Revenu agricole : l’élevage se meurt à petit feu !

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Par Daniel Verschaeve Publié le 18 juillet 2013 à 4h00

La publication récente des revenus agricoles pour l'année 2012 a confirmé les craintes de la section viande de la Coordination Rurale : la relative embellie des cours (+ 14,5 % entre 2001 et 2012, selon France AgriMer) n'a pas permis aux éleveurs d'obtenir un résultat décent.

Stagnation et baisse du revenu

Alors que le RCAI (Revenu Courant Avant Impôt) moyen des grandes et moyennes exploitations est estimé à 38 000 €, en augmentation de 10 % par rapport à 2011, celui des exploitations « bovin viande » reste stable à 17 100 €. La CR souligne qu'il s'agit là d'un revenu inférieur au montant moyen des aides PAC perçu par ce type d'exploitation !
Le cas des éleveurs ovins et caprins est encore plus dramatique : le RCAI poursuit sa chute et est désormais estimé à 16 500 € (- 14 % par rapport à 2011). Ce chiffre témoigne à lui seul de l'inefficacité de la Prime Ovine et Caprine dont une partie est liée à l'adhésion à une OP ou à la signature d'un contrat de production. Il est donc inutile d'envisager de réitérer ce système aux aides couplées de l'élevage bovin allaitant !

Une production en péril !

Avec un tel niveau de revenu dans le secteur de l'élevage, il est impossible d'investir, les producteurs voient leur outil vieillir et perdre de la valeur. Par ailleurs, ils sont nombreux à avoir plus de 50 ans et le risque de voir des sites de production abandonnés lors de l'arrêt de l'activité est important. La réforme actuelle de la PAC pourrait bien être la dernière à concerner une production de viande rouge digne de ce nom.

Des incertitudes sur la réforme de la PAC

Alors que l'Union Européenne a fixé le cadre de cette réforme, tant attendue mais déjà décevante, il est désormais de la responsabilité des États Membres de finaliser les modalités d'application.
Au cœur des instances décisionnelles, beaucoup s'accordent sur une réforme en faveur de l'élevage, mais le carcan de Bruxelles ne laisse que peu d'espoir pour les éleveurs. Derrière cette volonté d'affichage politique d'un soutien à l'élevage la réalité des chiffres montre que les 150 000 élevages français ne trouveront pas leur salut dans cette nouvelle redistribution qui rappelle celle déjà faite inutilement lors du « bilan de santé » de 2008. Pire encore, cette nouvelle réforme va encore ajouter des contraintes administratives et environnementales qui brident la liberté d'entreprendre.

La CR et ses sections spécialisées participeront aux différentes concertations afin de proposer leurs solutions sans laisser le soin au syndicat majoritaire d'imposer ses méthodes qui desservent l'élevage depuis 30 ans ! La CR d'Ile de France reste convaincue que ce système est à bout de souffle et regrette le manque de courage des responsables européens. L'avenir de l'élevage ne passe pas par une perfusion de la PAC en attendant sa disparition, mais par des prix de vente indexés sur les coûts de production dans un marché régulé.

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Daniel Verschaeve est éleveur laitier dans le 77, administrateur de l'OPL (organisation des producteurs de lait). Il fait partie des quelques producteurs qui refusaient de signer les contrats laitiers (sans volumes ni prix).

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