Avec la canicule qui sévit depuis le 25 juin 2025 sur une large partie de la France, la question du port du short au travail ressurgit comme chaque été. Tandis que les températures dépassent les 35 degrés à l’ombre dans plusieurs régions, nombreux sont les salariés tentés par une tenue plus adaptée au climat que le sempiternel pantalon de costume. Mais peut-on légalement troquer sa tenue habituelle contre un bermuda ? Et surtout, l’employeur peut-il l’interdire sans justification ? Voici ce que dit la loi, précisément, sans fioritures.
Peut-on porter un short au travail ? Ce que dit la loi

Le short au travail : une liberté… sous condition
Il n’existe aucun texte de loi qui interdise explicitement le port du short dans le cadre du travail. En théorie donc, rien ne s’y oppose. Mais en pratique, cette apparente liberté se heurte à un mur, celui de l’article L.1121-1 du Code du travail, qui permet à l’employeur de restreindre les libertés individuelles si cela est « justifié par la nature de la tâche à accomplir et proportionné au but recherché ».
Et la jurisprudence a tranché de manière catégorique. Dans un arrêt rendu le 28 mai 2003 (n° 02-40.273), la Cour de cassation a estimé que « la liberté de se vêtir à sa guise au temps et au lieu du travail n'entre pas dans la catégorie des libertés fondamentales ». Se présenter en short au bureau n’est pas un droit fondamental. L’entreprise peut donc restreindre cette pratique sans violer de grandes libertés constitutionnelles.
Quand l’employeur peut interdire le short (et vous sanctionner)
Dès lors, que peut faire l’employeur ? Beaucoup. Car s’il peut imposer une tenue, c’est à une condition précise, que cette obligation figure dans un règlement intérieur, une note de service ou un contrat de travail. Comme l’explique le site Juritravail, « À partir du moment où elles sont justifiées par la nature de la tâche à accomplir et proportionnées au but recherché, votre employeur peut vous imposer des contraintes vestimentaires et donc vous interdire de venir travailler en short ou en tongs. »
Cette interdiction peut être motivée :
- Par des raisons de sécurité, notamment dans les métiers du bâtiment ou de l’industrie où le port de vêtements couvrants est requis
- Par des exigences d’image, dans les secteurs en contact avec le public, comme la banque, le droit ou les services de luxe
- Par l’hygiène, dans les professions alimentaires ou hospitalières.
Et la sanction peut aller loin : avertissement, blâme, voire licenciement si le salarié persiste à ignorer la règle. C’est exactement ce qui est arrivé à un agent technique de la société Sagem, dont le contrat a été rompu après qu’il eut refusé de porter un pantalon exigé par le règlement intérieur.
Le short en entreprise : une question d'équilibre (et de climat)
Le droit du travail reconnaît cependant que l’interdiction du short ne doit pas être arbitraire. Si l’interdiction n’est ni formalisée, ni justifiée, elle devient abusive. Comme l’indique Ouest-France, « l’employeur ne peut pas interdire le port du short sans base légale ou réglementaire claire ». Cela signifie que sans texte écrit ou motif objectif, l’employeur n’a aucun droit de vous renvoyer chez vous à cause d’un bermuda.
En période de forte chaleur, certains employeurs assouplissent les règles en adoptant une approche pragmatique. D'autres s'entêtent dans des directives rigides, quitte à flirter avec le ridicule. Entre confort thermique et rigueur hiérarchique, il appartient à chacun de trouver un terrain d’entente.
Et dans les secteurs moins formalisés ? Si vous êtes salarié d’une petite structure sans règlement intérieur, tout dépendra du dialogue social et de la culture de l’entreprise. L’absence de texte formel ne signifie pas pour autant une liberté absolue. Le bon sens et la décence vestimentaire restent attendus.
