L’Assemblée examine le budget 2015 : il va falloir faire plus que 21 milliards d’économies…

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 14 octobre 2014 à 6h48

C'est le jour J pour le Budget 2015 : l'Assemblée Nationale va examiner à partir de ce mardi 14 octobre 2014 le Budget 2015 qui a fait tant de bruit. Critiqué de toutes parts et basé sur une prévision de croissance jugée « élevée » par de nombreux économistes, il est également dans le collimateur de Bruxelles où le nouveau Commissaire Européen aux Affaires Economiques Pierre Moscovici, ancien locataire de Bercy, l'attend de pied ferme.

21 milliards d'euros d'économies au programme

Présenté presque comme révolutionnaire si ce n'est comme la solution à la crise par le gouvernement, le Budget 2015 prévoit des économies de près de 21 milliards d'euros grappillées à droite à gauche : dans la branche famille de la Sécurité Sociale, sur les impôts, en augmentant le Diesel...

21 milliards d'économies c'est beaucoup sur le papier, mais en réalité ce n'est qu'une façade. Le gouvernement ne va que dépenser un peu moins que cette année 2014 et le déficit public ne le sentira pas passer. De 4,4% de déficit en 2014, la prévision table sur 4,3% de déficit en 2015.

Bruxelles, pourtant, s'attendait à mieux. Le gouvernement devait, en 2015, réussir à porter son déficit sous la barre des 3% comme prévu par le pacte de stabilité européen. Un objectif qui ne sera de toute évidence pas atteint, de l'aveu même de la France. Le pays ne devrait avoir un déficit de 3% qu'en 2017... et encore, dans le meilleur des cas.

Bruxelles va demander plus d'économies... et la majorité risque d'éclater

Bruxelles a été claire avec le gouvernement : s'il ne tient pas ses engagements elle pourrait sévir et notamment sanctionner. Une amende pouvant atteindre 4 milliards d'euros que Pierre Moscovici pourrait infliger à ses anciens collègues de Bercy.

A moins que Bruxelles ne décide de demander à Paris de trouver encore quelques milliards d'euros d'économies. 8 ou 10 milliards feraient l'affaire, mais c'est une éventualité que le gouvernement a déjà écartée. D'autant plus qu'il ne saurait pas où chercher.

Et que les tensions, au sein de la majorité, sont déjà fortes. Le volet « écologie » ne plaît pas aux écologistes, la branche famille de la Sécu est rognée de toutes parts et les patrons semblent de plus en plus dicter la politique du gouvernement, entre baisse des cotisations et attaques massives contre les 35 heures et l'assurance chômage.

Certaines des mesures prévues dans le Budget 2015 ne seront même pas votées par la majorité mardi 14 octobre 2014 à l'Assemblée, car certains députés veulent revenir en arrière, notamment sur les économies réalisées dans la branche famille de la Sécu.

Alors le gouvernement se retrouve avec d'un côté un Budget serré mal aimé par la gauche et par la droite, et d'un autre côté Bruxelles, prête à le renvoyer en arrière et à demander encore plus d'efforts et d'austérité à la France. Et ce dès mercredi 15 octobre 2014, date à laquelle le Budget 2015, encore à l'Assemblée, arrivera sur les bureaux de la Commission Européenne.

Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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