Un tournant pour l’Opéra de Paris : nouveau directeur et nouvel opéra

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Par Philippe Herlin Modifié le 1 octobre 2018 à 7h25
Opera Bon Plan Paris France
91%L'Opéra de Paris a un taux de remplissage de 91%.

L’actuel directeur de l’Opéra de Paris ne sera pas prolongé au-delà de 2021 comme il l’espérait, son successeur devrait être nommé prochainement. Dans le même temps, l’institution créait un nouvel opéra, Bérénice, que faut-il en penser ?

Stéphane Lissner ne sera pas prolongé au-delà de 2021

On l’a appris ces jours-ci, l’actuel directeur de l’Opéra de Paris, Stéphane Lissner, ne sera pas prolongé au-delà de 2021, alors que son bilan s’avère clairement positif. Beaucoup y ont vu la main de Sylvain Fort, le directeur de la communication du Président de la république, et accessoirement mélomane, qui s’était par le passé opposé à lui à travers plusieurs articles. Il faut dire que son ancien site, Forum Opéra, a annoncé le 5 septembre la nouvelle en exclusivité, ce qui n’a pas manqué d’interpeller Le Monde, avant de rajouter, suite à cet article du quotidien, la mention "selon La Lettre de l'Expansion" pour ne plus apparaître comme la première source chronologique... Bref, avec un taux de remplissage de 91% et un taux de ressources propres de 53%, en nette progression (44,8% en 2010), selon le dernier rapport d’activité, Stéphane Lissner affiche des résultats enviables. Mais le couperet est tout de même tombé. Son successeur devrait être nommé cette année ou au début de l’année prochaine car, dans le domaine de l’opéra, les saisons se préparent trois ans à l’avance.

Pour les créations, l'Opéra de Paris n'a jamais retrouvé sa réussite du mandat de Hugues Gall (1995-2004)

L’un des événements de la saison est la création mondiale de Bérénice de Michael Jarrell (du 29 septembre au 17 octobre). La commande d’un nouvel opéra constitue un acte fort, une vraie prise de risque, mais nécessaire parce qu’il faut enrichir le répertoire et ne pas simplement se reposer sur les grands classiques. Mais force est de constater que l’Opéra de Paris n’a jamais su retrouver la réussite du mandat de Hugues Gall (1995-2004) qui avait connu trois succès incontestables avec Salammbô de Philippe Fénelon, Perela de Pascal Dusapin et K… de Philippe Manoury, joués à l’époque à Bastille et repris l’année suivant leur création avec, encore, un vrai succès public. Désormais les créations ont lieu à Garnier, où la jauge est plus petite, et elles ne sont pas reprises. Trompe-la-mort de Luca Francesconi l’année dernière n’avait vraiment pas convaincu, avec son esthétique pointilliste et austère. Il y a du mieux cette année avec Bérénice, d’après la pièce de Racine, et mis en musique par le compositeur suisse Michael Jarrell. Mais l’écriture manque d’imagination, les voix constamment tendues et le refus de toute sensualité finissent par lasser… Pourquoi ne pas solliciter les compositeurs suscités, ou faire confiance à des talents plus jeunes comme Martin Matalon, Thierry Escaich ou Karol Beffa ? Stéphane Lissner, associé depuis toujours à la chapelle Pierre Boulez, semble ne jurer que par une esthétique très référencée, froide et abstraite, conservatrice en fait ; qu’il élargisse son champ de vision !

Des affiches exceptionnelles à venir

Ceci dit, dans la suite de la saison, il y aura des affiches exceptionnelles, nous en avons déjà parlé dans Les bons plans pour aller à l’opéra et au concert sans se ruiner. Les Huguenots de Meyerbeer (du 28 septembre au 24 octobre) sont rarement donnés, ils furent pourtant l’un des opéras phares du XIXe siècle et du début du XXe avant de tomber dans un relatif oubli. Une distribution de haut niveau devrait assurer le succès de cette résurrection. Plus tard, toujours parmi les nouvelles productions, on ne manquera pas Simon Boccanegra de Verdi, Il Primo Omicidio de Scarlatti, Les Troyens de Berlioz, Lady Macbeth de Chostakovitch et Don Giovanni de Mozart. Sans oublier les reprises, Tristan et Isolde avec les vidéos de Bill Viola, Otello et Carmen avec Roberto Alagna, etc. A découvrir sur le site de l’Opéra de Paris.

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Philippe Herlin est économiste, Docteur en économie du Conservatoire National des Arts et Métiers, il a publié plusieurs ouvrages chez Eyrolles et rédige des chroniques hebdomadaires pour Goldbroker. Il écrit tous les vendredis un article sur l'art et la culture vus à travers l'économie, et intervient ponctuellement sur d'autres sujets. Son site : philippeherlin.com.

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