Quand la politique familiale devient la variable d’ajustement des finances publiques

Marielauregageydesbrosses
Par Marie-Laure des Brosses Publié le 9 octobre 2014 à 4h56

Depuis deux ans, les gouvernements socialistes successifs avaient déjà largement mis à contribution les familles avec la baisse répétée du quotient familial, la hausse de la TVA et le gel d’un certain nombre de prestations familiales. Quelques améliorations ponctuelles de certaines petites allocations pour les familles défavorisées n’ayant en aucune façon contrebalancé les économies faites sur le dos de la grande majorité des familles.

Et voici qu’avec l’arrivée de la loi de financesn 2015 et de son pendant, le Plan de Financement de la Sécurité Sociale, la créativité du gouvernement se déchaîne pour trouver des mesures qui pourraient pénaliser les familles au prorata du nombre d’enfants qu’elles auront accueillies. C’est d’abord Marisol Touraine qui a annoncé le 29 septembre la possibilité d’économiser 300 à 400 millions d’euros en réduisant les possibilités de congé parental et également d’alléger de 200 millions d’euros le budget « prime de naissance » en réduisant à 308 euros contre 923 la prime de naissance à partir du 2ème enfant. Ce sont des députés socialistes qui ont suggéré mardi 7 octobre de moduler les allocations familiales en fonction des revenus.

Face à ces propositions, les réactions au minimum dubitatives et le plus souvent hostiles se multiplient : associations familiales, regroupement spontanés sur les réseaux sociaux mais aussi des élus de tout bord, y compris dans les rangs de la majorité et même du gouvernement. Il faut remarquer que cette politique, annoncée à quelques semaines à peine du vote définitif du budget 2015 n’a fait l’objet d’aucune concertation et surtout pas avec les associations familiales que le gouvernement semble éviter comme si elles avaient Ebola.

Certaines mesures annoncées, comme la réduction des possibilités de congé parental, risquent d’être totalement contreproductives, un enfant gardé en crèche ou chez une assistante maternelle coûtant beaucoup plus cher que s’il est gardé dans le cadre du congé parental. La plupart de ces mesures sont d’autant plus injustes qu’elles s’attaquent à certaines familles : celles qui vont mettre au monde un enfant, celles où les mères travaillent, … tout en en épargnant d’autres. Ce sentiment d’injustice et d’improvisation ne peut que révolter les familles concernées.

La dernière mesure annoncée semble très « socialiste » puisqu’elle s’en prendra aux familles les plus aisées mais en réalité elle est avant tout anti-famille puisque les familles « aisées » seront d’autant plus pénalisées qu’elles accueilleront plusieurs enfants, les ménages ayant de hauts revenus mais peu ou pas d’enfants n’étant en rien concernés. Un dernier point est peu évoqué : la plupart de ces nouvelles mesures ne concernent pas les familles dont les enfants sont déjà bénéficiaires des allocations mentionnées. Ce sont les familles qui seront dans ces cas de figure à compter de 2015 qui sont visées : celles qui vont accueillir un enfant supplémentaire. De nombreuses familles pourraient se sentir soulagées d’être ainsi exclues des dispositifs mais est-il juste dans un pays endetté de continuer à protéger son petit confort et de faire rembourser l’addition par les bébés à venir et leurs familles ?

Il faut certes que la France revienne à plus de vertu budgétaire mais ce sont des réformes en profondeur, des réflexions de fond sur l’optimisation de chaque politique qui sont nécessaire et pas des coups de pattes acérés et brouillons sur telle ou telle prestation qui permettront d’améliorer durablement les finances de notre pays.

Laissez un commentaire
Marielauregageydesbrosses

Marie-Laure des Brosses est diplômée d'HEC. Après 15 ans dans le marketing et la publicité, elle se met à son compte en 2002 comme Conseil en Management de l'Innovation. Passionnée par les solutions pour concilier vie professionnelle et vie familiale, elle est engagée chez Make Mothers Matter (ex Mouvement Mondial des Mères) depuis plusieurs années pour faire entendre la voix des mères auprès des pouvoirs publics. Présidente de MMM France de 2011 à 2017, elle en est aujourd'hui la porte-parole.

Aucun commentaire à «Quand la politique familiale devient la variable d’ajustement des finances publiques»

Laisser un commentaire

* Champs requis