Le datacenter modulaire est-il idéal ?

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Par Christophe Weiss Publié le 25 mai 2015 à 5h00
Datacenters France Stockage Donnees Entreprises
137On comptait 137 datacenters en France l'an dernier.

La construction de datacenters modulaires répond à la demande de rationalisation des coûts d’exploitation tout en améliorant les niveaux de service. Pour autant, ce n’est pas une solution universelle, adaptée à tous les cas de figure. Sur quels critères appuyer son choix ?

La modularité, une tendance globale

La recherche d’une plus grande modularité des datacenters n’est pas récente mais elle semble aujourd'hui s'accélérer, principalement pour rationaliser les coûts d’investissement et d’exploitation des surfaces créées ou disponibles. Ainsi, outre le montant de l’investissement initial pour construire un datacenter, les entreprises anticipent désormais les frais inhérents à leur exploitation. Et ce pour plusieurs raisons. Avec l’augmentation des tarifs de l’énergie, elles ont pleinement conscience qu’un datacenter surdimensionné engendre des coûts plus importants, in fine. En parallèle, du fait de la conjoncture économique, de l’évolution rapide des technologies proposées par les constructeurs informatiques et des nouvelles solutions mises sur le marché par les éditeurs, certaines sociétés ont une visibilité moindre sur l’évolution de leur activité : les montées en charge deviennent plus difficiles à anticiper, en volume comme en temps.

Quand elles ne décident pas de faire héberger leur système d’information chez un tiers, avec un paiement à l’usage, les entreprises sont de plus en plus sensibles à l’idée de disposer de datacenters capables de s’adapter à l’évolution de leurs besoins, au fur et à mesure.

Datacenter modulaire : une solution séduisante…

Plusieurs solutions existent pour répondre à cette demande. La première d’entre elle est le datacenter en béton conçu de manière modulaire. A la différence d’un datacenter classique, il est constitué de plusieurs alvéoles indépendantes les unes des autres. L’ensemble du gros œuvre, ainsi qu’une partie du second œuvre (en particulier les gaines techniques destinées à accueillir les différents fluides) sont réalisés dès la construction. Chaque alvéole est équipée (électricité, climatisation, câblages…) et mise en production lorsque la précédente arrive à un certain taux de charge, sans aucune incidence sur les locaux déjà en exploitation.

Outre le fait que cette conception offre un meilleur rendement à moindre coût énergétique, elle est conseillée pour les entreprises qui ont des exigences fortes en termes de sécurité et de qualité de service rendu : chaque alvéole bénéficie d’une protection individuelle renforcée, et des systèmes de redondance peuvent être mis en place d’une alvéole à l’autre.

Autre solution envisageable : les datacenters modulaires préfabriqués (de type containers ou en parois assemblables). Rapides à mettre en œuvre, mais moins sécurisés, ils sont particulièrement adaptés à des usages temporaires : déport des équipements IT à l’occasion de travaux sur un site, absorption d’une montée en puissance soudaine, écrêtage d'activité ou encore go-to-market rapide. Ils sont souvent privilégiés par les opérateurs de téléphonie ou certaines entreprises industrielles.

… mais pas universelle

Toutefois, si la modularité est séduisante à de nombreux égards, elle n’est pas la solution adéquate dans un certain nombre de cas de figure… Ainsi, sauf à disposer de locaux ou d’entrepôts de taille suffisante, il peut être difficile d’intégrer un datacenter modulaire préfabriqué, ainsi que ses installations techniques associées, dans un bâtiment existant. De la même façon, une entreprise prévoyant une montée en charge de la puissance IT à 80% en moins de deux ans n’aura pas particulièrement intérêt à choisir du modulaire en container, plus onéreux en investissement. Enfin, la sécurité et le niveau de service sont à prendre en compte : ainsi, une entreprise cherchant à atteindre un niveau Tier 3 ou Tier 4 ne pourra valablement pas s'orienter vers une solution modulaire "légère" mais devra privilégier le béton et des compartimentages sécurisés, tout en recherchant une conception éco-efficiente et flexible.

A l’inverse, et dès lors que l’entreprise n’a pas de fortes exigences en terme de niveaux de service (quand un Tier 2 est suffisant), ou que la pérennité de la réalisation n'est pas recherchée sur une longue durée, il est possible de s’orienter vers une solution meilleure marché, modulaire ou non. On le voit, il n’existe pas de modèle unique. Un datacenter doit répondre avant tout aux contraintes et objectifs business à moyen et long termes de l’entreprise. Pour faire le bon choix, la flexibilité des solutions ainsi que les coûts d'investissement et d'exploitation sont des critères primordiaux. Mais faire l’impasse sur les niveaux de service et de sécurité attendus, et les besoins de montée en charge spécifiques à chaque entreprise, serait une erreur.

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Directeur général d'APLDiplômé des Arts & Métiers (ENSAM) et titulaire de l'Executive MBA CPA HEC, Christophe Weiss rejoint APL en 1986. Il y a successivement occupé les postes d'Ingénieur chargé de projets, puis de Directeur Technique, et enfin, depuis 2006, de Directeur Général.Issu de l'ingénierie industrielle, Christophe Weiss s'est spécialisé dans la continuité de service, la fiabilité des infrastructures techniques et l'optimisation énergétique des datacenters. Sa connaissance du marché et de l'ensemble du cycle de vie des datacenters, couplée à une veille technologique permanente, font de lui un des experts les plus reconnus et consultés en France. Christophe Weiss participe à de nombreuses conférences sur l'état de l'art et les évolutions des datacenters et de leurs infrastructures techniques.

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