La Syrie attend sereinement… la 17e série de sanctions économiques

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Par Fabrice Balanche Modifié le 28 juin 2012 à 3h11

Le 25 juin dernier, les ambassadeurs des pays membres de l’Union Européenne se sont mis d’accord sur une seizième série de sanctions contre le régime de Bachar el Assad, espérant ainsi amener le régime à une transition politique.

Certes l’économie syrienne tourne au ralenti, la livre syrienne a perdu 50% de sa valeur et de nombreux secteurs sont sinistrés comme le tourisme. Cependant force est de constater que le pays n’est pas dans une situation désespérée, aucune crise alimentaire n’est signalée et le pays ne connais pas de pénurie majeure, en dehors du gaz domestique. Les difficultés de l’économie syrienne et de sa population sont davantage liées à l’insécurité qui règne dans le pays depuis 16 mois qu’en raison des différentes séries de sanctions économiques.

La Syrie contourne les sanctions par l’intermédiaire de ses voisins. L’Irak a ouvert son marché aux produits syriens sans taxe ni contrôle de qualité comme c’était le cas avant la crise pour soutenir l’économie syrienne. Le commerce avec le Liban, pays de tous les trafics, est florissant. La Turquie et la Jordanie, pays pourtant hostiles à la Syrie, ont maintenu leurs relations économiques avec la Syrie comme si de rien n’était. La Turquie a menacé la Syrie de ne plus lui fournir d’électricité après qu’un avion militaire turc ait été abattu par la DCA syrienne le 22 juin dernier, cela signifie que, malgré ses discours incendiaires contre le régime de Bachar el Assad, la Turquie d’Erdogan a continué ses exportations d’électricité vers son voisin du sud.

Grâce à l’électricité turque, la Syrie a pu économiser le fuel destiné à ses centrales et le réserver pour l’armée. Les sanctions économiques de l’Union Européenne, des Etats Unis ou des pétromonarchies du Golfe n’inquiètent pas la Syrie car elles sont facilement contournées, y compris par des pays membres de l’OTAN comme la Turquie. Alors que toutes les compagnies aériennes de l’Union Européenne ont interrompus leurs vols vers Damas, la Turkish Airlines continue de desservir la capitale syrienne, avec des tarifs prohibitifs puisqu’elle se retrouve en quasi situation de monopole entre les pays occidentaux et la Syrie.

L’Alliance Atlantique n’est plus en mesure d’imposer sa loi au reste du monde. La Russie, la Chine et autres pays émergents profitent au contraire de ces sanctions pour s’emparer d’un nouveau marché.

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Maître de conférences à l’Université Lyon 2 et directeur du Groupe de Recherches et d’Etudes sur la Méditerranée et le Moyen-Orient (GREMMO) à la Maison de l’Orient et de la Méditerranée (MSH MOM).

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