L’OMS et Jamie Oliver veulent la mort du tigre, du coq et de l’abeille

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Par Bill Wirtz Publié le 30 août 2018 à 5h00
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58 millions €Jamie Oliver aurait gagné en 2018 la jolie somme de 58 millions d'euros.

Les « défenseurs de la santé publique » se tournent vers un grave danger que personne n’a vu venir : les héros dessinés sur les boîtes de céréales.

Et oui, Tony le Tigre, Cornelius le Coq ou Pops l’Abeille voudraient tous du mal à nos enfants… mais pas de panique ! L’Union européenne, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et Jamie Oliver sont là pour nous protéger. Le chef cuisinier médiatisé, Jamie Oliver, s’en prend en effet aux personnages de bande dessinée sur les boîtes de céréales : au mois de mai, Oliver a prétendu que les figures de super héros ne devraient pas être utilisées pour « colporter de la camelote ».

En témoignant devant le comité de santé et de soins sociaux de la Chambre des communes britannique, qui cherche des solutions sur la lutte contre l’obésité infantile, Oliver disait : « J’aime Tony [le Tigre] autant que tout le monde, mais j’aimerais voir des figures ambitieuses qui ont une influence sur nos enfants, dans leurs yeux et leur fantaisie« . Daniel Pryor de l’Adam Smith Institute a partagé un tweet dans lequel il expliquait comment Oliver lui-même utilisait un personnage de dessin animé – Moshi Monster – pour promouvoir un muffin contenant 33,9 g de sucre, soit environ 10 g de plus que la limite quotidienne de sucre recommandée pour les enfants âgés de sept à 10 ans (selon le service national de santé britannique).

Jamie Oliver a enlevé la vidéo depuis, s’étant fait rattraper par sa propre logique contradictoire de « faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais ». Mais son idée a déjà retenu l’attention des législateurs : au Chili, les personnages de dessins animés ont déjà été interdits. L’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui a fait de la lutte contre les maladies non transmissibles (MNT) une priorité (par exemple, les maladies auto-infligées), écrit dans un rapport de 2010 sur sa stratégie mondiale sur l’alimentation, l’activité physique et la santé : « Etant donné que l’efficacité du marketing est fonction de l’exposition et de la puissance, l’objectif général de la politique devrait être de réduire à la fois l’exposition des enfants aux aliments riches en graisses saturées, en acides gras trans, en sucres libres ou en sel, et au pouvoir de son marketing. »

En conséquence, l’OMS a avancé dans la définition exacte de ce que ces restrictions devraient impliquer. En 2012, cet organisme des Nations Unies a annoncé vouloir limiter la commercialisation de ces produits aux enfants, avec un document cadre sur la mise en oeuvre des politiques. Ici, l’OMS donne un exemple de la façon dont les prescriptions politiques pourraient être mises en oeuvre : « Eliminer toutes les formes de commercialisation de tous les produits auxquels un large éventail d’enfants sont exposés, avec une définition large de ce qui constitue un marketing destiné aux enfants. »

Dans un article publié en 2014, l’OMS citait Amanda Long, Directrice générale de Consumers International, une organisation mondiale de défense des droits des consommateurs : « Les entreprises alimentaires dépensent des milliards de dollars pour développer un marketing qui fonctionne vraiment ». Notez que « l’organisation des droits des consommateurs » n’implique aucun droit pour les parents-consommateurs de choisir ce qu’ils estiment bon pour leurs propres enfants. Le message des propositions du Conseil de l’UE récemment adoptées sur les restrictions de commercialisation reprend les vues de l’OMS. Les ministres considèrent qu’il s’agit d’une question de protection des consommateurs, ainsi que de « réduction des inégalités de santé » et de prévention.

Ces organismes font montre d’une méfiance accrue à l’égard de l’éducation prodiguée par les parents. Interdire les personnages de dessins animés ne sera que la prochaine étape de l’Etat-nounou. Le simple fait qu’un pays ait déjà mis en oeuvre la mesure donnera l’occasion aux « défenseurs de la santé publique » (je continuerai à les appeler ainsi jusqu’à ce que je sois convaincu que c’est ce qu’ils défendent) de jouer avec les statistiques et d’aller jusqu’à rédiger un rapport présentant cette interdiction comme étant « un succès massif ». Il y a quelques années, cette idée d’interdire les personnages de dessins animés sur des boîtes de céréales aurait pu nous sembler étonnante. Pourtant, l’Etat-nounou nous a amenés jusqu’ici et nous ne sommes plus guère surpris par les suggestions douteuses de ceux qui saisiront toutes les occasions pour prétendre qu’ils « pensent aux enfants ».

En réalité, sensibiliser aux conséquences des excès de sucre et de graisse est la bonne façon d’aborder ce problème : cela donne du pouvoir aux consommateurs et leur fournit des informations, tout en adoptant une approche non-paternaliste. Cette approche paternaliste consistant à interdire les personnages de bande dessinée est une politique publique paresseuse. Les marques sont importantes pour les consommateurs : elles nous procurent de la joie, elles fidélisent la clientèle. Le prix à payer pour vivre dans une société libre, est de devoir prendre nos responsabilités et d’assumer nos propres choix. Entre un enfant qui veut un produit et l’achat réel, il y a encore un adulte servant d’intermédiaire. Si, cependant, nous commençons à infantiliser les deux, alors nous sommes coincés avec deux enfants qui dépendent de l’Etat.

Pour plus d’informations, c’est ici et c’est gratuit

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Bill Wirtz est analyste de politiques pour le Consumer Choice Center. Ses articles sont publiés par Le Monde, Le Figaro, Les Echos, Le Soir, La Libre Belgique et L’Echo.

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