« Si on ne nous entend pas, il faudra dire que la France n'applique plus cette directive » a déclaré Manuel Valls, Premier ministre, sur TF1, dans l'émission «Vie politique». Il est vent debout contre le dispositif des travailleurs détachés. De quoi s’agit-il, et pourquoi cette colère ?
Une concurrence déloyale, mais légale
La France veut à tout prix limiter la "concurrence déloyale" des travailleurs détachés en Europe. Ces derniers, souvent originaires des pays d’Europe centrale ou du sud coûtent moins cher aux employeurs français que des travailleurs locaux. Et le problème, c’est qu’ils sont de plus en plus nombreux dans l’Hexagone !
Ils sont désormais 286 000 à travailler en France, soit une hausse de 20 % par rapport à l’an dernier. Ces travailleurs originaires de l'Union européenne sont payés comme des salariés français, mais ils cotisent dans leur pays d'origine, ce qui les rend moins chers pour l'employeur. Ils sont surtout originaires de Pologne, du Portugal, d'Espagne et de Roumanie.
Des "ravages" dans le monde ouvrier
Donc cela crée du dumping social, au grand dam de Manuel Valls. Voilà pourquoi il a menacé que la France n’applique plus la directive européenne sur les travailleurs détachés, si elle n'obtient pas gain de cause à Bruxelles sur sa demande d'un alignement « par le haut » des cotisations sociales versées. « C'est une directive qui date de 1996. Le gouvernement français cherche aujourd'hui à convaincre -et beaucoup de pays sont d'accord avec lui- qu'il faut changer, qu'il doit y avoir une égalité de traitement, par le haut, pour lutter contre le dumping social, qu'on doit payer les cotisations sociales les plus élevées (...) ».
D’après le chef du gouvernement, ce dispositif fait « des ravages majeurs, terribles, dans le monde des salariés, le monde ouvrier ».
La commission européenne a présenté en mars un projet législatif, soutenu par la France mais aussi l'Allemagne, l'Autriche, la Belgique, le Luxembourg, la Suède et les Pays-Bas, qui prévoit d'aligner les régimes des travailleurs détachés sur ceux des travailleurs locaux. Le projet prévoit également de limiter à deux ans les missions des travailleurs détachés.
Malgré tout, les travailleurs détachés continueront d'être assujettis au système de Sécurité sociale de leur pays d'origine. Or c'est justement là que « se niche le dumping social légal » d’après l'eurodéputé PS Guillaume Balas.