Lorsque le rugby français la joue comme Beckham

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Par Gilles Sengès Modifié le 4 février 2013 à 1h27

Les noms de Bryan Habana, Jonathan Sexton ou Morné Steyn sont moins connus du grand public, dans l’Hexagone, que celui de David Beckham, la dernière recrue du club de football du Paris Saint-Germain, mais leur transfert prochain dans le Top 14, le championnat de France de rugby, est proportionnellement tout aussi spectaculaire. D’autant que si l’arrivée au PSG de la star britannique du ballon rond est l’arbre qui cache la forêt d’un football français contraint d’exporter ses meilleurs éléments pour réduire le déficit de ses comptes, l’heure est plus que jamais aux largesses dans le monde de l’ovalie.

Si l’heure des transferts ne doit pas sonner, officiellement, avant le 20 avril, les annonces se multiplient, en effet, ces dernières semaines, du côté des clubs du Top 14. Le RC Toulon accueillera ainsi, la saison prochaine, Bryan Habana, la star du rugby sud-africain, un ailier, adulé dans son pays à qui il a apporté un titre de champion du monde en 2007. Il retrouvera son compatriote John Smit, autre international, dans ce qui est désormais baptisé le « PSG du rugby ». Il sera appelé à affronter sur les terrains de France et de Navarre d’autres nouveaux venus comme l’ouvreur Morné Steyn, un Sud-Africain comme lui qui portera le maillot du Stade Français, ou Jonathan Sexton, numéro 10 de l’équipe d’Irlande, qui vient de signer au Racing Metro, moyennant un salaire annuel de 750.000 euros contre les 300.000 euros que lui offre aujourd’hui son club du Leinster.

Certes, ces sommes n’ont rien à voir avec les rémunérations offertes aux stars de la Ligue 1 et avec la situation du football professionnel français qui a enregistré, l’an dernier, un bond de 65 % de son déficit net à 107 millions pour un chiffre d’affaires de 1,34 milliard d’euros (+8,5 %). Mais, toute proportion gardée, la dérive est bel et bien là. Alors même que la bataille des transferts ne faisait que commencer, les clubs du Top 14 et de Pro D2 accusaient déjà, lors de la saison 2010-2011, une perte opérationnelle cumulée de 32, 9 millions, en hausse de 4 %, et un déficit net de 16 millions pour un produit d’exploitation de 327 millions d’euros en progression de 5 %.

Et si le Stade Toulousain peut historiquement compter sur des partenaires solides pour boucler son budget, le premier du championnat avec 35 millions d’euros, le sort du RC Toulon (25 millions), du Stade Français (22,8 millions) ou du Racing Metro (21,7 millions) dépend surtout de généreux mécènes qui n’ont pas les reins et les poches aussi larges que les émirs du Qatar prêts à mettre de 150 millions à 200 millions d’euros l’an pour faire, à tout prix, du PSG un grand du football européen. Le monde français de l’ovalie risque de payer cher, un jour, ses rêves de grandeur.

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Ancien rédacteur en chef des Échos, Gilles Sengès a été correspondant en Grande-Bretagne, aux États-Unis et en Espagne.

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