Grade : ces « étoiles montantes » pourraient représenter presque une entreprise BB sur 5, d’après notre équipe de recherche.

Les prêts bancaires pourraient devenir attractifs

La plupart des prêts bancaires se situent actuellement au-dessus de leur taux plancher, ce qui signifie qu’ils participeront individuellement aux augmentations du LIBOR et que les performances pourraient commencer à évoluer. Les prêts bancaires ont subi une période de réajustement des prix sans précédent, avec une forte baisse des coupons. Cela survient généralement lorsque la demande de prêts est forte, et lorsqu’une partie significative du marché se négocie au-dessus du pair. Nous pensons que cette vague de réajustement des prix va continuer de tendre à la baisse.

L’une des principales convictions de Western Asset : la dette émergente en devise locale

La classe d’actifs obligataire réalisant les meilleures performances depuis le début de l’année est la dette souveraine locale des marchés émergents. L’indice que nous suivons est en progression d’un peu plus de 16% depuis le début de l’année. Cela pourrait conduire les investisseurs à sous-évaluer les opportunités restantes. Or, les rendements réels continuent à augmenter, créant ainsi un véritable argument en faveur de la dette locale des marchés émergents.

Ceci s’explique notamment par le fait que l’inflation sous-jacente des marchés émergents a tendance à diminuer. Le marché n’a peut-être pas encore complètement intégré cette donnée. L’inflation dans les marchés émergents pourrait s’avérer bénéfique, influencée par les mêmes facteurs que ceux qui ont porté l’inflation sur les marchés développés. Les niveaux de rendements globaux sont encore très élevés.

Dans le domaine des produits structurés, il existe des opportunités sur les emprunts privés

En raison des pressions réglementaires et des contraintes de capitaux propres, les prêteurs traditionnels se sont éloignés de certaines opportunités de petite envergure dans le secteur de l’immobilier résidentiel, commercial ou de la finance spécialisée. Les emprunts privés, contrairement aux prêts syndiqués traditionnels, offrent des opportunités très attrayantes en matière de rendement. Les rendements que nous obtenons se situent entre 5% et 9% : 5% du côté garanti, 9% du côté non garanti. En retour, la liquidité est moindre, mais la contrepartie est plus intéressante que dans le passé, avec des garanties renforcées et une meilleure valorisation des actifs.

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Michael C. Buchanan, Directeur adjoint de la gestion, Western Asset Management (filiale de Legg Mason)

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