120 patrons ivres dans un TGV : c’était une intox

Photo Jean Baptiste Giraud
Par Jean-Baptiste Giraud Publié le 20 juin 2014 à 13h07

C'est sûr que 120 "patrons" ivres dans un TGV, ca fait vendre du papier. Plusieurs médias ont rapporté qu'un train circulant jeudi entre Bordeaux et Lille a été arrêté en gare de Poitiers, et que des policiers en tenue anti-émeute sont intervenus pour évacuer les passagers éméchés : des patrons qui revenaient d'un congrés, qui se trouvaient à bord.

Sauf qu'il manquait un bout à l'histoire, à commencer évidemment par l'impact de la grève. Les 120 passagers en question, de retour d'un congrès qui se déroulait à Bordeaux, ont du monter dans un train déjà bondé puisque leur train (dans lequel ils avaient réservé deux wagons) avait été annulé. Faute de place, ils ont colonisé la voiture bar, la rendant techniquement difficile d'accès aux autres passagers du train sachant que 120 passagers dans la voiture bar, il devait en effet faire chaud...

Le CJD (centre des jeunes dirigeants) qui organisait le congrès s'est fendu ce matin d'un communiqué pour donner plus de détails :

"Ces dernières heures de nombreux médias se sont fait l'écho de l'expulsion par les forces de l'ordre de 120 chefs d'entreprise d'un TGV en gare de Saint-Pierre-des-Corps à proximité de Tours. Tous ont à peu près repris tel quel le titre du quotidien local "120 patrons ivres bloquent un train". Dans la soirée de jeudi les brèves se sont succédées, surenchérissant avec des informations infondées et souvent fausses. Le Centre des Jeunes Dirigeants d'entreprise, dont le Congrès auquel se rendaient les entrepreneurs incriminés se tient à Lille en ce moment, souhaite rappeler les faits. 150 dirigeants d'entreprise aquitains devaient quitter Bordeaux pour Lille ce jeudi à 9h. Avec des billets bien valables. 2 wagons entiers avaient été réservés pour l'occasion. Le TGV ayant été supprimé à cause des grèves, la SNCF a conseillé aux voyageurs d'emprunter le suivant. Comme tous les usagers malheureux depuis 10 jours, ils sont donc montés dans un train déjà plein. 150 personnes ne pouvant stationner entre les wagons, ils se sont regroupés dans le wagon-restaurant. Wagon dans lequel ils ont parlé, rigolé et chanté des chants basques. Le barman, qui - il est vrai - pouvait difficilement faire son travail dans un wagon totalement plein, a fermé son bar.

A l'arrêt Saint-Pierre-des-Corps, les voyageurs du TGV n°5277 ont eu la surprise de voir débarquer des policiers en tenue, casqués, venus déloger les "fauteurs de trouble". Le temps de les faire descendre puis remonter, le TGV repartait avec 1 heure de retard. Nous tenons à affirmer avec force qu’aucune personne n’était ivre. Ni les forces de l’ordre, ni la SNCF n'auraient autorisé des personnes ivres à reprendre le train. Tout le monde est bien reparti dans une ambiance conviviale. Comme la SNCF l'a stipulé dans un communiqué, AUCUNE dégradation n'a été commise. Aucun acte malveillant, aucune parole déplacée, donc aucun incident en soi. La décision de faire intervenir les forces de l'ordre apparaît difficile à comprendre. Nous regrettons cet incident ainsi que la gêne occasionnée aux voyageurs. Nous notons aussi que les forces de l’ordre se sont elles-mêmes posées la question du pourquoi de cette intervention tant le climat et l’état d’esprit étaient bon enfant.
Plus efficace que des mots nous vous invitons à jeter un œil à la photo, bonne illustration de nos propos. "

Photo Jean Baptiste Giraud

Jean-Baptiste Giraud est le fondateur et directeur de la rédaction d'Economie Matin.  Jean-Baptiste Giraud a commencé sa carrière comme journaliste reporter à Radio France, puis a passé neuf ans à BFM comme reporter, matinalier, chroniqueur et intervieweur. En parallèle, il était également journaliste pour TF1, où il réalisait des reportages et des programmes courts diffusés en prime-time.  En 2004, il fonde Economie Matin, qui devient le premier hebdomadaire économique français. Celui-ci atteint une diffusion de 600.000 exemplaires (OJD) en juin 2006. Un fonds economique espagnol prendra le contrôle de l'hebdomadaire en 2007. Après avoir créé dans la foulée plusieurs entreprises (Versailles Events, Versailles+, Les Editions Digitales), Jean-Baptiste Giraud a participé en 2010/2011 au lancement du pure player Atlantico, dont il est resté rédacteur en chef pendant un an. En 2012, soliicité par un investisseur pour créer un pure-player économique,  il décide de relancer EconomieMatin sur Internet  avec les investisseurs historiques du premier tour de Economie Matin, version papier.  Éditorialiste économique sur Sud Radio de 2016 à 2018, Il a également présenté le « Mag de l’Eco » sur RTL de 2016 à 2019, et « Questions au saut du lit » toujours sur RTL, jusqu’en septembre 2021.  Jean-Baptiste Giraud est également l'auteur de nombreux ouvrages, dont « Dernière crise avant l’Apocalypse », paru chez Ring en 2021, mais aussi de "Combien ça coute, combien ça rapporte" (Eyrolles), "Les grands esprits ont toujours tort", "Pourquoi les rayures ont-elles des zèbres", "Pourquoi les bois ont-ils des cerfs", "Histoires bêtes" (Editions du Moment) ou encore du " Guide des bécébranchés" (L'Archipel).

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