Cinéma : Et si l’affaire de la pizza de Richard Gere était un coup de pub déguisé ?

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 28 avril 2014 à 15h05

Qu’est-ce que c’est mignon… ce week-end du 26 avril 2014 a été marqué par des images plus que touchantes : à New York une jeune maman française a donné un bout de sa pizza à un SDF en train de faire les poubelles. Et quelle ne fut pas la surprise de découvrir que ce SDF était Richard Gere en personne (oh combien de fois elle a dû soupirer en regardant « Pretty Woman ») en train de tourner son nouveau film.

Attendez une seconde… « En train de tourner son nouveau film » ? N’a-t-elle pas vu les caméras ?

Un coup de pub international avec trois photos pour Richard Gere

Tout en laissant le bénéfice du doute à cette touriste française, tout le monde aurait été dupé par un Richard Gere en train de faire les poubelles, un bonnet (assez moche) sur la tête et une barbe de plusieurs jours, on peut se poser des questions concernant la véracité de cette affaire.

N’oublions pas que nous sommes à l’ère des réseaux sociaux, d’internet, de l’information qui arrive au bout du monde en moins de 5 minutes… et du buzz. Car oui, et si cette histoire n’était qu’une magistrale et très bien orchestrée campagne de publicité virale ?

Avec seulement trois photos, dont une montrant la dame en question, une montrant l’échange, et une montrant Richard Gere en train de manger ledit morceau de pizza, le nouveau film de Richard Gere a en effet eu un retentissement mondial. Sincèrement, vous saviez que Richard Gere était en train de préparer un nouveau film avant ?

On est au cinéma et il n’y a pas d’équipe de tournage ?

Ce qui laisse penser que cette histoire est un peu fausse, c’est tout de même le fait que la touriste française n’a pas remarqué les caméras. Un tournage hollywoodien avec Richard Gere en vedette et pas de caméras ? Pour une simple sortie d’une école élémentaire d’un film de bas niveau en France il y a 3 caméras, 20 personnes, 2 camions… et ainsi de suite. Hollywood ferait-elle dans la réduction des coûts ?

Non, il est tout de même plus probable qu’autour de Richard Gere il y avait tout une panoplie d’accessoires de tournage, de personnes, de l’éclairage, des caméras, un service de sécurité… Au moins de quoi mettre un peu la puce à l’oreille…

Le coup de pub déguisé, une habitude vielle de plus de dix ans

Les boîtes de Comm l’ont bien compris : la publicité virale est la plus efficace et la moins chère qui soit. Pour le peu qu’elle soit bien orchestrée. Dernier exemple impressionnant ? Le « selfie le plus cher de l’histoire » des Oscars, impressionnante réalisation de Samsung.

Dans le cinéma, les antécédents sont nombreux. Entre faux sketches, fausses pub voire même des vidéos dont la véracité semble prouvée (il suffit de se rappeler de la vidéo du singe qui tire avec une kalachnikov, vidéo virale réalisée pour le film « La planète des Singes : Origines), les annonceurs ne manquent pas d’imagination.

Et puis, surtout, c’est le cinéma qui a inventé le concept… à une époque où internet n’était que l’embryon du phénomène de communication qu’il est aujourd’hui. C’était en 1999 et un certain film indépendant devenu culte depuis allait sortir sur grand écran : j’ai nommé « Blair Witch Project ».

En plus du film, qui a coûté 22 000 dollars et en a rapporté 248 millions, c’est la campagne pub qui est restée dans les annales. Elle se basait intégralement sur un site web racontant une histoire de trois étudiants qui se sont perdus alors qu’ils tournaient un documentaire dans les bois… un site web qui a rapidement fait le buzz et qui a permis au film de devenir l’un des plus gros succès du cinéma indépendant.

Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

Suivez-nous sur Google News Economie Matin - Soutenez-nous en nous ajoutant à vos favoris Google Actualités.