Quand un chiot décide des marchés

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Par Bill Bonner Publié le 15 octobre 2021 à 5h00
Pexels David Mcbee 730564
84 000 dollarsUn musée a prêté 84 000 dollars à un artiste qui a gardé l'argent et a appelé cela de l'art

Elon Musk – ou plutôt son chien – fait parler de lui, pendant que les start-ups se transforment en jeu et qu’un « cambriolage » inédit a lieu dans un musée danois : décidément, le monde de l’investissement a perdu la tête.

Parlons un peu d’Elon Musk.

Évidemment, c’est une bête de scène… et pour des intervenants boursiers hystériques, il est devenu une sorte de joueur de flûte de Hamelin. Lorsqu’il place la flûte à ses lèvres… le silence se fait dans le casino… puis tout le monde se met à danser en mesure.
Il lui suffirait de mentionner qu’il aime le kouign-amann… pour qu’il y ait immédiatement pénurie de beurre dans les supermarchés.

Vous pensez que nous plaisantons ?

Voici Joanna Ossinger, de Bloomberg :

« La cryptomonnaie Shiba Inu est désormais la 20ème plus importante au monde en termes de valeur de marché, et elle a plus que triplé [il y a quelques jours], alimentée en partie par de récents tweets d’Elon Musk au sujet de son propre petit chien.
Le jeton SHIB, fondé sur une race de chiens de chasse japonais, a grimpé de 69% supplémentaires en 24 heures, selon la cotation de CoinGecko, ce qui porte sa valeur de marché à plus de 10 Mds$.
[…] Un tweet du patron de Tesla Inc., portant l’image d’un chien et le commentaire ‘Floki Frunkpuppy’ pourrait avoir également contribué à la frénésie. Cela faisait suite à un tweet de juin, qui disait : ‘mon shiba s’appellera Floki’, puis un le mois dernier déclarant : ‘Floki est arrivé’.
»

L’art du vol

Parallèlement, sur le marché de l’art… il s’est passé quelque chose d’incroyable. Logique… quasiment inévitable… mais tout de même insensé. CNN nous en dit plus :

« Un musée a prêté 84 000 $ à un artiste – qui a gardé l’argent et a appelé cela de ‘l’art’.
Lors de l’ouverture d’une exposition sur l’avenir du travail dans un musée d’art danois […], les visiteurs auraient dû pouvoir contempler deux grands cadres remplis de billets de banque, pour une valeur totale de 84 000 $.
Ces pièces étaient censées reproduire deux œuvres de l’artiste Jens Haaning, qui avait auparavant utilisé des espèces encadrées pour représenter le salaire annuel moyen d’un Autrichien et d’un Danois – respectivement en euros et en couronnes danoises.
Mais lorsque le Kunsten Museum of Modern Art d’Aalborg a accusé réception des œuvres recréées, avant l’exposition, le personnel de la galerie a fait une découverte surprenante : les cadres étaient vides. Loin d’être l’œuvre de voleurs, l’argent prêté avait disparu grâce à Haaning lui-même, qui a annoncé avoir gardé l’argent – au nom de l’art.
 »
Il n’a pas tort. Toute chose décrétée « art » le devient. Si on est prêt à payer des milliards de dollars pour une toile nue… pourquoi ne pas payer autant pour pas de toile du tout ?

Ni chèvre, ni chou

Parallèlement, le marché des jetons non-fongibles (NFT) n’imite plus la réalité ni la fiction. Il n’est ni chèvre, ni chou… Pas plus qu’il n’est animal, minéral ou végétal. Il n’est pas non plus une action ou une obligation.

Lorsqu’on achète un NFT, on n’obtient rien de plus que le certificat, enterré quelque part sur la blockchain, attestant qu’on est bien l’idiot qui l’a acquis.

Et grâce à une nouvelle plateforme NFT appelée Visionrare, on peut désormais faire semblant d’investir dans des actions de start-ups… mais simplement pour jouer.

On ne possède pas vraiment les actions. On parie simplement qu’elles vont grimper ou baisser, selon une approche compliquée, basée sur les ligues sportives fantasy. Lucas Matney, du site TechCrunch, explique que l’idée est de…
« […] Pousser à l’extrême la ludification de l’investissement, imitant l’attrait des ligues sportives fantasy et fournissant aux utilisateurs un moyen de se mesurer à leurs amis en pariant sur des start-ups qu’ils considèrent comme prometteuses. Les utilisateurs peuvent parier sur des parts de NFT de centaines de start-ups différentes, lors d’enchères, et s’affrontent pour construire le portefeuille fictif aux meilleures performances. »
Cela vous semble amusant ? Non, à nous non plus.

Les parieurs n’ont pas plus semblé apprécier l’idée. Le concept – football fantaisie et investissement en start-ups – semblait perdant dès le départ.

Et pour ses sponsors, les choses sont allées vite…

Moins de 24 heures après s’être lancée, le décès de Visionrare a été prononcé.

On attend les tristes figures à l’enterrement.

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Fondateur et président d'Agora Inc., une maison d'édition publiant des lettres d'information financières pour les investisseurs particuliers.

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