La réforme des retraites contente les syndicats mais braque le patronat

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 28 août 2013 à 6h13

La nouvelle réforme des retraites a été présentée par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault mardi 27 août 2013, quelques jours à peine après le retour de vacances du gouvernement. Une réforme qui plaît aux syndicats mais qui est loin de convaincre le patronat.

Au final, c’est une hausse des cotisations, et donc des impôts, qui joue le rôle clé pour redresser le déficit du système ce qui a amené le nouveau président du Medef, Pierre Gattaz, à commenter qu’il s’agit là d’une « non-réforme » dans un entretien accordé au journal Le Figaro.

Cotiser plus et plus longtemps : la réforme des retraites du Parti Socialiste

La première réforme des retraites du Parti Socialiste tient toute en ces termes : plus de cotisations plus longtemps. Si l’âge légal de départ à la retraite reste à 62 ans, les années de cotisation vont progressivement passer de 41 ans aujourd’hui à 41 ans et trois trimestres en 2020 pour atteindre 43 ans à l’horizon de 2035. Mais les jeunes français entrant sur le marché du travail, quand ils y arrivent, à 23 ans en moyenne, cette retraite les fait travailler jusqu’à 66 ans pour obtenir un taux plein.

Dès 2014, la hausse de la cotisation des retraites sera de 0,15 points pour les travailleurs et pour les entreprises. Dès l’année suivante, la hausse sera de 0,05 points par an jusqu’en 2017. Au final, une hausse globale de 0,6 points est prévue par le gouvernement.

Les économies sont néanmoins au rendez-vous mais pas avant 7 ans. Le calcul du gouvernement parle de 2,7 milliards d’euros d’économies par an entre 2020 et 2030 et de 5,4 milliards par an en 2040.

Pour le gouvernement, « il n’y a pas d’autre solution » puisque les régimes de retraite du privé sont en déficit. Le but du Parti Socialiste ? Redresser ce régime d’ici à 2020, soit récupérer 7,3 milliards d’euros en 7 ans. En 2020, la hausse des cotisations pour les employés et les employeurs devrait rapporter 4,4 milliards d’euros par an, 2,2 milliards d'euros pour les employés et 2,2 milliards d'euros pour les employeurs.

Les retraités vont aider aussi

Les employés et les employeurs ne sont pas les seuls concernés par cette réforme du Parti Socialiste. Les retraités devront eux aussi mettre la main à la pâte et ce sera de deux manières : d’une part, en 2014, la revalorisation se fera au 1er octobre et non au 1er avril, d’autre part, la majoration de pension des retraites pour les couples avec trois enfants ou plus sera fiscalisée.

Le décalage de six mois de la revalorisation, qui aura un impact sur le pouvoir d’achat des ménages retraités en 2014, fera économiser au gouvernement 1,4 milliard d’euros en 2014 tandis que la fiscalisation de la majoration devrait faire rentrer dans les caisses de l’Etat 1,3 milliard d’euros par an.

Le patronat bien peu convaincu

Alors que Jean-Marc Ayrault présente sa réforme des retraites comme « juste », « équilibrée » et « structurelle », le patronat considère qu’il n’y a même pas eu de véritable réforme et que celle qui est présentée comme telle n’est que « le choix de la fiscalité » comme l’exprime Pierre Gattaz dans un entretien au Figaro.

« Le gouvernement ne fait que taxer, taxer » que ce soient les travailleurs ou les entreprises, ce qui inquiète le président du Medef qui estime que cette réforme aura un impact négatif sur l’emploi : « 0,1 point de cotisation en plus, c’est 5 000 chômeurs en plus à l’horizon cinq ans et 10 000 à l’horizon 10 ans ». Une mauvaise nouvelle alors que le taux de chômage a encore augmenté de 0,2% en juillet 2013.

Et si le gouvernement a promis au patronat une baisse du coût du travail, c’est pour Pierre Gattaz « un marché de dupes » puisque les cotisations pour la retraite augmentent aussi pour le patronat. D’autant plus que cette baisse du coût de travail n’a pas encore été fixée par le gouvernement et reste « hypothétique ».

Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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