TER trop larges : un scandale peut un cacher un autre

Photo Jean Baptiste Giraud
Par Jean-Baptiste Giraud Modifié le 23 mai 2014 à 5h53

Mercredi 22 mai, les médias français et étrangers s'en sont donnés à coeur joie dans une opération de "SNCF bashing" mémorable, suscitée par un article du Canard Enchaîné. L'histoire ? Les nouvelles rames TER commandées par la SNCF et financées par les régions sont trop larges pour 1200 à 1500 quais de gare, qu'il va falloir "raboter". "Consternant et stupide" comme le déclare Ségolène Royal ? Avant de traverser les voies, il faut toujours regarder des deux côtés...

Reprenons : sur certaines lignes TER, notamment en Ile-de-France mais pas seulement, les trains sont bondés aux heures de pointe et les passagers voyagent debout, serrés comme des sardines. Qui plus est, comme le train est bondé, les opérations de montée et descente des passagers sont plus longues. Vu ainsi, on est tenté de se dire qu'il suffit de rajouter un train pour résoudre le problème. Sauf que ce n'est pas aussi simple ! Rajouter un train, c'est trouver un créneau horaire pour le faufiler entre les autres. C'est ensuite mobiliser une motrice et des wagons supplémentaires, ainsi qu'un conducteur. Tout cela pour une fois le matin, une fois le soir ? Qui plus est, quand le train est parti dans un sens, il faut le faire revenir dans l'autre. Et encore faut il que ce train, motrice, wagon et chauffeur, soient disponibles....

Bref, on l'aura compris, accueillir plus de passagers aux heures de pointe n'est pas simple comme "il suffit de rajouter un train". Cela, les élus dans les régions qui financent les TER et les chargés du trafic régional à la SNCF l'ont bien compris, et c'est ce qui les a motivés à commander de nouvelles rames TER pour remplacer les rames existantes, vieillissantes. De nouvelles rames plus grosses, pour accueillir plus de passagers.

Qui imagine une seule seconde que lors du choix des nouvelles rames, personne ne s'est inquiété qu'elles passent dans les gares ? Ce serait prendre les cadres de la SNCF pour des billes. Je sais bien pour en avoir parlé à l'époque sur BFM où j'étais chroniqueur que des astronomes ont réussi à envoyer une sonde, Marc Climate Orbiter, s'écraser sur la planète rouge, parce que les mesures injectées dans son ordinateur de bord étaient formulées en miles (1852 mètres), quand le logiciel s'attendait à des mètres, mais enfin quand même. Là, que le train soit plus gros, c'est marqué sur le bon de commande, et à la SNCF, on sait depuis le début que ça ne passera pas et qu'il faudra faire des travaux.

Non, si j'ai titré "un scandale peut en cacher un autre", c'est que l'emballement médiatique du mercredi 22 mai est significatif du fonctionnement de notre métier. Quel est le vrai "scandale" si l'on peut s'exprimer ainsi, en restant modéré et objectif ? Que RFF, qui gère le réseau ferré et les gares, et la SNCF, qui gère les trains, se soient... Lire la suite de l'article ici.

Photo Jean Baptiste Giraud

Jean-Baptiste Giraud est le fondateur et directeur de la rédaction d'Economie Matin.  Jean-Baptiste Giraud a commencé sa carrière comme journaliste reporter à Radio France, puis a passé neuf ans à BFM comme reporter, matinalier, chroniqueur et intervieweur. En parallèle, il était également journaliste pour TF1, où il réalisait des reportages et des programmes courts diffusés en prime-time.  En 2004, il fonde Economie Matin, qui devient le premier hebdomadaire économique français. Celui-ci atteint une diffusion de 600.000 exemplaires (OJD) en juin 2006. Un fonds economique espagnol prendra le contrôle de l'hebdomadaire en 2007. Après avoir créé dans la foulée plusieurs entreprises (Versailles Events, Versailles+, Les Editions Digitales), Jean-Baptiste Giraud a participé en 2010/2011 au lancement du pure player Atlantico, dont il est resté rédacteur en chef pendant un an. En 2012, soliicité par un investisseur pour créer un pure-player économique,  il décide de relancer EconomieMatin sur Internet  avec les investisseurs historiques du premier tour de Economie Matin, version papier.  Éditorialiste économique sur Sud Radio de 2016 à 2018, Il a également présenté le « Mag de l’Eco » sur RTL de 2016 à 2019, et « Questions au saut du lit » toujours sur RTL, jusqu’en septembre 2021.  Jean-Baptiste Giraud est également l'auteur de nombreux ouvrages, dont « Dernière crise avant l’Apocalypse », paru chez Ring en 2021, mais aussi de "Combien ça coute, combien ça rapporte" (Eyrolles), "Les grands esprits ont toujours tort", "Pourquoi les rayures ont-elles des zèbres", "Pourquoi les bois ont-ils des cerfs", "Histoires bêtes" (Editions du Moment) ou encore du " Guide des bécébranchés" (L'Archipel).

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