Hénin-Beaumont : une ville associée au mot corruption

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Par Gérard Dalongeville Modifié le 27 juillet 2012 à 7h42

A Hénin-Beaumont, le souvenir des révélations qui ont suivi les mises en causes de la précédente mandature demeure omniprésent. L’équipe municipale actuelle, elle, aimerait tout simplement tourner la page afin que le nom de la ville ne soit plus associé à la corruption.

"La commune souffre de cette réputation, explique Eugène Binaisse. Elle a aussi beaucoup souffert du bilan financier laissé par l’équipe précédente, qui nous a obligé à mettre en œuvre des réductions drastiques et un code déontologique pour les marchés publics. Nous avons aussi recruté de nouveaux fonctionnaires, puisque auparavant la municipalité ne fonctionnait qu’à travers quelques adjoints et fonctionnaires qui chapeautaient toutes les instances. Nous sommes en bonne voie pour redresser la situation."

"Ces trois dernières années, la ville s’est redressée, assure Philippe Thibaut, l’actuel Directeur Général des services. Nous dégageons à présent un autofinancement de 6,5 millions, nous avons réduit certaines charges, notamment des prestations de services ou des cérémonies, parfois en divisant leur importance par dix. Bref, nous faisons tout ce qui aurait dû être fait depuis longtemps." Reste que les stigmates ne s’effacent pas facilement.

Au cours de l’instruction sur le volet Hénin-Beaumont, au moins une dizaine de personnes ont été mises en examen, dont une majorité de chefs d’entreprises. L’instruction est aujourd’hui clôturée. Le procès devrait se tenir, selon les pronostics, fin 2012 ou durant le premier semestre 2013. D’ici là, les accusations contradictoires continueront à circuler. Aujourd’hui encore, l’atmosphère autour de la mairie est irrespirable.

Certaines histoires sordides que l’on raconte s’apparentent à un mauvais feuilleton : un employé de mairie discrètement pris en photo par un élu en plein rapport extra-conjugal avec une jeune fille, au local de la section PS, pour faire pression sur lui par la suite ; des lettres de menaces de mort ; des pressions d’individus issus du grand banditisme sur certains protagonistes de l’affaire ; des pratiques échangistes...

Mais surtout, les rumeurs sur ceux qui seraient passés entre les gouttes de la justice. Ceux qui ont directement participé aux irrégularités ou ceux qui ont laissé faire. "Sous le mandat de Gérard Dalongeville, les élus n’ont pas fait preuve de beaucoup de curiosité, ironise un responsable municipal de l’époque. Aussi bien ceux de la majorité que ceux de l’opposition. Il est vrai que la plupart d’entre eux avaient intérêt à faire durer le système. Certains parce qu’ils y étaient liés pour des raisons "alimentaires" ; les autres certainement pour voir tomber le fruit assez mûr. Par intérêts, ils ont laissé pourrir la situation."

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Gérard Dalongeville est un homme politique du Parti Socialiste français. Il a été maire d'Hénin-Beaumont dans le Pas-de-Calais. Depuis le 9 avril 2009, il est mis en examen pour détournement de fonds publics, corruption, faux en écriture privée et usage de faux, favoritisme et recel de favoritisme. Il est auteur de Rose Mafia et co-auteur de Rose Mafia 2 aux éditions Jacob Duvernet.  

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