Festival Reggae Sun Ska : quand le Reggae (r)apporte – Entretien

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Par Tugdual de Dieuleveult Modifié le 3 août 2012 à 5h30

Le Festival Reggae Sun Ska qui se tient pour la 15e année consécutive en Aquitaine les 4,5 et 6 août, est devenu, au fil des éditions, le plus gros évènement musical de la région rassemblant désormais plus de 50 000 personnes. Economie Matin a voulu en savoir plus sur les retombées de ce genre d'évènement annuel et a donc interrogé Alexis Lanvier, directeur de production de Music'Action qui organise le Reggae Sun Ska.

L'été, les festivals sont des rendez-vous incontournables pour les amoureux de la musique et ces derniers ne sont pas les seuls à apprécier l'arrivée de ce genre de grands rassemblements. Des entreprises dépendent-elles directement du Reggae Sun Ska ?

Alexis Lanvier : Le Reggae Sun Ska est aujourd'hui le plus gros événement musical d'Aquitaine et devient un rendez-vous incontournable pour le territoire, au coeur de la saison estivale. Plusieurs associations locales participent directement à l'organisation de l'évènement, l'apport financier final est pour beaucoup d'entre elles leur plus grosse source de financement. Nous essayons également de travailler en priorité avec des entreprises locales, qui sont les principaux destinataires des dépenses d'organisation. Ces prestataires locaux, lorsqu'ils sont impliqués, donnent de leur temps, pratiquent des tarifs attractifs ou font du mécénat de compétences de manière plus volontaire.
Nous avons connu une phase de croissance importante ces 3 dernières éditions qui a été accompagnée par les collectivités, mais aussi par les acteurs économiques locaux, et bien sur de manière simultanée avec le public local (25% de notre public environ).

Quels sont les impacts économiques d'un festival de 50 000 personnes au niveau local et saisonnier ? Et plus largement, qu'est-ce que cela apporte à la région ?

Alexis Lanvier : L'impact est difficile à quantifier monaitairement, mais nous savons que l'essentiel de notre public vient de l'extérieur du territoire, de toute la France et des pays limitrophes. Ces festivaliers prolongent généralement leur venue au festival par quelques jours dans l'une des stations balnéaires bordant la côte médocaine. Le week end du Reggae Sun Ska signifie, chaque année, pour les commerçants un chiffre d'affaire important, assurément le plus gros de l'été, mais également des ruptures de stocks ou des embouteillages aux caisses... Chaque festivalier est un touriste sur le moment, mais nous l'espérons pour le futur. Même si la principale attraction reste la plage, ou le vin, nous participons à l'essor touristique et culturel du territoire, très concrètement.

Souvent, les festivals sont subventionnés et un grand nombre d'entre eux ne pourraient pas continuer sans ces aides. Est-ce le cas du Reggae Sun Ska ? Que pensez-vous des subventions en ces périodes de crise et de rigueur budgétaire ?

Alexis Lanvier : L'ensemble des subventions (collectivités territoriales, sociétés civiles, etc...) est d'environ 200 000 €. Ce qui représente moins de 10% du budget total de l'événement. Nous sommes effectivement à plus de 90% d'autofinancement (vente de ticket, bars, partenariats, etc...) mais nous ne saurions nous passer de ces aides dont le montant reste important et primordial pour le fonctionnement de l'association qui porte le projet tout au long de l'année. Les subventions culturelles, même si elles ne sont jamais suffisantes, portent les structures associatives organisant ces événements. Ces dernières années, lors de nos recherches de site permettant d'accueillir l'événement, nous avons mesuré également la nécessité d'une implications des élus, allant au-delà d'un vote de subvention. D'autre part, nous maintenons des tarifs attractifs pour le public jeune et peu fortuné. Les pouvoir publics ont un rôle à jouer financièrement mais aussi politiquement en matière culturelle. Laisser aux acteurs du marché, qui plus est en crise, le soin de produire seuls une offre culturelle, correspond à un modèle de société qui ne bénéficiera pas forcément au public, et encore moins à celui d'une niche comme la notre.

Votre festival est une niche bien particulière : le Reggae. Comment arrive-t-on à faire venir 50 000 personnes pendant 3 jours ?

Alexis Lanvier : Cette niche musicale se porte bien, depuis de nombreuses années. Même si elle connait des hauts et des bas, le public se renouvelle de génération en génération et l'offre artistique évolue sans cesse. Chaque année le festival propose au public autant de légendes, de stars montantes ou de nouveautés. Cette année le budget artistique dépasse les 350 000 €, ce qui est exceptionnel pour nous. Mais proportionnellement ce montant est bien mois important que celui d'un festival similaire dans un autre genre musical, comme le rock où les cachets artistiques flambent.

Vous avez un créé partenariat avec le Club des Entrepreneurs du Médoc. En quoi consiste-t-il ?

Alexis Lanvier : Notre partenariat avec le Club des Entrepreneurs du Médoc date de 2 ans. Lorsque nous avons démarré le mécénat, nous sous sommes tournés naturellement vers les entreprises médocaines. Aujourd'hui, une vingtaine d'entreprises du Club sont devenues mécènes du festival et s'impliquent dans l'organisation à différents niveaux. En contrepartie, le festival devient petit à petit un rendez-vous privilégié pour ces entrepreneurs, cela leur permet d'inviter leur clients ou personnel et lier des contacts dans un contexte exceptionnel, festif et local. Un salon pro, mais sous le soleil, en tongue et avec de la bonne musique !

Les festivaliers ont des profils de consommation bien différents et les amateurs de reggae ne sont pas de gros consommateurs...

Alexis Lanvier : J'avoue ne pas connaître les profils et la typologie du public classique, mais concernant le notre, il s'agit d'un public jeune et populaire. Le pouvoir d'achat de notre public est j'en suis sûr moins important que celui de Jazz in Marciac ou des Francofolies et venir au festival représente un budget certain pour chacun d'entre eux. Nous sommes loin du Hellfest par exemple, qui détient des records de consommation au bar ou au merchandising. Notre politique tarifaire est donc en adéquation avec notre public.

Le Festival en chiffre

Budget du festival : 2.230.000 € - 1 rayonnement international - Plus de 50 000 festivaliers - 17 000 campeurs pendant 3 jours - 16 actions écoresponsables - 1 tournée des plages avec 17 dates sur la côte - Plus de 40 artistes & sound system internationaux - 3 scènes - 1 espace VIP - 1 village de 50 exposants - 600 bénévoles - 8 associations locales - 71 partenaires et mécènes - 200 journalistes français et étrangers - 1 espace presse et plus de 30 conférences de presse - Plus de 250 articles parus chaque année - 20 directs nationaux - 100 radios - 350 000 visiteurs par an sur le site Internet www.reggaesunska.com

Redez-vous sur le site du Reggae Sun Ska sur lequel vous retrouverez toutes les informations pratiques (transports, hébergements, programmation...) si d'aventure vous souhaitiez aller y faire un peu de buisiness.

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Journaliste pour RMC.fr, Tugdual de Dieuleveult a demarré sa carrière à la télévision en réalisant un documentaire pour Canal+/Lundi Investigation (Dieuleveult : enquête sur un mystère). Il s'investit dans l'ONG Solidarité Internationale et part au Darfour en 2008 pour la Journée Mondiale de l'Eau. En 2010, il rejoint l'équipage de La Boudeuse en Amazonie et participe à l'élaboration de deux documentaires diffusés sur France 5. Il se spécialise ensuite sur le web et collabore avec plusieurs rédactions dont Europe 1, Atlantico, Oh My Food et RMC depuis 2012. Il a intégré Economie Matin dès sa création.

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