Le 28 avril 2025 pourrait marquer une date stratégique pour Dassault Aviation. Selon plusieurs médias, dont BFMTV, l’Inde envisagerait de commander 40 avions de combat Rafale supplémentaires. Un projet d’accord intergouvernemental est en discussion, visant à renforcer la flotte de l’armée de l’air indienne, déjà équipée depuis 2016 de 36 unités de cet appareil devenu symbole de la supériorité aéronautique française. Alors, simple effet d’annonce ou véritable avancée ? Le dossier mérite qu’on s’y attarde.
Rafale : l’Inde prête à signer un contrat historique de 40 avions avec la France

Rafale : le fleuron français prêt à séduire encore l'Inde
Le Rafale, appareil multi-rôle conçu par Dassault Aviation, pourrait bien décrocher un nouveau succès majeur. Selon les révélations de BFMTV, la presse indienne évoque un contrat portant sur l'achat de 40 unités, potentiellement scellé entre Paris et New Delhi d'ici la fin du mois. Une signature serait même prévue précisément pour le 28 avril 2025, d'après Economic Times.
Le constructeur français, fidèle à sa stratégie de communication ciselée, se garde bien de tout commentaire officiel. Mais Eric Trappier, PDG de Dassault Aviation, avait subtilement préparé le terrain en déclarant lors de la présentation des résultats annuels : « Dans le cadre de futures commandes importantes d'avions de combat, il faudra être capable de faire l'assemblage final localement en Inde ». Une déclaration qui ne doit rien au hasard, tant l’initiative "Make in India" portée par Narendra Modi exige désormais des transferts technologiques massifs. Dassault Aviation, qui avait déjà noué un partenariat industriel via DRAL (Dassault Reliance Aerospace Limited) pour la production de pièces de Rafale et de Falcon 2000, pourrait ainsi renforcer considérablement sa présence industrielle sur le territoire indien.
Inde : un partenaire historique pour le Rafale, mais à quel prix ?
L'attachement de l'Inde aux avions français ne date pas d'hier. Depuis 1953, date à laquelle New Delhi avait acquis 113 Ouragan, la collaboration n'a cessé de s'approfondir : Mystère IV A en 1957, Alizée en 1961, Jaguar en 1979, Mirage 2000 en 1982, et enfin Rafale en 2016. Ce lien commercial est loin d'être anodin. Entre 2020 et 2024, l'Inde a représenté 28 % des exportations d'armement françaises, selon les données du Stockholm International Peace Research Institute.
Ce partenariat stratégique, encadré depuis 1998 par un accord de défense bilatéral, précise sur BFMTV que « la France est l'un des partenaires clés de l'Inde dans ses efforts pour constituer une base industrielle et technologique de défense autosuffisante ». Mais dans les travées de Dassault, on reste lucide. La tentation est grande pour New Delhi de jouer la concurrence pour obtenir de meilleures conditions. Car en parallèle, l'Inde relance son colossal programme MRFA (Multi-Role Fighter Aircraft) visant à doter son armée de 114 nouveaux avions. Et cette fois, le Rafale devra croiser le fer avec le Gripen (Saab), l'Eurofighter, le F/A-18 Super Hornet, le F-15EX de Boeing, ou encore le F-21 de Lockheed Martin.
Rafale contre F-35 : une lutte sans merci sur tous les fronts
Pendant que Dassault Aviation peaufine son opération séduction en Asie, la bataille est plus rude sur le vieux continent. En Europe, les échos ne sont pas aussi favorables. La Belgique, malgré les tensions diplomatiques provoquées par Donald Trump, a récemment confirmé sa préférence pour l'acquisition de chasseurs américains F-35, au détriment du Rafale français.
Interrogé sur ce choix controversé, Bart De Wever, Premier ministre belge, a précisé dans Capital : « Comme nous avons déjà acheté 34 F-35, il faudra que ce soient à nouveau des F-35 ». Et d’ajouter avec un brin d’ironie : « Ce n’est pas parce que M. Trump pense qu’il peut mener une guerre contre tout le monde qu’il peut en un coup faire disparaître la globalisation de l’économie ». La défaite commerciale en Belgique, en pleine guerre tarifaire transatlantique, prouve que l'aura du Rafale ne suffit pas toujours à triompher des logiques d'alliances militaires et économiques, notamment sous l'influence de l'OTAN.
L'Inde, ultime rempart pour le Rafale ?
Face à la montée en puissance irrésistible du F-35 américain, Dassault Aviation doit absolument capitaliser sur son ancrage en Inde. Au-delà du volume de la commande, 40 avions de combat, soit plusieurs milliards d’euros, c’est tout un pan de la crédibilité française à l’international qui se joue ici. Un échec à New Delhi serait plus qu’un revers, ce serait une claque symbolique qui remettrait en cause la stratégie d’exportation française fondée sur l'indépendance technologique et la haute qualité industrielle.
À l’inverse, une réussite conforterait non seulement le Rafale dans son rôle d’ambassadeur du savoir-faire français, mais ouvrirait aussi de nouvelles perspectives de coopération industrielle avancée dans un marché indien avide d'autonomie stratégique.
