ISF : une poule aux oeufs d’or à 5,3 milliards… qu’on tue à petit feu ?

Photo Jean Baptiste Giraud
Par Jean-Baptiste Giraud Modifié le 7 avril 2015 à 10h53

Jamais l'ISF, l'impôt sur la fortune, n'avait autant rapporté. La collecte attendue pour 2014 s'élève à 5,3 milliards quand les prévisions d'il y a six mois donnaient "seulement" 4,63 milliards ! En cause, principalement, la hausse de 20 % des indices boursiers sur un an, sachant que les actions entrent bien entendu dans la déclaration ISF.

Résultat, si les prévisions se réalisent (ce qu'elles ne font pas toujours, il manque par exemple rien moins que 5 milliards d'impôts en 2013 par rapport justement aux prévisions) le milliésime 2014 dépasserait de 300 millions d'euros l'année 2012 pourtant présentée comme exceptionnelle, à 5 milliards d'euros tout rond, en raison de la suppression du plafonnement et de la surtaxe d'ISF votée par la gauche à son arrivée.

Mais il n'y a pas que la hausse des indices boursiers pour expliquer les excellentes performances de l'impôt sur la fortune. L'autre explication vient de la lutte contre l'évasion fiscale. Le flot de dossiers de régularisation qui parviennent à Bercy -on parle déjà de plus de 25 000 dossiers - entre, après taxation pour non déclaration, dans le périmètre de l'ISF "comme les autres". Christian Eckert, secrétaire d'Etat au Budget, évalue à 250 millions d'euros d'ISF collectés en plus chaque année grâce au rapatriement des avoirs nons déclarés à l'étranger.

Maintenant, ce genre d'annonces, puisque Bercy a brandi fiérement ce résultat hier, présente un risque. Les assujettis à l'ISF dont le patrimoine dépasse 2,57 millions d'euros, qui ont jusqu'à lundi 15 juin pour déposer leur déclaration et payer leur impôt, se font de plus en plus conseiller pour la remplir, et se font proposer des stratégies d'optimisation pour payer moins d'ISF en 2015. Investissement au capital de PME, mais surtout, achat d'objets d'art - totalement éxonérés d'ISF - font partie des principaux mécanismes pour réduire le montant de l'impôt, mais il existe des dizaines d'autres ficelles parfaitement légales. A trop entendre que l'ISF n'a jamais aussi bien marché, ceux qui feront un gros chèque cette année pourraient être tentés de se pencher sur le sujet pour payer moins l'an prochain...

Photo Jean Baptiste Giraud

Jean-Baptiste Giraud est le fondateur et directeur de la rédaction d'Economie Matin.  Jean-Baptiste Giraud a commencé sa carrière comme journaliste reporter à Radio France, puis a passé neuf ans à BFM comme reporter, matinalier, chroniqueur et intervieweur. En parallèle, il était également journaliste pour TF1, où il réalisait des reportages et des programmes courts diffusés en prime-time.  En 2004, il fonde Economie Matin, qui devient le premier hebdomadaire économique français. Celui-ci atteint une diffusion de 600.000 exemplaires (OJD) en juin 2006. Un fonds economique espagnol prendra le contrôle de l'hebdomadaire en 2007. Après avoir créé dans la foulée plusieurs entreprises (Versailles Events, Versailles+, Les Editions Digitales), Jean-Baptiste Giraud a participé en 2010/2011 au lancement du pure player Atlantico, dont il est resté rédacteur en chef pendant un an. En 2012, soliicité par un investisseur pour créer un pure-player économique,  il décide de relancer EconomieMatin sur Internet  avec les investisseurs historiques du premier tour de Economie Matin, version papier.  Éditorialiste économique sur Sud Radio de 2016 à 2018, Il a également présenté le « Mag de l’Eco » sur RTL de 2016 à 2019, et « Questions au saut du lit » toujours sur RTL, jusqu’en septembre 2021.  Jean-Baptiste Giraud est également l'auteur de nombreux ouvrages, dont « Dernière crise avant l’Apocalypse », paru chez Ring en 2021, mais aussi de "Combien ça coute, combien ça rapporte" (Eyrolles), "Les grands esprits ont toujours tort", "Pourquoi les rayures ont-elles des zèbres", "Pourquoi les bois ont-ils des cerfs", "Histoires bêtes" (Editions du Moment) ou encore du " Guide des bécébranchés" (L'Archipel).

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