Alors que le rapport Gallois, qui doit être rendu public lundi 5 novembre, crée avant même sa publication des remous au sein de la majorité, qui ne semble pas disposée à accepter de se laisser imposer les mesures qu'il recommande, la patronne du Medef, Laurence Parisot, a choisi nos confrères de l'Usine Nouvelle pour lancer un véritable cri d'alarme. Elle implore l'exécutif d'agir vite et fort pour ne pas laisser s'installer le doute chez les entrepreneurs. Sinon ? Sinon la récession et le déclin nous guette estime la présidente du Medef. En voici quelques extraits :
"Laurence Parisot : Je ne suis pas sûre que le discours du président de la République soit à la mesure de la gravité de la situation. Le rapport Gallois représente peut-être notre dernière chance d’éviter l’ornière de la récession, puis du déclin. Je le dis haut et fort car nous, les entrepreneurs, vivons au jour le jour la chute des commandes et les reports d’investissement. L’activité du mois de septembre, cette année, a ressemblé à celle d’un mois d’août. Nous pensons que nous sommes déjà en récession.
L'Usine Nouvelle : Est-on en train de revivre la crise de 2008 ?
Lauence Parisot : En pire, car l’effondrement actuel de l’économie française s’explique principalement par ses propres problèmes. 2008 était la crise des subprimes. 2011, celle de la zone euro. 2012, c’est la crise de l’économie française arrivée dans une impasse. Le taux des prélèvements obligatoires sur les entreprises est maintenant le plus élevé des pays européens, devant la Suède : ils représentent 26,3 % de la valeur ajoutée contre seulement 15,6 % en Allemagne. Cet écart est gigantesque. Les entreprises françaises étouffent. Le président de la République a, certes, tenu un discours respectueux de l’entreprise et je l’ai même entendu prononcer des mots naguère tabous comme "rigidité du travail" ou "compétitivité coût". Mais nous aspirons à bien plus, à un big bang économique.
L'Usine Nouvelle : Un big bang, c’est violent…
Laurence Parisot : Un big bang économique, c’est ce qui se produirait immédiatement si le gouvernement mettait en œuvre une stratégie permettant aux entreprises de reconstituer leurs marges, aujourd’hui les plus faibles d’Europe. S’il enlevait cette rigidité réglementaire qui partout bride notre potentiel. S’il permettait tout simplement la création de richesses. Ce big bang économique, le rapport Gallois peut en donner le signal. Le Medef préconise un mécanisme de "double hélice" permettant à la fois de baisser les cotisations des employeurs et celles des salariés. Simultanément, cette double baisse serait compensée par la double hausse – modérée – de la TVA et de la CSG, les deux outils fiscaux à l’assiette fiscale la plus large. Notre déception sera immense si le rapport Gallois ne propose pas un mécanisme proche."
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