Pétrole : l’OPEP l’assure, la consommation va augmenter

Malgré les appels à la sobriété énergétique et les objectifs climatiques, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) maintient une ligne claire : la planète consommera toujours plus de pétrole. Une projection assumée qui s’oppose frontalement aux scénarios de décarbonation.

Paolo Garoscio
By Paolo Garoscio Published on 11 juillet 2025 5h57
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petrole-essence-pays-20240525 - © Economie Matin
68,88 DOLLARSLe prix d'un baril de BRent affiche 68,88 dollar le 11 juillet 2025.

Pétrole : la demande atteindra 123 millions de barils/jour en 2050

Le 10 juillet 2025, l’OPEP a publié son rapport annuel sur les perspectives pétrolières mondiales. À rebours des discours climatiques dominants, l’organisation y affirme que la demande de pétrole continuera de croître de manière constante jusqu’en 2050. Elle atteindrait alors 123 millions de barils par jour (mb/j), contre 103,7 mb/j en 2024, soit une hausse de 18,6 %. « Il n'y a aucun pic de demande de pétrole en vue », a déclaré Haitham Al Ghais, secrétaire général de l’OPEP cité par BFMTV.

Cette prévision fait figure d’exception dans un paysage d’analyses largement orientées vers un plafonnement, voire un déclin de la consommation d’or noir. Mais pour l’OPEP, les besoins énergétiques liés au développement économique et démographique mondial continueront d’alimenter la croissance de la consommation.

De plus en plus d’énergie sera nécessaire pour faire tourner le monde

Derrière cette trajectoire ascendante, l’organisation pointe un faisceau de facteurs structurels. En premier lieu, la hausse démographique, notamment en Afrique et en Asie, où l’urbanisation rapide entraîne un doublement des besoins en transport, en construction et en accès à l’énergie.

Deuxième levier de cette croissance, l’essor de l’activité industrielle dans les pays émergents. L’OPEP anticipe une augmentation de 23 % de la consommation énergétique mondiale toutes sources confondues d’ici 2050. « Ces dernières années, il est devenu de plus en plus évident pour de nombreux décideurs politiques que le récit d'une élimination rapide du pétrole et du gaz était perçu pour ce qu'elle était : irréalisable et de l'ordre du fantasme », a également affirmé Haitham Al Ghais. L’organisation juge donc illusoires les hypothèses de basculement rapide vers une énergie totalement décarbonée. Elle insiste sur la lenteur des mutations technologiques et l’ampleur des besoins à satisfaire, en particulier dans les zones actuellement sous-équipées.

OPEP : plus de pétrole nécessitera plus de raffinage

Pour accompagner cette consommation accrue, l’OPEP met en avant un autre impératif : accroître massivement les capacités de raffinage. Selon ses projections, le monde devra disposer d’ici 2050 d’environ 121,3 millions de barils/jour de capacité de raffinage, contre 101,8 mb/j en 2024. Comprenez : les major du pétrole vont devoir construire de nouvelles usines et raffineries, ou a minima augmenter la cadence de production.

Face à cette vision volontariste du futur pétrolier, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) reste prudente. Dans son rapport World Energy Outlook 2023, elle estimait que la consommation mondiale atteindrait un pic aux alentours de 2029, pour ensuite décroître lentement si les politiques climatiques étaient pleinement appliquées.

Le scénario central de l’AIE, fondé sur les politiques déjà engagées (scénario STEPS), prévoyait une stabilisation de la demande autour de 90 mb/j en 2050. Une estimation de baisse de la consommation mondiale qui tranche nettement avec les 123 mb/j anticipés par l’OPEP. La divergence traduit deux conceptions radicalement opposées de la transition énergétique. Là où l’OPEP défend une adaptation progressive sans rupture et tente surtout de défendre son business, l’AIE mise sur des inflexions volontaristes, appuyées par les réglementations climatiques, l’innovation technologique et le développement massif des énergies alternatives.

L’OPEP maintient sa ligne : le pétrole restera au cœur du système énergétique mondial pour les 25 prochaines années. Chiffres à l’appui, elle affirme que ni la transition énergétique, ni les politiques climatiques, ni les évolutions technologiques ne suffiront à freiner la demande mondiale.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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