Pour 86 % des Français, la priorité de réduction des dépenses est dans la baisse du train de vie des élus

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Par Frédéric Latrobe Publié le 18 mars 2013 à 14h54

A la question "Selon vous, quelles dépenses faudrait-il baisser en priorité ?", 86 % des Français répondent "Le train de vie des élus". Un tiers d'entre eux pointe également le nombre de fonctionnaires, tandis que 27 % souhaitent minimiser les dépenses militaires.

Train de vie des élus et fonction publique : la réponse refuge

Tout d’abord, les deux premiers résultats – le train de vie des élus et le nombre de fonctionnaires - montrent que les Français veulent que l'État prenne clairement sa part de l'effort national. La réduction du train de vie des élus est une réponse refuge car elle n'aura pas beaucoup d'impact sur la dépense publique, mais c'est une réponse symbolique : l'opinion ne se satisfait plus d'un discours sur l'augmentation des recettes (augmentation des impôts et prélèvements), mais veut un vrai discours, traduit dans les faits, sur la réduction des dépenses de fonctionnement et en l'occurrence du nombre de fonctionnaires qui sont les premiers ciblés. Le discours porté à l'époque par le droite est aujourd’hui intégré.

Des dépenses de sécurité sanctuarisées ?

Par ailleurs, il y a clairement un effet « Guerre au Mali » : la réduction des dépenses militaires perd 13 points par rapport à 2012, ce qui prouve que les Français sont plus que jamais sensibles aux questions de sécurité. C’est une bonne nouvelle pour le Ministre de la Défense au moment où se discutent les arbitrages budgétaires. Ces résultats montrent que la communication du gouvernement qui justifie la guerre au Mali par une volonté de protéger nos intérêts et notre sécurité ici, en luttant contre le terrorisme là-bas, passe bien dans l'opinion. Dans le contexte international actuel, marqué par l'inquiétude, ces dépenses sont devenues en un an des dépenses « concernantes ».

Des tabous tombent

Troisièmement, il y a un effet crise et si les Français veulent encore se sentir protégés, ils se montrent en même temps ouverts sur des sujets jusque-là tabous : réduire les minima sociaux, les allocations familiales ou l'indemnisation chômage devient envisageable. Les scores sont encore faibles mais ils sont à deux chiffres. Le gouvernement a semble-t-il bien préparé l'opinion à l'idée de « taper dans le dur » en bousculant quelques acquis de l'État Providence. Nicolas Sarkozy en rêvait, François Hollande commence à entrevoir la possibilité de le faire.

Santé et éducation : pas touche !

Enfin, il reste à n’en pas douter des sujets sacrés qui relèvent pour certains du « modèle français »: on ne touche pas à la santé ou à l'éducation. Il faudra donc beaucoup de courage politique pour s'attaquer à de grandes réformes structurelles qui touchent aux fondamentaux. C'est sans doute pour ça que le gouvernement communique sur une politique pointilliste, par touche ciblée et envisage pour ce faire un fonctionnement par ordonnances. Ce choix demeure risqué, car l'absence de réformes majeures et structurantes alimente le manque de lisibilité et la politique pointilliste l'impression d'incohérence. C'est la difficulté de communication actuelle de l'exécutif.

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Ancien chef du service politique à BFM Radio, Frédéric Latrobe est aujourd'hui directeur associé chez Tilder, un des leaders du conseil en communication pour les Directions Générales des grandes entreprises.

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