Enfer et Paradis…fiscaux !

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Par Charles Sannat Modifié le 9 avril 2013 à 13h55

Je souhaitais aujourd'hui partager avec vous mes petites réflexions autour de l'enfer et du paradis, fiscal s'entend.

D'ailleurs c'est vraiment d'actualité puisque notre grand Mélenchon du Front de Gauche, après son « épuration éthique » d'un goût particulièrement douteux, lorsque l'on connaît les fragilités interethniques de notre pays, continue dans la série dérapages verbaux, lors de son message de condoléances, suite au décès de Margaret Thatcher, puisqu'il vient de déclarer sur son compte Twitter : « Margaret Thatcher va découvrir en enfer ce qu'elle a fait aux mineurs ».

C'est peut-être une bonne nouvelle finalement cette déclaration. Si Mélenchon se met à croire à l'enfer qui sait si au bout du compte il ne sera pas frappé par la grâce divine. En tout cas ces sorties outrancières non seulement ne le servent pas, mais en plus ne sont pas à la hauteur des enjeux économico-politiques actuels.

Enfin et c'est très important, en se lançant dans ce type de tirade à répétition, lui le pourfendeur du Front National, rend un fier service à Marine Le Pen en la faisant passer, en comparaison, pour une femme d'une extrême pondération. Peut-être y-aurait-il quelqu'un pour expliquer à notre Mélenchon que l'enfer aussi est souvent pavé de bonnes intentions...

Avant donc de poursuivre notre causerie au coin du feu sur l'enfer et le paradis, je tenais à vous faire part d'une très mauvaise nouvelle. Mais alors très mauvaise. Pendant la deuxième guerre mondiale mais en fait c'est pendant toute les guerres, lorsque la mort rode chaque jour, les troupes sont assez superstitieuses. Personne ne veut faire équipe ou prendre avec soi un soldat qui n'a pas de chance... Ca se comprend. Il y a des gens comme ça qui portent le « mauvais œil ».

Dans la gestion patrimoniale c'est la même chose. Vous avez des gens qui sont toujours, toujours à contre-courant. C'est très pratique d'en avoir dans son entourage. C'est le meilleur des indicateurs. Vous savez que quand ils achètent quelque chose, c'est le moment pour vous de revendre, tout ce que vous possédez de ce quelque chose en question, avant le grand effondrement.

Lagarde: l'euro a « un avenir à long terme »

C'est le cas de notre Christine Lagarde. A se demander même si en fait elle ne lance pas des messages codés destinés à une petite minorité d'initiés qui auraient avec eux une grille de décodage.

Il suffit que Christine dise un truc, pour qu'il se passe l'inverse. Alors aux vues des dernières déclarations de notre Directrice Générale du FMI je dois vous le dire je suis particulièrement inquiet.

Oui Christine Lagarde voit un avenir à long terme pour notre monnaie l'euro, ce qui dans les faits va se transformer inévitablement en une nouvelle « lagourderie », lorsque dans 15 jours l'euro va nous exploser à la figure. Si Dame Christine nous explique qu'un machin a un avenir à long terme c'est que les jours du machin sont désormais comptés.

Tic-Tac, Tic-Tac, d'ailleurs de vous à moi je suis sûr d'avoir raison (mais je préférerais largement avoir tort). Les jours de l'euro sont comptés.

La directrice générale du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, a estimé dimanche lors d'un forum économique en Chine que « l'euro avait un avenir solide et a souhaité qu'aucun autre pays européen n'ait besoin à l'avenir d'un plan de sauvetage de l'UE et du FMI ».

Voilà, Christine, le problème. C'est justement l'absence de besoin de nouveau plan de sauvetage. Alors je me moque, je me moque, mais en fait Christine est une femme très intelligente (malgré les « lagourderies » faites pour amuser la galerie). Le message subliminal de la patronne du FMI est, en fait, assez clair pour ceux qui veulent bien comprendre.

S'il n'y a plus besoin de plan de sauvetage alors l'euro aura un avenir à long terme. Le petit souci, c'est que la liste des pays à sauver augmente à vitesse grand V et qu'il n'y a plus de sous dans les caisses, puisque je vais répéter encore une fois, les données qui président au fonctionnement des machins de sauvetage européens, qu'ils se nomment MES ou FESF, ne changent rien puisqu'il s'agit dans tous les cas : d'essayer de sauver les pays qui font naufrage en demandant à des pays surendettés de payer pour eux, ce qui met tout le monde en faillite.

Interrogée sur l'éventualité d'autres crises dans l'UE, Madame Lagarde a même répondu: « Je n'ai pas de boule de cristal ». Elle, sans doute aussi va nous faire le coup du « on ne pouvait pas savoir » pour la Slovénie, pour la Hongrie, et pour les trois-quarts des pays européens dont les finances publiques sont exsangues.

J'ai adoré aussi cette phrase : « mon plus cher espoir est qu'il n'y ait pas d'autre pays européen en difficulté qui aurait besoin d'une aide à la fois des partenaires européens et du FMI ».

Ce que vous pouvez traduire par un « s'il vous plait Messieurs Dames, pas plus d'un à la fois dans la chaloupe de sauvetage car sinon le canot coule... ». Le problème, c'est que vous avez 480 millions d'européens sur un Titanic en train de sombrer sous vos yeux. Mais comme l'orchestre joue encore vous ne vous rendez compte de rien ou presque.

Quand la Directrice du FMI nous explique pas plus d'un plan d'aide à la fois... cela en dit long sur l'avenir de long terme de notre monnaie unique.

Enfer et Paradis... (fiscal)
Que n'entend-on pas ces derniers jours sur les paradis fiscaux. Alors au risque d'être politiquement incorrect je souhaitais rappeler tout de même quelques grandes vérités qu'il ne faudrait pas occulter dans toute cette agitation et ce tumulte médiatique car on mélange à peu près tout et n'importe quoi.

Ce matin, par exemple Xavier Niel le patron de Free a été assez vertement interrogé sur ses éventuels comptes à l'étranger. Actionnaire de 800 à 900 start-up, il a ironisé en disant qu'il était peut-être bien actionnaire d'une société de traitement de l'eau aux Iles Caïman... La belle affaire.

Nos hommes politiques et nos élites au sens large ont voulu et souhaité la mondialisation. Cela signifie concrètement une mondialisation des échanges y compris des échanges financiers. Il ne faut pas confondre avoir une société en Suisse qui fabriquerait par exemple des montres Suisses et dont cette société aurait un compte en banque Suisse, et vous pourriez même percevoir des rémunérations en provenance de Suisse en parfaite légalité.

Encore une fois, il ne faut pas confondre les réalités économiques avec de l'évasion fiscale. Il ne faut pas non plus mélanger tout cela avec l'optimisation fiscale qui, dans certaines limites fixées par le droit ou par l'interprétation du droit (jusqu'à un jugement pouvant faire jurisprudence), est parfaitement légale. Demandez à Google ou à Amazon sans oublier Apple qui sont des pro de l'optimisation fiscale.

Avoir un compte à l'étranger est légal !
Et ce presque, quel que soit le pays. Encore faut-il, pour respecter la loi, le déclarer à l'administration fiscale. Je peux considérer que mon argent, gagné et déjà imposé en France, sera plus en sécurité dans une petite banque privée Suisse. Si je déclare l'ouverture de mon compte à l'administration fiscale et que je communique même à chaque fois que j'y envoie des fonds, mon action sera parfaitement légale.

Et la concurrence fiscale ou le dumping fiscal
Il ne faut pas non plus oublier que l'Europe et la Commission Européenne ont pendant des années organisé au sein même de l'Europe une véritable concurrence fiscale au moins disant fiscal.

L'Irlande en est un sacré exemple ! Le Royaume-Uni un second, le Luxembourg un troisième, l'Autriche un quatrième. Le tout en mettant en place une libre circulation totale des biens des personnes et des capitaux. Et l'on découvre en 2013 « l'eau chaude » de l'optimisation fiscale

Le gros mensonge du montant de la Fraude !
Les chiffres avancés sont stupides et ne correspondent à rien de chiffré convenablement. Il s'agit plus de manipulations que d'autres choses. Pourtant la règle pourrait être simple. Toute activité économique réalisée en France devrait être taxée en France. Mais les grandes multinationales ne l'entendent certainement pas de cette oreille-là. Regardez le cas de la taxe dite taxe « Google ».

Ce qui nous coûte le plus cher, ce n'est pas la fraude de plus en plus contrôlée et surveillée. Non ce qui nous coûte cher, très cher en manque à gagner, c'est évidemment l'optimisation fiscale officielle et légale, ou en tout cas tolérée de la part des grands groupes, à commencer par nos entreprises du CAC 40 imposées à un taux moyen de 9% sur les bénéfices, ce qui ne fait pas lourd par rapport aux 33% de la moindre de nos TPE ou PME.

Paradis et enfer ne peuvent exister l'un sans l'autre
Le paradis fiscal n'existe que parce que son exact miroir, l'enfer fiscal existe. Les deux sont intimement liés. L'un ne peut exister sans l'autre. Avec une taxe à 75% nous vivons dans un enfer fiscal ce qui réduit le consentement à l'impôt puisque les citoyens se sentent profondément volés. Et peut-on seulement le leur reprocher (je parle du consentement bien sûr)?

Disons simplement que ce qui est insupportable dans toute cette histoire, ce n'est pas la triche. Je pense même que l'on doit pouvoir tricher ou sortir des sentiers battus car de la liberté nait la création et l'invention, même si cela s'accompagne de débordements qu'il faut savoir limiter.

Ce qui est insupportable c'est que ceux-là mêmes qui votent des lois coercitives fiscalement à l'égard du peuple et des entrepreneurs en les taxant chaque année un peu plus, ne s'appliquent pas à eux-mêmes ce qu'ils font subir aux autres. Il est possible au bout du compte que lorsque nos mamamouchis devront payer autant que nous et comme nous... qu'ils se disent finalement que baisser les dépenses pourrait être une bonne idée.

Mais avant il faudra faire faillite, et l'euro devra disparaitre comme vient de nous l'annoncer Madame Lagarde.

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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