Le RCS (Rich Communication Services) s’impose désormais en France comme le protocole dominant, reléguant le SMS au rang de relique. Ce bouleversement technologique ne concerne plus une poignée de technophiles, plus de la moitié des smartphones en circulation sont compatibles avec le RCS. Et cette mutation n’est qu’à ses débuts.
RCS : la fin programmée du SMS en France, 60 % des smartphones déjà compatibles

RCS : une domination qui s’installe à marche forcée
On croyait le SMS increvable. Il aura pourtant suffi de quelques trimestres pour que le RCS – ce protocole porté à bout de bras par Google devienne la norme. Selon le rapport publié par l’AF2M (Association française pour le développement des services et usages multimédias multi-opérateurs), « en France, 60 % du parc de smartphones est désormais compatible RCS », peut-on lire sur Frandroid.
C’est plus qu’un seuil symbolique : c’est un basculement. Entre octobre 2024 et février 2025, le nombre de smartphones compatibles est passé de 28,3 à 38,1 millions d’appareils. Une croissance de 35 % en six mois – une accélération rare dans le monde des télécoms. En d'autres termes, près de 10 millions d’utilisateurs supplémentaires ont migré vers ce protocole en moins de 200 jours. La dynamique est si forte que l’AF2M anticipe « une compatibilité à 85 % d’ici fin 2025 ». À ce rythme, le SMS pourrait être réduit à l’état de protocole d’urgence ou d’archaïsme administratif.
Le soutien inattendu d’Apple et l’effet boule de neige sur le marché
Longtemps rétif, Apple a finalement cédé. Depuis iOS 18, disponible depuis septembre 2024, les iPhone prennent en charge le RCS. Ce revirement stratégique, longtemps attendu, souvent moqué, a levé le dernier verrou. Désormais, les quatre grands opérateurs français (Orange, Bouygues Telecom, Free et SFR) ont activé la compatibilité RCS pour les appareils Apple. Les conséquences sont immédiates. « On constate par ailleurs une accélération de l’adoption du RCS par les marques depuis que la disponibilité du RCS sur iOS est effective chez les 4 opérateurs », peut-on lire sur Frandroid. Ce changement technologique n’est pas une simple mise à jour : c’est une réécriture de l’expérience utilisateur.
Avec cette compatibilité élargie, les applications natives comme Google Messages, Samsung Messages ou Apple Messages deviennent de véritables messageries modernes. Fini les MMS compressés à l’extrême, les messages en rafales pour une seule photo, les pertes de signal d’émission. Le RCS permet le partage HD, les accusés de réception, les réactions aux messages, les discussions de groupe fluides et même le chiffrement de bout en bout. Autrement dit : tout ce que le SMS ne faisait pas, et que WhatsApp faisait déjà, mais sans l’universalité du réseau natif.
Campagnes commerciales et explosion des usages professionnels
Le RCS ne séduit pas seulement les utilisateurs. Il transforme aussi la communication des marques. Selon l’AF2M, « entre mars 2024 et février 2025, 267 marques ont lancé des campagnes RCS », soit une hausse de 55 % par rapport à l’année précédente. Les enseignes issues du retail, des services et de l’automobile constituent la majorité des adopteurs.
Cette adoption est favorisée par le RCS Business Messaging (RBM), qui permet aux marques d’envoyer des messages interactifs : profils vérifiés, boutons de réponse rapide, carrousels de produits, géolocalisation, supports multimédias, etc. Autant de fonctionnalités qui transforment un simple message en une mini-application conversationnelle. Avec l’arrivée du RCS sur iOS et la généralisation de sa prise en charge par les opérateurs français, les campagnes marketing trouvent enfin un canal universel, sécurisé et engageant. Le SMS, trop limité, n’était plus à la hauteur des attentes. Le RCS, lui, coche toutes les cases.
Sécurité, interopérabilité, richesse fonctionnelle : le trio gagnant
Au-delà des chiffres et des effets d’annonce, c’est la qualité d’usage qui justifie l’enthousiasme des professionnels comme des utilisateurs. Le chiffrement de bout en bout garantit une confidentialité enfin digne du XXIe siècle. L’interopérabilité avec les services tiers permet de quitter les écosystèmes fermés.
Et les fonctionnalités multimédias redonnent à la messagerie sa place de canal principal, à égalité, voire au-dessus, des plateformes comme WhatsApp ou Telegram. Pour Google, c’est une revanche contre Apple. Pour les utilisateurs, c’est une délivrance. Pour les opérateurs, c’est une bouée de sauvetage face à l’érosion des revenus SMS. Pour les marques, c’est un champ de communication plus moderne. Quant au SMS ? Il subsiste, comme témoin d’une époque où 160 caractères suffisaient à faire passer un message.
