Blockchain et santé : 4 facteurs de progrès et d’innovation

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Par Toufik Lerari Publié le 30 juin 2022 à 5h12
Blockchain Stockage Information Transmission Enjeux
30 MILLIARDS $Le piratage de données de santé aurait coûté 30 milliards de dollars aux Etats-Unis en 2016.

La blockchain intéresse et impacte de très nombreux secteurs dans lesquels des transformations sont en marche et s’annoncent prometteuses : sécurité des données, inclusion, traçabilité, transparence, désintermédiation et gain de performance. Bousculé depuis la crise sanitaire du Covid, en France et ailleurs, le secteur de la Santé ne fait pas exception.

Selon le Premier Healthcare Alliance, association regroupant 3700 hôpitaux américains, le déficit d’interopérabilité entre les acteurs de santé engendre chaque année 150 000 décès et représenterait un coût annuel de 18,6 Mds$. Toujours aux États-Unis, le piratage de données de santé a concerné un tiers des bases de données du pays et aurait couté, en 2016 seulement, 30 Mds$. Par ailleurs, selon l’OMS et l’Université d’Édimbourg, entre 72 000 et 169 000 enfants meurent chaque année en Afrique d’une pneumonie traitée avec des médicaments contrefaits. Dans les pays en développement, un médicament sur 10 serait ainsi de qualité inférieure ou falsifié et 700 000 décès en seraient annuellement liés. Enfin, en France, selon l’Association pour le Bon usage du Médicament, plus de 10 000 décès par an sont liés à un mauvais usage des médicaments.

En dehors de toute considération de politique publique ou d’effectif de santé, la technologie blockchain peut impacter toute la chaîne de valeur : Patient, médecin, pharmacie, hôpital, institut de recherche et laboratoire pharmaceutique. Si les enjeux techniques, de sécurité et de réglementation sont importants, il n’en demeure pas moins que les progrès et bénéfices à moyen et long terme sont majeurs.

Voici 4 facteurs de progrès tangibles que la blockchain peut offrir au secteur de la santé :

1. Numérisation du Registre Patient et des données de santé

En attendant la démocratisation du « carnet de santé numérique » récemment lancé (et successeur du mort-né Dossier Médical Partagé), notre bon vieux carnet de santé papier demeure le seul registre centralisant notre historique de santé. Nos données médicales sont dispersées entre chacun de nos praticiens et applications de santé.

La blockchain offre l’opportunité de concevoir une infrastructure distribuée et décentralisée pour permettre aux patients de reprendre le contrôle sur leurs données et tracer l’usage qui en est fait. Pour le personnel médical, le levier de connaissance des patients augmenterait considérablement et améliorerait de fait les diagnostics et soins prodigués. Pour la recherche et l’innovation, la mise en forme et à disposition d’un plus grand volume de données serait un formidable accélérateur. Enfin, il serait tout à fait envisageable que les patients puissent, de manière anonyme, monétiser le partage de leurs données médicales auprès des laboratoires et entreprises du secteur.

C’est donc à l’ensemble du système que la technologie blockchain profite : numérisation et sécurisation élevée de l’historique de santé, amélioration du suivi, des diagnostics et des soins, transparence sur l’usage des données et monétisation anonyme, consolidation et corrélation d’un volume colossal de données de santé et enfin, facilitation de l’interopérabilité des systèmes de santé

2. Interopérabilité des systèmes informatiques de santé

L’échange de données médicales entre les différents acteurs (patient, médecin, laboratoire, hôpital, assurance) est complexe, notamment par manque de normes de standardisation. En réunissant un consortium d’acteurs, la blockchain permettrait cette mise en oeuvre et garantirait une interopérabilité fondée sur des données standardisées ainsi que la confidentialité requise.

Dans ce cas de figure, le principal avantage de la blockchain résiderait dans sa capacité à ne pas remettre en question les systèmes informatiques préexistants mais plutôt à venir ajouter une couche entièrement consacrée à la normalisation, l’automatisation et la sécurisation des échanges notamment grâce à l’une de ses propriétés majeures : les smarts contrats.

En effet, s’appuyant sur les principes de transparence et d’immuabilité de la blockchain, les termes et conditions d’exécution de ces contrats sont infalsifiables.

3. Recherche médicale et génétique

Le progrès de la recherche médicale et génétique s’accélérera si les acteurs, notamment les chercheurs, disposent de volumes plus importants de données. C’est le cas par exemple de la recherche clinique qui fonde ses travaux sur des échantillons réduits de patients.

Grâce à l’apport de la blockchain, ces données médicales seraient augmentées, mieux partagées entre chercheurs et également mieux sécurisées. C’est également le cas de la recherche génétique pour laquelle de nombreux acteurs privés proposent de décoder votre génome sans que ces données génétiques ne vous appartiennent in fine ! Le développement à venir du séquençage du génome humain devrait s’adosser à une technologie distribuée et décentralisée pour accélérer le progrès mais aussi assurer la confidentialité des données exploitées.

4. Traçabilité et bon usage des médicaments.

L’industrie pharmaceutique est sans doute le territoire le plus propice, à court-terme, à l’adoption d’une « blockchain à consortium » qui couvrirait toute la chaîne d’approvisionnement du médicament (recherche, production, prescription, délivrance, utilisation, suivi et contrôle).

Combinant des fonctionnalités de blockchains publiques et privées, elle est également appelée « blockchain hybride ». Elle se distingue notamment par le consensus qu’elle impose puisque les décisions sont prises à la majorité des membres, dont l’autorisation est contrôlée. On peut ainsi la qualifier de blockchain régulée.

Celle-ci pourrait nativement améliorer la transparence et l’efficacité de la distribution tout en luttant très efficacement contre la contrefaçon de médicament. Elle ouvrirait également des pans entiers d’amélioration quant à la prise et à l’usage des médicaments.

Les récentes épreuves sanitaires ont mis en lumière les nombreuses limites de nos organisations de santé, qu’elles soient publiques ou privées, en matière de coordination et de mutualisation de moyens et de capacités, notamment. A l’heure où les questionnements sur leur optimisation foisonnent, ces défis doivent être approchés de façon globale.

Du point de vue technologique, la blockchain apparaît indispensable. Grâce à elle, nous pouvons croire, avec optimisme, que les organisations entreront dans une nouvelle ère d’échanges de valeurs, décentralisés et distribués, où la transparence, la sécurité, la fluidité et la confiance seront mieux maîtrisées et autrement exploitées au service de la santé du patient.

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Diplômé du Skema Business School, Toufik Lerari débute sa carrière en rejoignant à Nice l’agence de communication tequilarapido, qu’il rachète en 2005 et développe rapidement. Elue en 2015 « Agence de l’année » en région, tequilarapido accompagne aujourd’hui les plus grands groupes français dans le développement de leurs créativités numériques. En 2010, il co-fonde Allegorie, le 1er groupe de conseil en communication algérien. Toufik Lerari est aujourd’hui le CEO des agences tequilarapido et Allégorie et membre du conseil d’administration de Modex, le leader mondial  des solutions basées sur la blockchain. Il est par ailleurs titulaire de la certification blockchain du MIT Professionnal Education.

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