Les trois problèmes à résoudre pour faire progresser les actifs risqués

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Par Mark Burgess Modifié le 29 novembre 2022 à 10h07

A l'approche de la fin de l'année, nous relevons trois problèmes majeurs, qui de notre avis doivent être au moins en partie résolus avant que les actifs risqués ne puissent progresser sensiblement. Le premier concerne les prévisions bénéficiaires, la question étant de savoir si celles-ci sont raisonnables dans un contexte de tassement de la croissance mondiale. Le deuxième souci est d'ordre politique, les dirigeants ont-ils la volonté suffisante de remédier à l'actuelle faiblesse économique qui affecte certaines régions comme la zone euro ? Le troisième problème a trait à la chute d'environ 25% des prix du pétrole depuis l'été, cette évolution est-elle temporaire ou appelée à durer ?

Si l'on se penche sur les bénéfices des entreprises, les récentes actualités en provenance des Etats-Unis étaient certes largement positives, mais le tableau est nettement plus nuancé ailleurs. En Europe, la dernière saison de publication des bénéfices n'a pas donné lieu à des résultats remarquables et nombre d'entreprises du Vieux Continent pâtissent toujours du ralentissement des marchés émergents. Au Japon, le marché boursier a récemment enregistré une forte performance, les sociétés bénéficiant de la dépréciation du yen et du raffermissement du dollar. Ceci dit, l'Abenomics semble perdre de son mordant et la cote de popularité de Shinzo Abe a récemment chuté suite à divers scandales politiques. En Chine, la croissance continue de s'essouffler et l'économie est bien partie pour connaître sa pire performance annuelle depuis 1990.

La détérioration des perspectives de croissance mondiale, tout comme le fait que les autorités sont relativement désarmées face à cette tendance, sont sans conteste préoccupants : de nombreux pays du globe poursuivent une politique monétaire axée sur des taux d'intérêt nuls ou quasi nuls, et même les nations érigées en modèles de « capitalisme durable » telle la Suède ont été contraintes d'abaisser leurs taux d'intérêt à zéro pour contrer le recul des prix. Les mesures de relance budgétaire devraient normalement offrir un certain répit, mais force est de constater que la plupart des gouvernements sont déjà trop lourdement endettés, de sorte qu'aucun accroissement des dépenses en vue de stimuler la croissance n'est à l'ordre du jour. Sur le front de la politique monétaire, la décision prise par le Japon d'élargir ses achats d'actifs tombe à point nommé – en particulier au moment où la Fed met un terme à son assouplissement quantitatif, bien que l'économie allemande soit parmi les plus susceptibles de pâtir de la dépréciation du yen.

Pour les actifs risqués, l'avantage majeur réside dans la relance de la consommation et de l'industrie qui devrait découler de la baisse des prix du pétrole. Pour les nations productrices de pétrole, ceci implique naturellement une pression budgétaire et une volatilité des changes accrues. L'avenir nous dira si le déclin du pétrole est durable ou temporaire seulement. Le recul des prix de l'énergie (et donc la faible inflation) devrait cependant éliminer ou réduire les pressions sur les banques centrales des pays développés, de sorte qu'elles ne devraient pas envisager de relèvements de taux avant le second semestre 2015 au moins.

Dans notre modèle d'allocation d'actifs, nous préférons toujours les actions aux obligations. Au regard des incertitudes précitées en termes de croissance et de politique, nous attendons toutefois d'obtenir une plus grande transparence sur les bénéfices ainsi que des valorisations meilleur marché pour accroître notre exposition. A leurs niveaux actuels, les rendements des emprunts souverains des pays centraux nous paraissent très peu justifiés, mais la présente dynamique de croissance et d'inflation suggère qu'ils pourraient rester bas durant un certain temps encore.

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Mark Burgess est Chief Investment Officer de Threadneedle Investments depuis janvier 2011. Il est responsable de la performance des fonds de Threadneedle sur tous les classes d’actifs. Il dirige également le comité d’allocation d’actifs de Threadneedle. Avant de rejoindre Threadneedle en novembre 2010, Mark Burgess était responsable marchés actions chez Legal & General Investment.

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