Tourisme : entre couvre-feu et liberté de mouvement, les offres s’adaptent ?

Jean Marc Lazard
Par Jean-Marc Lazard Publié le 9 novembre 2020 à 6h09
Tourisme France Pertes Coronavirus 2
8%Le tourisme représente environ 8% du PIB de la France.

Entre les restrictions sanitaires strictes et plus récemment la mise en place du couvre-feu, le tourisme est en berne. La pandémie aura des conséquences économiques non négligeables sur de nombreuses grandes villes. Comment les mesures adoptées aujourd'hui redessineront-elles le tourisme de demain ?

La confiance au coeur de la reprise du tourisme

De nos jours, les voyageurs ont pris l’habitude d’organiser leurs séjours de manière parfaitement autonome. Rares sont ceux qui sortent de chez eux pour consulter une agence de voyages. La compétition est de plus en plus accrue et capter l’attention des voyageurs nécessite une approche novatrice. La crise actuelle renforce le besoin de réactivité des acteurs du tourisme. Ils doivent mettre leurs offres à jour en temps réel et communiquer à propos de leurs conditions d’accès et du respect des règles sanitaires. C’est d’ailleurs la démarche entreprise par les groupes Accor[1]et Sodexo[2] qui ont commencé à communiquer très rapidement sur leurs différentes prises d’initiatives en matière de sécurité sanitaire.

Dans ce contexte, de plus en plus d’acteurs du secteur touristique s’engagent dans une démarche d’open data. Les acteurs du tourisme ont bien compris que la confiance est le ressort principal qui favorisera une reprise rapide du tourisme. Pour susciter cette confiance, il ne suffit plus d’initier des démarches ponctuelles. Les entreprises doivent s’engager sur le long terme et promouvoir leurs projets sociétaux et environnementaux. En ouvrant leurs données, les acteurs touristiques font gage de transparence et améliorent considérablement leur image de marque.

L’ouverture des données : un engagement local

On assiste aujourd’hui au passage d’une approche de tourisme de masse consistant à augmenter les capacités des infrastructures à une logique de limitation et de temps réel. L’offre touristique est en train d’évoluer pour devenir plus ciblée et plus qualitative.

C’est la raison pour laquelle l’engagement dans une démarche proactive d’open data ne peut se faire uniquement sur le plan national, mais également local. Les régions sont, pour la plupart, engagées dans une démarche d’ouverture et de partage de données. Elles sont aujourd’hui presque toutes équipées d’une infrastructure numérique. La priorité doit donc être donnée à l’open data à l’échelle régionale, voire départementale. Des expérimentations sont actuellement menées dans la métropole de Chambéry. Cette dernière a pour volonté de faire de la donnée un levier d’innovation et d’attractivité du territoire[3]. La région assure ainsi l’ouverture et le partage des données nécessaires à l’information du voyageur. Notre époque est marquée par un retour au local, et cette tendance n’échappe pas à l’open data.

La nécessaire acculturation de la data

L’open data représente “les coulisses” du territoire et la donnée y est mise à jour de manière agile. Elle permet non seulement aux acteurs du tourisme d’actualiser leur offre “historique”, mais aussi de se renouveler. En effet, les données ouvertes peuvent servir de fondations à de nouveaux produits digitaux destinés à améliorer l’expérience des touristes. Un exemple : il est possible de digitaliser le parcours d’un voyageur en lui proposant des cartes interactives qui incluent les activités incontournables liées à ses centres d’intérêt. Les bénéfices de telles initiatives ? La différenciation et l’acquisition de nouveaux clients.

Ces données sont également précieuses dans une optique démographique : elles permettent de comprendre qui sont les voyageurs qui viennent sur le territoire et donc de se préparer et d’anticiper certaines décisions. Ainsi, lorsqu’une ville accueille un événement comme le Tour de France, étudier ce type de données en amont lui permet d’anticiper l’affluence et d’élaborer une stratégie.

Ce n’est pas encore un réflexe d’exploiter la richesse de la donnée, mais il devient plus que nécessaire d’entrer dans une démarche proactive et de se servir de ces dernières pour mieux s’organiser. De plus, en mettant à disposition une partie de leur contenu à des tiers, ces derniers peuvent participer au développement de nouvelles offres. Une collaboration entre différentes parties prenantes peut éventuellement déboucher sur un nouveau modèle économique. Le champ de créativité est infini.

Le défi inhérent aux acteurs du tourisme consiste à développer une véritable culture de la donnée. La transformation numérique du secteur touristique nécessite une circulation accrue des données et la création d’une démarche open data globale qui suscite la confiance de chacun.

[1] https://all.accor.com/event/information.fr.shtml

[2] https://fr.sodexo.com/qui-sommes-nous/des-services-responsables/notre-culture-sante-securite-au/nos-actions-pour-limiter-limpact.html

[3] https://donnees.grandchambery.fr/pages/page_accueil/

Jean Marc Lazard

 CEO d’Opendatasoft

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