Relocalisations : un sketch pour bien comprendre

Par Bertrand de Kermel Publié le 9 novembre 2020 à 5h58
Usine Echec Negociation France Elites Gouevrnement
37,5 EUROSEn France, le coût de l'heure de travail dans l'ensemble des secteurs marchands est de 37,5 euros.

Depuis trente ans, et parce que les règles de la mondialisation incitent à délocaliser, la France s’est désindustrialisée. Personne n’a jamais pu empêcher ni même ralentir le phénomène. A chaque fermeture d’usine, un ministre vient sur le terrain et prononce un superbe discours. Ensuite, l’usine est inexorablement fermée.

Tout à coup, le Président de la République française déclare : « Revenez je l’exige ». Réponse des entreprises concernées : « Oui, Monsieur le Président. A vos ordres Monsieur le Président ».

Il y a forcément un truc, car la réalité est moins bonne fille. Le petit Sketch ci-dessous, joué par d'excellentes actrices vous fera bien rire pendant neuf minutes, tout en vous livrant les vraies clés du sujet.

Certes, avec la pandémie, la guerre contre les terroristes, l'instabilité de la planète et les risques d’un approvisionnement irrégulier, certaines de nos entreprises pensent préférable de revenir au bercail à court terme. Comme la France leur finance une bonne partie des coûts de déménagement, l’opération est intéressante.

Toutefois, ne soyons pas naïfs. Si demain le contexte change, les mêmes entreprises n’hésiteront pas à délocaliser à nouveau dans les pays à bas coûts. Nul ne pourra les en empêcher. Du reste, vont-elles fermer leurs usines asiatiques en revenant en France ? Ont-elles pris des engagements sur ce point ?

On ne répètera jamais assez que tous les accords de libre-échange ont été conçus pour inciter les entreprises à délocaliser afin de baisser leurs coûts et ne pas payer d'impôt. La philosophie des accords était le libre-échange déloyal, et non pas le juste échange. Certaines entreprises n’ont pas eu le choix : elles devaient délocaliser ou disparaître. C’est ce qu’à expliqué, avec des mots choisis, Carlos Tavares, Président de Peugeot à Caroline Roux, dans l’émission C dans l’air du 29 septembre dernier.

Par conséquent, si, parallèlement aux relocalisations, on ne modifie pas immédiatement les règles de la mondialisation, pour qu’elle deviennent loyales et qu’elles cessent d’être une machine à délocaliser, les entreprises repartiront lorsque les temps auront changé.

Tel est le défi que notre Président doit maintenant relever. Quant à ceux, nombreux, qui rétorqueront : «c’est l’Europe on ne peut rien faire», ils doivent démissionner, et rechercher un métier plan plan, plus conforme à leur profil.

C’est ce que démontre avec beaucoup d’humour le petit sketch ci-dessus.

Ancien directeur général d'un syndicat patronal du secteur agroalimentaire, Bertrand de Kermel est aujourd'hui Président du comité Pauvreté et politique, dont l'objet statutaire est de formuler toutes propositions pour une "politique juste et efficace, mise délibérément au service de l'Homme, à commencer par le plus démuni ". Il est l'auteur de deux livres sur la mondialisation (2000 et 2012)

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