Lignes TGV : l’exemple espagnol va-t-il inspirer la France ?

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Par Michel Delapierre Modifié le 8 octobre 2019 à 11h39
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Le processus de libéralisation actuellement en cours en Espagne laisse entrevoir ce qu’il pourrait se passer en France dans les prochains mois.

Ouverture à la concurrence en 2020

En effet, contraint par la règlementation européenne, le marché des lignes à grande vitesse (10% du trafic actuel en France) doit être ouvert à la concurrence au plus tard d’ici le mois de décembre 2020 pour une mise en service en 2021.

En Espagne, toutes les entreprises intéressées pour opérer ce type de lignes devront avoir déposé leurs offres auprès du régulateur espagnol, ADIF, le 31 octobre 2019.

La procédure en cours concerne trois lignes principales : Madrid Barcelone, Madrid Séville Malaga et Madrid Valence Alicante. Pour chacune de ces lignes les opérateurs peuvent répondre de 3 manières. Un lot A qui correspond à une offre pour 2 trains par heure, un lot B pour un train par heure et un lot C pour 5 trains par jour.

Afin d’assurer une réelle ouverte du marché à la compétition, l’ADIF a prévu que le gagnant d’un lot ne pourra obtenir les autres. La Renfe, opérateur historique espagnol à qui toutes les sources proches du dossier promettent le lot A, devra donc, quoi qu’il arrive, faire face à des compétiteurs sur ses lignes.

Ce scénario sera-t-il repris en France ? Pour l’instant, le sujet fait encore débat et de nombreuses questions ne sont pas réglées : financement des infrastructures et de la dette du gestionnaire ; financement des rénovations du réseau ; obligations de service public.

Les opérateurs répondent présents

Côté espagnol, le nombre de lignes et les conditions par lots semblent attirer les opérateurs. La SNCF, le britannique Virgin devraient faire une offre. Les italiens Trenitalia et la compagnie privée NTV Italo seraient également intéressés. Renfe sera également concurrencée par des opérateurs espagnols privés disposant des licences ferrovières d’exploitation, Isla, Acciona, Asla, Globalvia.

Pour l’avocat Manuel Lopez, partenaire du cabinet d’avocats Ashurst qui travaille sur le processus de libéralisation, « le gouvernement espagnol souhaite s’assurer du succès de l’opération pour le transport de voyageurs après l’échec de la libéralisation du marché du frêt. Sur le frêt, Renfe possède toujours 90% ». « Le processus d’appel d’offres par 3 types de lot offre une réelle possibilité de compétition. Les entreprises l’ont bien compris et je pense qu’elles seront nombreuses à déposer des offres ».

Une vraie libéralisation?

Pour le Dr. Andréa Giuricin, expert du secteur et conseiller spécial de NTV Italo, « le marché espagnol est attractif car il reste de grandes marges de développement à la fois sur l’exploitation du réseau et la demande commerciale ». « En Italie la libéralisation a permis faire baisser les prix des billets de 40% et d’augmenter la demande 108% entre 2011 et 2018.

En Espagne, la vraie question reste comment cette libéralisation va-t-elle fonctionner concrètement ? Dans la pratique (ndlr : partage des voies, des infrastructures de garages, par exemple), comment le marché va-t-il s’ouvrir aux acteurs privés et étrangers concurrents de la Renfe ? S’agira-t-il d’une vraie libéralisation ? ». « Ce sont des questions importantes pour les opérateurs privés qui ont besoin d’évaluer les risques et n’ont pas l’assise financière d’opérateurs étatiques ».

Des risques qui vont probablement pousser les prétendants à s’allier et former des consortiums. Pour l’instant, aucun regroupement n’a été officialisé mais les négociations vont bon train. Les principales alliances seront connues d’ici le 31 octobre mais ne seront pas forcément figées dans le temps. Elles pourraient encore évoluer en fonction des éclaircissements donnés par l’ADIF sur le processus de libéralisation. Une situation floue qui, après des mois d’hésitations sur d’éventuels partenariats, pourrait pousser la SNCF à déposer une offre en solo.

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