L’exposition aux pesticides dans les fleurs coupées représente un danger pour les fleuristes encore peu étudié. Alors que des cas alarmants émergent, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) se lance dans une enquête approfondie.
Pesticides et fleuristes : une étude pour protéger la santé des professionnels

Le 20 janvier 2025, l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a annoncé le lancement d'une étude inédite sur l'exposition des fleuristes aux pesticides. Cette décision, qui intervient après la reconnaissance d'un lien entre l'exposition professionnelle et des maladies graves, marque un tournant pour une profession souvent oubliée dans les débats sanitaires.
Une étude motivée par des drames humains
L'initiative de l'Anses trouve ses racines dans des faits bouleversants. Laure Marivain, ancienne fleuriste, a perdu sa fille Emmy, âgée de 11 ans, d'une leucémie en mars 2022. Les experts ont établi un lien direct entre la maladie d'Emmy et les pesticides manipulés par sa mère pendant sa grossesse. En 2023, cette reconnaissance a été qualifiée de première en France par le Fonds d'indemnisation des victimes de pesticides.
Face à ce constat, la pression exercée par des associations comme Robin des Bois et par des familles endeuillées a poussé les autorités sanitaires et les ministères de l'Agriculture et du Travail à confier cette mission à l'Anses.
Comment les fleuristes sont-ils exposés ?
La filière florale, forte de ses 30 000 professionnels en France, repose largement sur l'importation de fleurs provenant de pays comme le Kenya ou l'Équateur. Ces produits, souvent imprégnés de résidus de pesticides interdits dans l'Union européenne, constituent un danger pour les artisans fleuristes.
Les substances chimiques présentes sur les végétaux pénètrent dans l'organisme par contact cutané ou par inhalation. Une étude de 2019 avait révélé la présence de plus de 100 pesticides différents dans les bouquets vendus en France, dont certains particulièrement toxiques. Ce constat soulève des inquiétudes majeures quant à la santé des professionnels du secteur.
Les risques sanitaires en question
L'exposition prolongée aux pesticides, comme chacun le sait, peut entraîner des pathologies graves : cancers, troubles hormonaux, maladies respiratoires et neurologiques. Les femmes enceintes travaillant dans cette industrie sont particulièrement vulnérables, leurs enfants risquant des complications prénatales.
Ces dangers, bien que connus depuis plusieurs années, ont longtemps été minimisés, laissant les fleuristes dans une zone d'ombre réglementaire.
Objectifs et perspectives de l'étude
L'enquête menée par l'Anses s'étendra sur deux ans et se déroulera en trois phases principales :
- Collecte des données scientifiques existantes : cette étape permettra de dresser un état des lieux des connaissances actuelles.
- Analyse sur le terrain : des protocoles rigoureux seront mis en place pour évaluer les niveaux d'exposition des travailleurs.
- Recommandations sanitaires : les résultats seront utilisés pour renforcer la réglementation et proposer des mesures de prévention adaptées.
Le but ultime est de fournir des solutions concrètes pour protéger la santé des fleuristes tout en sensibilisant l'opinion publique.
Une étude, mais pas une révolution immédiate
Bien que cette initiative soit saluée, elle ne fait pas l'unanimité. Laure Marivain, consultée par France Info, a exprimé son scepticisme quant à l'impact immédiat de l'étude. Selon elle, l'État aurait dû agir dès 2017, date à laquelle les premiers signaux d'alerte ont été émis. « Si l'on attend deux ans, combien de professionnels tomberont encore malades ? », s'interroge-t-elle.
L'étude de l'Anses pourrait ouvrir la voie à une réforme nécessaire dans la filière horticole, en mettant en avant l'urgence d'une production florale plus respectueuse de la santé et de l'environnement.