La protection sociale constitue un socle essentiel des politiques publiques en Europe, garantissant une prise en charge face aux risques majeurs que sont la vieillesse, la maladie, le chômage ou encore la pauvreté. Toutefois, les niveaux de dépenses alloués à ces prestations varient considérablement d’un pays à l’autre, reflétant des choix politiques, des modèles économiques et des traditions de financement spécifiques.
Protection sociale : quel pays européen dépense le plus ?

En 2023, la France se distingue comme l’un des pays les plus engagés en matière de protection sociale, tant en pourcentage du produit intérieur brut (PIB) qu’en montant alloué par habitant. Mais, sur ce dernier point, elle n’est pas la championne européenne.
La part du PIB consacrée à la protection sociale en Europe
Au sein de l’Union européenne (UE), les dépenses de protection sociale représentent en moyenne 26,6 % du PIB, selon les données publiées par la DREES (Direction de la Recherche, des Études, de l'Évaluation et des Statistiques) le 29 janvier 2025. Toutefois, cette moyenne masque d’importants écarts entre les États membres.
La France en tête du classement en part du PIB
Avec 31,5 % du PIB consacrés aux prestations sociales, la France se place en tête du classement, affirmant son modèle social fondé sur une forte redistribution et une couverture universelle des risques sociaux. Elle est suivie de près par :
- L’Autriche (29,7 %)
- La Belgique (29,3 %)
- Le Danemark (28,9 %)
- L’Allemagne (28,6 %)
Ces pays, historiquement ancrés dans des modèles sociaux protecteurs, affichent des niveaux d’intervention publique particulièrement élevés, notamment en matière de retraites et de santé.
Les pays où la protection sociale est plus restreinte en Europe
À l’opposé, certains États européens consacrent une part bien plus faible de leur richesse nationale à la protection sociale. Malte, avec seulement 13,2 % du PIB, ferme le classement. Ce faible niveau s’explique par une couverture sociale plus limitée et une forte dépendance aux initiatives privées.
D’autres pays d’Europe centrale et orientale affichent également des taux inférieurs à la moyenne européenne, notamment :
- La Roumanie (16,9 %)
- La Pologne (22,8 %)
Classement des pays européens en fonction des dépenses de protection sociale (% du PIB, 2023)
Pays | Dépenses de protection sociale (% du PIB) |
---|---|
France | 31,5 % |
Autriche | 29,7 % |
Belgique | 29,3 % |
Danemark | 28,9 % |
Allemagne | 28,6 % |
Italie | 28,1 % |
Espagne | 25,3 % |
Portugal | 24,9 % |
Pologne | 22,8 % |
Roumanie | 16,9 % |
Malte | 13,2 % (le plus bas) |
Cette répartition met en évidence un clivage entre l’Europe occidentale et les pays d’Europe du Sud et de l’Est, où les systèmes sociaux sont souvent moins généreux et compensés par un recours accru aux assurances privées.
Protection sociale : combien dépensent les pays européens en euros ?
Si le poids des dépenses sociales par rapport au PIB est une mesure pertinente, l’analyse des dépenses par habitant en parité de pouvoir d’achat (PPA) offre une vision plus précise du soutien réel apporté aux citoyens.
Luxembourg, un cas exceptionnel
En 2023, le Luxembourg se distingue par un montant exceptionnellement élevé de 20 840 euros PPA par habitant. Cette somme s’explique en grande partie par le niveau très élevé de son PIB par habitant, qui entraîne mécaniquement une augmentation du montant des prestations.
La France parmi les pays les plus dépensiers
Derrière le Luxembourg, on retrouve des pays aux modèles sociaux bien établis, avec des dépenses particulièrement élevées :
- L’Autriche (13 840 € PPA)
- L’Allemagne (13 450 € PPA)
- Le Danemark (13 260 € PPA)
- La France (12 960 € PPA)
Ces montants, bien supérieurs à la moyenne européenne de 10 540 € PPA, traduisent un haut niveau de prestations couvrant une large gamme de risques sociaux.
Des disparités marquées en Europe centrale et orientale
À l’opposé, plusieurs pays affichent des niveaux de dépenses bien plus bas, révélant des différences de niveau de vie et de modèle social :
- Roumanie : 5 120 € PPA
- Bulgarie et Lettonie : moins de 5 000 € PPA
Classement des pays selon les dépenses de protection sociale par habitant (en euros PPA, 2023)
Pays | Dépenses sociales par habitant (€ PPA) |
---|---|
Luxembourg | 20 840 € |
Autriche | 13 840 € |
Allemagne | 13 450 € |
Danemark | 13 260 € |
France | 12 960 € |
Espagne | 10 630 € |
Italie | 10 540 € |
Portugal | 8 970 € |
Pologne | 7 890 € |
Roumanie | 5 120 € (le plus bas) |
Le cas français : Une protection sociale parmi les plus étendues d’Europe
La France se distingue par un niveau de dépenses exceptionnellement élevé en matière de protection sociale, à la fois en proportion du PIB et en montant par habitant. Cette situation s’explique par plusieurs facteurs :
- Un système de retraite généreux, représentant 51 % des dépenses sociales.
- Un modèle de santé très pris en charge par l’État, avec 31 % des dépenses sociales consacrées aux soins.
- Des allocations familiales et des prestations chômage conséquentes, témoignant d’une forte redistribution.
Le financement de ce modèle repose largement sur les cotisations sociales, bien que les contributions publiques aient augmenté ces dernières années (notamment via la CSG) afin d’atténuer le poids des prélèvements sur les entreprises et les salariés.
Protection sociale : pas tous les Européens sont logés à la même enseigne
L’analyse des dépenses de protection sociale en Europe met en lumière des écarts considérables entre les pays. La France se distingue par un engagement fort en faveur de la redistribution et de la solidarité, avec des dépenses particulièrement élevées. Les pays nordiques et d’Europe de l’Ouest affichent également des niveaux de protection élevés, tandis que l’Europe centrale et orientale présente des systèmes plus restreints, souvent compensés par un recours accru aux assurances privées.
Ce classement illustre deux grandes philosophies en matière de protection sociale :
- Les systèmes universels fortement étatisés, financés par une forte pression fiscale et des cotisations sociales élevées.
- Les modèles fondés sur un équilibre entre financements publics et assurances privées, privilégiant une approche plus ciblée.
Dans un contexte de vieillissement démographique et de tensions budgétaires, la soutenabilité des modèles les plus généreux reste une question centrale pour les années à venir. Comme le prouvent, d’ailleurs, les discussions autour du Budget 2025 en France, et la très critiquée réforme des retraites.