Braquages de bijouteries : la profession n’en peut plus

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Par Gilles Rebibo Publié le 6 décembre 2013 à 5h39

Le récent braquage meurtrier de Sézanne et l’attaque à la hache de la rue Réaumur à Paris, ont remis sous les feux de l’actualité la tragique situation de toute une profession traumatisée par l’augmentation exponentielle de ces méfaits. Le prix de l'or n’est pas étranger à cette recrudescence. Après avoir flambé ces dernières années, il s’est stabilisé à un niveau toujours élevé, 30 000 euros le lingot. En 2012, le secteur aura été la cible de 402 hold-up et vols avec violence. Plus d'une attaque par jour qui laissent derrières elles des professionnels désemparés, qui ont de plus en plus de mal à faire face aux conséquences financières et psychologiques de ces cambriolages à répétition.

Bijouteries, négociants d'or : plus d'un braquage par jour

Chaque jour, des bijoutiers et marchands d’or se font braquer, parfois dans des conditions particulièrement violentes qui peuvent avoir des conséquences dramatiques. Un traumatisme qui bouleverse leur existence et les change à jamais. Une situation devenue si familière que leurs fédérations organisent régulièrement des séances d’information sur le sujet : le braquage étant désormais l’un des risques majeurs du métier. L'Observatoire national de la délinquance a dévoilé que le nombre des braquages ciblant les boutiques avait déjà explosé de 151 % en quatre ans, passant de 143 à 359 entre 2008 et 2011. Et malgré les mesures annoncées par le ministre de l’Intérieur, l’insécurité gagne du terrain.

Les commerces braqués sont livrés à eux-mêmes

Il est vrai que les braqueurs utilisent des méthodes bien plus violentes qu'avant, s'en prenant souvent à l’intégrité physique du commerçant, de ses employés, quand ce n’est pas celle de sa famille. La peur, l'impuissance, la vulnérabilité, sont autant de sentiments ressentis de plus en plus fortement par la plupart de ces professionnels, qui se retrouvent le plus souvent seuls pour faire face aux conséquences traumatiques de tels événements. Se limiter à une vision exclusivement sécuritaire, serait oublier une dimension tout aussi fondamentale, qui est celle de la santé. Les effets d’une agression sont souvent ravageurs : insomnie, nervosité, état dépressif, ulcère...., et doivent être traités avec la plus grande attention. Si le secteur bancaire a mis en place des process appropriés depuis plusieurs années, avec notamment des cellules d’aide psychologique, quand un commerçant indépendant se fait braquer, il est le plus souvent livré à lui-même pour en gérer les conséquences. Une situation inadmissible, qui nous impose d’agir au plus vite, en suscitant les collaborations avec les CCI, les chambres des métiers, les services locaux de santé au travail et les associations d’aide aux victimes, pour mettre en place des réseaux de solidarité.

Les bijoutiers et marchands d'or en difficulté

Seuls face à leur angoisse, les bijoutiers et marchands d’or doivent aussi faire face aux assureurs, qui au bout d'un moment, ne veulent plus couvrir des entreprises victimes de trop de sinistres. La difficulté pour trouver une compagnie, l'augmentation des primes et les travaux supplémentaires pour sécuriser les points de vente (un sas coûte environ 30 000 €), constituent un cocktail infaillible pour faire mourir les petites affaires. D’autant que le secteur ne bénéficie d’aucune aide en la matière, contrairement aux bureaux de tabac par exemple. Aujourd'hui, on estime qu'entre 20 et 30 % des professionnels de la bijouterie exercent leurs activités sans être assurés. Impossible dans ces conditions de pouvoir se relever financièrement d’un hold-up important. Il est donc plus que temps que les pouvoirs publics apportent des solutions concrètes pour endiguer cette montée de l’insécurité par des politiques de prévention plus volontaristes se traduisant par davantage de présence policière sur le terrain et le développement de la vidéosurveillance, une répression plus déterminée et un accompagnement des victimes véritablement adaptée.

Aujourd'hui, ce que réclament les bijoutiers et marchands d’or, c’est tout simplement le droit de travailler et de vivre en sécurité. Ils attendent pour cela des résultats.

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Bijoutier de métier, Gilles Rebibo est avant tout un passionné d’Histoire de l’Art et de Gemmologie. Reconnu par la profession, il est depuis plus de 30 ans un véritable expert dans l’achat, l’expertise et la vente d’or. Président fondateur de la Chambre Syndicale des Négociants d’Or et du Bijou d’Occasion, Gilles Rebibo place désormais la reconnaissance de l’excellence du métier et la défense de la profession au cœur de ses actions.  

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