Crise de la dette : un dernier coup d’assommoir pour la route (1/2)

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Par Charles Sannat Modifié le 31 juillet 2012 à 13h51

Voici le dernier numéro estival. Nous aurons le plaisir de vous retrouver dès le 1er septembre. Si, pendant le mois d’août l’actualité devenait brûlante nous reviendrions pour vous donner notre éclairage et notre analyse de la situation et j’ai comme la très désagréable impression que cela va, hélas, être le cas si nos grands argentiers n’arrivent pas à se mettre d’accord dans les jours qui viennent sur les actions « concrètes » promises par tous ces 45 derniers jours.

C’est d’ailleurs toujours cette même idée, du « cette fois-ci c’est différent, promis, on va faire quelque chose d’efficace » qui domine l’actualité du jour.

Zone euro : Geithner et Schäuble optimistes, les marchés rebondissent.

Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, et le secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner, se sont rencontrés à Sylt, une île allemande de la mer du Nord, hier, lundi 30 juillet 2012.

La main sur le cœur, ils ont exprimé lundi « leur confiance dans les efforts engagés par les Etats membres pour se réformer et avancer vers une plus grande intégration ». Voilà donc une nouvelle belle rencontre qui pour le moment n’a abouti à rien. Encore une fois strictement rien à part le fait de nous dire leur « confiance » dans la capacité du Titanic européen, qui a heurté l’iceberg depuis bien longtemps, à ne pas couler.

Vers une intervention du FESF.

En réalité, ce que tout le monde espère c’est une intervention directe et rapide du FESF, qui achèterait de la dette espagnole et italienne afin de détendre les taux d’emprunt.

Pourquoi pas. Mais dès lors plusieurs questions vont se poser. Les deux principales sont les suivantes et vont d’ailleurs de pair.

La première : le FESF dispose de 700 milliards d’euros théoriques devant être versés par les pays membres de l’eurozone.

Après ces 700 milliards (tout en sachant que la majeure partie n’a pas été versée et que ce qui a été donné a déjà été dépensé pour la Grèce), que fera-t-on ?

Car si cela paraît beaucoup, ce n’est rien en réalité !

Pour mettre les choses en perspective, le PIB de la zone euro est d’environ 12 000 milliards d’euros. Donc ce fonds représente moins de 6 % d’une année de PIB pour la zone euro alors que les dettes s’élèvent à plusieurs centaines de pourcent de ce même PIB. Petite précision: c’est le MES qui disposera en théorie de 700 milliards. Le FESF, lui, n’a que 200 milliards d’euros dans les poches, mais soyons optimistes et prenons le cas le plus favorable, puisqu’à terme le MES remplacera le FESF dès 2013… Enfin si on arrive…

La deuxième question est : jusqu’où un fonds comme le FESF va-t-il pouvoir aller ? Ce qui revient à savoir jusqu’où les pays membres du FESF vont-ils aller ? Quand est-ce qu’ils arrêteront de payer ? Dès lors, que se passera-t-il ? Un retour à la case crise.

Le chef de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, a déclaré au Figaro: « Nous sommes arrivés à un point crucial », assurant que le fonds de secours européen, le FESF, agirait avec la BCE. Pour lui, « Il faut une décision politique des 17 avant une intervention du FESF mais, si la pression est là, on agira dans des délais plus brefs ».

Je comprends dans tout cela que le FESF va intervenir comme nos autorités s’étaient engagées à le faire lors du sommet de la dernière chance du 28 juin, en s’abstenant bien de le faire justement ! Mais la cacophonie continue. Le secrétaire général du Trésor espagnol, Inigo Fernandez de Mesa, a déclaré que « l’Espagne ne demandera pas au fonds de sauvetage européen qu’il achète de la dette »… Il arrive un moment ou ça devient compliqué.

Cette confusion qui continue risque de se terminer par un énorme fracas car il ne faut pas non plus oublier que la solution de la monétisation (car in fine c’est de cela qu’il s’agit) se heurte toujours à un non catégorique de la part de la Bundesbank (la banque centrale allemande), d’une partie des responsables politiques du pays, sans oublier certains pays comme les Pays-Bas ou la Finlande qui sont carrément "vent debout".

La Bourse de Paris poursuit son rebond et se veut confiante :

Pendant ce temps la Bourse de Paris a terminé la séance lundi sur une belle hausse de 1,24 % après une séance euphorique à plus de 4% la semaine dernière, voilà un marché qui vient de prendre presque 10 % de hausse.

La situation est parfaitement résumée par Yves Marçais, de Global Equities. « Toutes les déclarations des hommes politiques vont dans le même sens. Cela suffit pour redonner confiance au marché qui veut croire à une perspective de fin de crise ».

Je n’aime pas le terme « croire » dans une analyse de situation économique. Je réserve ce mot à mes convictions personnelles et religieuses. Croire ne signifie rien, et vouloir croire est encore pire. Mais, oui, les marchés veulent « croire à une perspective de fin de crise ». Crise qui dure depuis 5 ans de façon aiguë mais depuis 1975 de façon larvée. Comment voulez-vous imaginer une solution de sortie de crise à court terme ? C’est IMPOSSIBLE.

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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