Quelques heures à Las Vegas… dans le cadre du CES (Consumer Electronics Show)

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Par Stéphane Toullieux Modifié le 18 janvier 2018 à 22h55
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@Stéphane Toullieux - © Economie Matin

Le Consumer Electronics Show c’est le grand rendez-vous de la « Tech » mondiale, tous les ans à Las Vegas. Le CES c’est grand, très grand : 4900 exposants sur 255 000 m2 (oui cela fait 25ha !), 900 startups, des présentations et demos dans de nombreux hotels et convention center…Comme dirait le coach de baseball Yogi Berra, « personne n’y va plus il y a trop de monde !», le CES est à la hauteur de sa réputation : « overcrowded » !

Chacun a fatalement sa vision du salon eu égard à la multiplicité des thématiques, et notre biais est naturellement orienté vers les investissements cotés et les tendances de fond, avec plusieurs rencontres avec des CEO/CFO/IR de la Tech et des demos de sociétés dans lesquelles nous sommes investis ou souhaiterions investir. Nous partageons par ces lignes un regard très subjectif sur cet événement sans égal sur la planète innovation/tech.

L’univers de l’auto accélère sa mutation

Le CES a été envahi il y a quelques années par l’auto. Il est vrai que l’innovation y est omniprésente avec trois grands thèmes : la connectivité, la voiture électrique et la voiture sans chauffeur.

La connectivité est une réalité mais accélèrera encore avec l’arrivée de la 5G à partir de 2019 aux USA. La voiture est de plus en plus électrique ou à la recherche de solutions énergétiques alternatives, les grands acteurs étant tous en plein pivot. Un déploiement non sans écueil tant les batteries sont lourdes et finalement offrent encore une autonomie limitée... C’est donc la course pour des composants plus légers, pour optimiser la consommation, le refroidissement des batteries ou la recherche de vraies alternatives notamment via l’hydrogène.

Le sujet « hype » au CES c’est bien entendu l’automobile sans chauffeur.

Dans les composants, un acteur comme Nvidia a signé 320 partenariats dont Baidu, VW ou Uber pour le développement de sa solution pour voitures sans chauffeur. Les fabricants de sensors sont également à la fête. Attention toutefois, le marketing nous vend des robots nous conduisant partout dès demain, la réalité sera plus graduelle…Et l’autonomie totale partout (pas uniquement en espace clos de centre ville) c’est pour…dans quelques bonnes années (personne n’ose se prononcer à ce stade).

Pour voir plus loin, la révolution de la mobilité c’est aussi la smart city (60% de la population mondiale sera urbanisée en 2030 selon l’ONU), une ville connectée avec les véhicules, à la recherche d’une pleine optimisation des ressources. En cela le keynote de Ford permet de se projeter avec un certain optimisme, même si la firme n’a encore signé avec aucune ville…

Au chapitre de la mobilité, coup de Coeur pour le concept de Toyota e-palette, un véhicule électrique, ouvert aux solutions de conduite autonomes externes et pouvant livrer tous types de produits…Toyota a conclu des partenariats avec Pizza Hut, Uber, Mazda, Amazon et Didi. Pour des tests dès 2020 ! Et Cocorico ! Un acteur comme Valeo est remarquablement positionné sur tous les bons thèmes, la visite de leur espace de demo est un modèle !

La donnée est au 21e Siècle ce que le pétrole a été au 20e siècle

La voiture connectée, c’est toujours plus de données à échanger. Un prestataire de la filière semi-conducteur nous affirme que 1% de taxis autonome en niveau 4 (une autonomie accrue par rapport à aujourd’hui) c’est 25X les volumes actuels de données traités. Les fabricants de composants sont heureux (Nvidia, Intel, STM…) et Qualcomm se frotte les mains. De fait l’IoT (Internet des objets) est très présent avec la volonté de tout connecter (Samsung présente ses réfrigérateurs).

La question : la connectivité pourquoi ? Et comment traiter la masse de données ? En cela l’Intelligence Artificielle offre la solution. Du reste l’AI (pour Artificial Intelligence) c’est le « buzzword » de ce CES…le terme est placé partout… avec des applications pratiques pas toujours identifiées.

L’arrivée de la 5G va aussi permettre d’étendre le domaine des possibles : la 5G c’est 20 fois la vitesse de la 4G !

Google en pleine offensive pour imposer son assistant

Pour le grand public, l’intelligence artificielle c’est l’assistant digital Siri (Apple), Alexa (gros succès d’Amazon) ou Google Assistant.

Pour le coup Google « met le paquet » en media sur le CES2018 avec des affiches géantes, des messages en continu diffusés dans le monorail, des stands partout…la guerre des « digital assistants » ne fait que commencer !

L’électronique grand public est toujours là (après tout c’est le consumer electronics show)

Les Coréens ont des stands incroyables, qu’il s’agisse de Samsung (un quasi terrain de foot), ou de LG avec des écrans géants d’OLED de toute forme et un tunnel bluffant !

Et au chapitre des loisirs, l’OTT (over the top) est en explosion : la livraison de contenu directement par internet. Avec le succès de Netflix, la guerre est déclarée dans ce domaine et ils sont nombreux à aiguiser leurs offres.

Les Chinois à l’offensive

Le CES 2018 accueillait 1500 exposants chinois (les américains en alignaient 1600 !). Les grands sont présents (Alibaba, Baidu, Huawei, ZTE) avec des stands impressionnants…accompagnés d’une armée de fabricants de gadgets et de sourceurs. Et les chinois innovent et séduisent : le « Tesla chinois » Byton fait le plein autour de sa voiture électrique/intelligente.

Les modes tournent

Les drones et robots (physiques) ne tiennent plus forcément la vedette…et les casques de VR reprennent leur place…au rayon des innovations d’hier, confrontées à une demande moindre que ce qui était envisagé, les casques sont toujours là mais moins présents

L’espace startups est immense

900 startups dont 275 françaises (289 US). Une bonne image pour l’entrepreneuriat français (alors que la Consumer Technology Association ne classe pas la France parmi les 18 pays les plus propices à l’innovation !)

« Et en même temps » un petit doute sur la pertinence de la présence de ces slips qui protègent les testicules des ondes (même si je ne suis pas spécialiste) … Le pavillon français mériterait peut être de miser aussi sur la qualité ! Et à la question posée à une startup dans laquelle nous sommes indirectement investis pourquoi le CES ? Une réponse claire : pour la pub en France et pour « networker » avec de grands groupes qui nous écoutent ici et ne nous répondent pas en France…Concret et efficace !

Conclusion

La révolution des usages est en cours et ce CES en offre de multiples témoignages criants ! La donnée et son traitement, la révolution automobile, la consommation de loisirs numériques en pleine mutation… sont autant de tendances longues à intégrer dans les réflexions d’investissement. A nous de savoir déceler gagnants et perdants dans un univers non dénué de pièges. A noter : le monde de l’innovation est résolument international, et les acteurs français, petits ou gros, y ont leur place ! A Vegas comme dans la Tech, le jeu de cartes est constamment rebattu !

Les points positifs :

- Le meilleur (ou presque) de la Tech mondiale en un seul lieu

- L’endroit pour faire des annonces d’ampleur quand on est dans l’innovation

- Des keynotes (Intel) et stands (LG) bluffants !

- Retrouver de vieux camarades de promo, des amis américains, des assets français (pas si nombreux…) avec de la lumière plein les yeux !

Les points négatifs :

- C’est trop grand, encombré… Des files d’attente monstre tout le temps, et des français qui grugent quasi systématiquement (gênant !)

- Le Wifi faiblard, un comble pour le plus grand salon Tech du Monde !

- 2 heures de panne d’électricité dans un des principaux halls…Un peu la honte quand même…

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Stéphane Toullieux est le Président d'Athymis Gestion. Stéphane a près  de 25 ans d’expérience dans la Finance dont 13 années au sein de Financière de l’Echiquier dont il a été Directeur Général. Il a contribué à faire de cette société une des principales sociétés de gestion de portefeuille indépendantes à Paris. Stéphane a participé aux programmes Value Investing et DSI de la Columbia Business School ainsi qu’au programme PEVC 2015 de la Harvard Business School. Passionné d’entrepreneuriat et de nouvelles technologies, Stéphane Toullieux est notamment Mentor du Startup Leadership Program et présent au conseil de plusieurs Startups. « Le Monde est un livre, et ceux qui ne voyagent pas n’en lisent qu’une page » - Saint Augustin. Stéphane a voyagé dans 35 pays sur 5 continents. Il est diplômé de l’Edhec option Finance.  

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