L’organisation mondiale du commerce (OMC) parviendra-t-elle à relancer un multilatéralisme au point mort, à l’heure où les accords bilatéraux prédominent ? L’optimisme n’est malheureusement pas de mise sur la question, au regard de l’échec des pré-négociations la semaine dernière à Genève. Un accord à minima n’est, malgré tout, pas à exclure, lors de la neuvième conférence ministérielle de l’organisation, qui s’ouvre à Bali, ce mardi 3 décembre.
C’est certainement le sommet de la dernière chance pour l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Si elle veut prouver qu’elle est en mesure d’établir de nouvelles règles du jeu en matière de commerce international et d’imposer le multilatéralisme, un accord devra être trouvé à Bali, lors de la neuvième conférence ministérielle de l’organisation.
La tâche s’annonce d’autant plus complexe que les pré-négociations au siège de l’OMC à Genève, se sont achevées sur un échec, les 159 Etats membres ne parvenant pas à réaliser une ébauche pouvant servir de base à un accord en Indonésie. Ce qu’a concédé le nouveau directeur général de l’OMC, Roberto Azevedo : « Nous n'allons pas à Bali avec des textes parachevés, nous avons échoué à trouver une convergence », « il incombe aux ministres de prendre les décisions, ils devront décider de l'avenir même de l'OMC ».
L’OMC dans l’impasse
La conférence ministérielle de l’OMC, qui s’ouvre ce mardi 3 décembre sur l’île indonésienne de Bali, s’annonce décisive. Dans l’impasse depuis près de vingt ans, l’organisation se doit, au cours des quatre jours de négociation, de parvenir à un accord, même à minima.
Son porte-parole, Keith Rockwell, a confirmé l’enjeu de ce sommet : « Il s'agit d'une des conférences les plus importantes depuis la création de l’organisation », précisant qu'« il n'y a pas de plan B ».Pour ce dernier : « Si un accord est conclu cette semaine à Bali, ce sera le premier depuis les accords de Marrakech du cycle de l'Uruguay il y a près de vingt ans ».
L'enlisement du programme de Doha pour le développement (PDD), également appelé « cycle de Doha », lancé en 2001 au Qarar pour réformer les échanges internationaux et réduire les barrières au commerce international, n'est malheureusement que trop visible.
Le successeur du Français Pascal Lamy à la tête de l’organisation, Roberto Azevedo, a lui même reconnu, lors d’une conférence de presse organisée la semaine dernière, la difficulté de travailler au niveau des ministres, avec 159 pays. Si le sommet se solde par un échec, il n’est que très difficilement envisageable que l’OMC parvienne à un accord dans les prochains mois ou même au cours des prochaines années.
Libre-échange : les négociations risquent de ne pas aboutir
L’espoir de relancer les négociations sur la libéralisation des échanges et le multilatéralisme sont minces, dans la mesure où les travaux préliminaires censés ouvrir la voie à un accord, ont échoué.
Pour autant, et en dépit des incertitudes, la ministre française du Commerce extérieur, Nicole Bricq, a fait part de son optimisme : « Je crois qu’à Bali il y aura un accord ». Avant de présiser ce qui est désormais manifeste en cas d’échec : « L’OMC est disqualifiée ».
Pour éviter une éventuelle déconvenue, les ambitions à Bali ont été considérablement réduites par rapport au projet initial de Doha. S'il s'agit toujours de faire progresser le libre-échange, la grande réforme des échanges mondiaux n'est plus à l'ordre du jour. Trois secteurs seulement seront en discussion : la facilitation des échanges, le développement et l’agriculture. A noter cependant qu'une issue favorable au sommet pourrait ouvrir la voie à d'autres réformes par la suite.
L’enjeu n'est pas uniquement de sauver la face d'une organisation au bord du gouffre, puisque les bénéfices d’un accord se chiffreraient en centaines de milliards d’euros pour les Etats membres. L'impact financier pour les pays les moins avancés notamment serait considérable.
Pour redorer son image et retrouver une crédibilité, l’échec est exclu pour l’OMC.
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